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Citations sur Mai en automne (32)

Au début de années cinquante, sur les côtes du Cotentin, vivaient à la lisière d'un bois, dans une sombre maison délabrée, une femme et son enfant. Jamais personne ne leur rendait visite. La mère, jeune et déjà fanée, se déplaçait, vaquait à ses tâches avec lenteur et, quelle que fut son occupation, semblait toujours rôder au lieu d'imprimer à sa démarche la sobriété des gestes utiles. Son épaisse chevelure à l'abandon, qui autrefois donnait de l'éclat à un visage trop neutre à force de délicatesse, n'accusait plus que des traits émaciés. On ne l'avait jamais vu s'inquiéter de quiconque, s'attarder à une conversation, et ce détachement, ajouté à la négligence de son allure, suscitait de longue date la méfiance des villageois.
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Depuis, elle se dépensait sans compter dans l'art de faire l'amour, ce qui, paraît-il, retiendrait les hommes. Une technicienne n'étant pas forcément une magicienne, elle n'en retenait aucun.
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Devenue adulte, Hélène ne conservait de son enfance et de son adolescence que des impressions indifférenciées, une abstraction remplie d'actes à accomplir qui devaient inévitablement la préparer à cette métamorphose que représentait l'état de grande personne. Lorsque son père lui présenta le procureur, elle n'avait ressenti aucune révolte, juste un imperceptible mouvement de recul. L'intuition et quelques lectures illicites l'avaient initiée aux réalités amoureuses mais il ne lui vint pas à l'idée qu'elle pouvait les appliquer à ce fiancé sévère, embarrassé quand il s'agissait de savoir s'il devait marcher devant ou derrière elle. Son instinct lui disait qu'elle serait gagnante. Sa nuit de noces fut décisive. Sous le coup de la frayeur, voyant son mari battre en retraite, elle sut qu'elle ne redouterait jamais plus personne. Elle ne songea pas être mal tombée ou qu'il manquait de confiance, elle venait seulement de découvrir l'art imparable de l'intimidation.
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Écrire reste pour moi ce qu'il y a de plus efficace contre cet opiniâtre processus de désintégration qu'est la vie. Le soir, je ramasse les morceaux de l'existence et les recolle en noircissant du papier.
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Voilà, pensa-t-il, non sans amertume, ce qu'il y a de terrible avec nous autres, c'est que même la tragédie n'est pas une valeur sûre.
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Le fourgon funéraire déboucha sans tarder à l'angle de la ferme. Deux hommes à la mine composée en sortirent. Après un bref échange, la fermière les dirigea vers la chambre mortuaire où Camille avait veillé toute la nuit. Assoupi sur une chaise, il sursauta à leur entrée. La fermière avait revêtu Marie de la robe blanche, lavée et repassée, qu'elle portait le jour de sa mort. Elle avait natté et coiffé en couronne sa chevelure. Paupières closes, les mains jointes sur sa poitrine, elle semblait retenir contre son cœur un ultime secret. Camille, le visage crispé par des sanglots contenus, la contempla une dernière fois avant de quitter la pièce. Sur un signe, les deux employés procédèrent à la mise en bière. Il soulevèrent avec des gestes précautionneux le corps dont les bras retombèrent à demi. Alors, la fermière remarqua un anneau d'or à l'annulaire de sa main gauche. Camille n'avait pu résister à la tentation de ces fiançailles d'outre-tombe. Elle ne ressentait rien à ce moment. L'intensité de son chagrin paralysait ses émotions. Elle vérifia que la tête reposait bien sur le coussin, lissa l'étoffe de sa robe, lui prit la main et la baisa. Les deux hommes laissèrent passer quelques secondes puis recouvrirent la dépouille du linceul. La fermière sortit précipitamment pour ne pas voir Marie disparaitre à jamais.
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Le plaisir, cette exigence de nourrisson, je l'avais toujours tenu à distance et je crois que, dans mes colères, j'ai du cracher dans mon berceau. Je me méfiais de la langueur qui nous escamote pour nous livrer sans défense aux éléments. Elle ne pourra jamais être autre chose qu'un acompte. Contre cette balayure d'étoiles que sont les plaisirs sensuels, j'aurais voulu porter le soleil en moi. A quoi celui-ci ressemble, je ne le saurai jamais, j'ai perdu la foi. Je ne ferai plus l'amour, d'ailleurs je ne le faisais pas : je couvais une idée.
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Depuis, elle se dépensait sans compter dans l'art de faire l'amour, ce qui, paraît-il, retiendrait les hommes. Une technicienne n'étant pas forcément une magicienne, elle n'en retenait aucun.
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C'est à ce moment qu'il l'avait rencontrée. Les premiers mois, sa futilité l'avait ravi, tant elle acquiesçait à son rêve d'une féminité qui échappât aux disgrâces de l'humanité. Sa mère dont le front se plissait et les mains noueuses s'agitaient à la moindre explication, l'avait détourné des raisonneuses.
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Aux environs de sa treizième année, la littérature occupa la quasi-totalité des loisirs de Marianne, non sans susciter chez elle une légère perplexité car il fallait que le monde sonnât bien creux pour que des êtres prissent la plume afin de la refaçonner au moyen des mots
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