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EAN : 9782843046278
283 pages
Zulma (16/01/2014)
3.43/5   122 notes
Résumé :
Tout commence avec l'innocente Marie Granville, servante d'une riche ferme du Cotentin. L'admirable portrait de cette ingénue ouvre un roman gigogne qui se déploie de chapitre en chapitre. C'est ainsi qu'on découvre les Vuillard et les Lamaury, le procureur Darban, l'avocat Laribière et ses réceptions tristes sous l'Occupation. Au gré des folies de l'adolescence, du jeu sans fin des fiançailles, des petits et grands désastres du mariage bourgeois, on ressortboulever... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 122 notes
« Mai en automne » est le legs que nous a confié Chantal Creusot (1947-2009) juste avant son décès. Un livre unique, l'oeuvre d'une vie, faisant vibrer par-delà la mort un peu de la voix mélodieuse d'une artiste qui, en regard de ce superbe premier et seul roman, aurait certainement pu nous offrir d'autres belles découvertes si le destin, la fatalité ou quel que soit le nom des mystères régissant les destinées humaines, n'en avaient décidé autrement, donnant à ce roman valeur testamentaire.
De cette fiction offerte en héritage, Chantal Creusot fait sourdre les passions et les désirs, les espoirs et les désillusions, les unions et les filiations, les trahisons, les deuils, les bonheurs et les drames d'une petite ville du Cotentin à l'aube des années 1940 et jusqu'à la fin des années 1950.
Sur près de 20 ans, les vies de nombreux protagonistes vont se faire et se défaire, s'accorder, se nouer, se dépendre ou s'unir, dessinant une géographie de l'intime en même temps qu'une fresque provinciale pleine de finesse et de sensibilité.

Telle une tisseuse à son métier, Chantal Creusot entrelace en un délicat travail d'aiguille les fils d'une dizaine de destinées issues de diverses couches sociétales ; tirant un fil ici, le coupant là, le nouant d'un côté, le sectionnant de l'autre, elle dévide ses multiples histoires de famille comme autant de fibres entrelacées, pour offrir une broderie aux points de croix d'une exquise délicatesse où l'amour, ce sentiment ardent et universel, apparaît en motif central, avec son lot de joies et de douleurs, d'attentes et de déceptions.

De la servante à la fermière, de l'avocat au médecin, de la libraire à la femme de procureur…les portraits, façonnés avec une minutie de peintre pointilliste et une empathie attentive nous saisissent et nous touchent car Chantal Creusot aime ses personnages. Ils sont pourtant nombreux mais le lecteur s'attache à chacun d'eux car les sentiments qui affleurent chez eux sont empreints d'émotion juste et le talent de l'auteur est tel que jamais on ne se sent perdu tout au long de ces histoires individuelles qui s'écoulent avec la fluidité et la pureté d'une eau vive.
De l'étrange et éthérée Marie à la nonchalante Solange, de la délurée et torturée Marianne à l'indépendante Madame Darban, de la famille du chef de clinique Vuillard à celle de l'avocat Laribière…les âmes de cette petite ville de la côte normande, vivent, meurent, s'aiment, se marient, enfantent, pleurent, espèrent, regrettent, s'interrogent et tentent de trouver un sens à leur vie tandis qu'irrémédiablement, les vents de l'existence les emportent comme autant de feuilles automnales au gré des époques et des courants.
Le style sensible et nostalgique de l'auteur oscille entre une narration réaliste quasi naturaliste et une grâce toute musicale, entre l'acuité subtile avec laquelle les personnages sont perçus et la poésie avec laquelle ils sont peints. Ce bercement, cette impulsion de balancier alliée au velouté du phrasé donnent à l'oeuvre une respiration et un mouvement très séduisants, qui enjôlent et qui charment comme le frémissement délicat des feuilles chutant doucement et glissant sur le sol.

On a dit qu'il y avait une aura de Flaubert et de Chabrol dans « Mai en automne ». C'est certainement très vrai dans la manière très perspicace d'esquisser les drames, les arrangements, les désenchantements, la rigidité affichée d'un monde provincial vivant sur la pointe des pieds.
Nous serions aussi tenté d'ajouter qu'iI y a comme une petite musique Tchekhovienne dans cet enchâssement de destinées aux diverses positions hiérarchiques et générationnelles, cette petite musique douce qui joue sans exagération ni emphase.
Un peu comme dans « La Cerisaie », l'une des pièces majeures d'Anton Tchekhov, les personnages - parents, enfants, notables, paysans - révèlent la fin d'un monde ou d'une époque, un temps suranné qui n'est pas loin de s'éteindre, et leurs vies intimes se font l'écho de quelque chose de plus vaste, de plus métaphysique et universel : la fresque sociale éclot ainsi sur l'individu et vice-versa dans un mouvement constant de l'un vers l'autre.

Comme « La Cerisaie », « Mai en automne » reflète tout ce qui meurt et tout ce qui renaît, tout ce qui palpite et qui vit, tout ce qui s'étiole et s'éteint, le révolu faisant place au présent qui s'inscrira lui-même dans un passé en perpétuant le cycle des saisons de l'avenir. Tout s'en va et tout se perd et cependant tout recommence. Joies, peines, amours, espoirs, désillusions, tout coule le long de la vie et finit par mourir mais aussi par rejaillir dans un autre homme, une autre femme, une autre mère, un autre enfant ; tout se suit et se perpétue, les deuils et les douleurs tombant comme les feuilles mortes; les idylles, les unions et les naissances affleurant comme les bourgeons.
Quelque part et en chacun de nous, c'est toujours la fraîcheur du printemps, la mélancolie de l'automne… Mai en automne
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Unique roman de l'auteure, écrit à la fin de sa vie, il est marquant, superbement écrit et psychologiquement passionnant.

Pourtant, les personnages, surtout féminins ( les hommes semblent secondaires ou peu valorisés), ne sont pas d'emblée sympathiques. Mais leur complexité attire et retient. L'auteure dissèque admirablement leurs pensées.

Marie, en apparence simple d'esprit, toujours perdue dans un ailleurs, mais suscitant les convoitises. Marianne, passionnée, difficile, obsédée par son père. Lucile, qui renaîtra, alors qu'elle n'y croyait plus. Solange, dont un amour brisera la fragile beauté. Ces destins, ainsi que d'autres, se croiseront à plusieur reprises, dans ce milieu provincial du Cotentin, essentiellement après la seconde guerre mondiale.

le roman procède par bonds dans le temps, en arrière ou en avant, sans que cela soit perturbant car le puzzle s'assemble subtilement et donne un éclairage plus vif aux évènements. Il faut cependant rester attentif.

Voilà une oeuvre prenante, riche, aux êtres de désir et de feu ou d'eau troublante, qui emporte le lecteur. C'est un témoignage précieux, à travers tous les niveaux sociaux, d'un lieu et d'une époque. Je l'ai beaucoup aimée.
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Atypique est le mot qui me vient pour évoquer ce superbe roman signé Chantal Creusot. Mai en automne c'est avant tout la vie de quelques familles dans une petite ville de Normandie . Des familles de notables, médecin, avocat, procureur, des familles de fermiers, certains sont riches d'autres pauvres ou peu aisés mais tous vivent côte à côte. Ils se connaissent tous , leurs enfants se sont fréquentés, aimés , mariés, séparés et détestés. Un petit microcosme provincial, souvent étriqué où le regard du voisin se fait pesant et inquisiteur . Servie par une écriture ciselée , la narration se fait puzzle, passant d'un personnage à l'autre, d'une génération à l'autre au fur et à mesure le décor se met en place, chacun va se retrouver à sa place!
Quel dommage que Chantal Creusot se soit éteinte peu après la parution de ce premier roman ! Que vous soyez amateur de la littérature du 19 ème, de celle de l'entre -deux guerre ou d'ouvrage plus contemporain ce texte ne peut que vous plaire ! Atypique vous disais-je, atypique je confirme ....
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Dans un petit village du Cotentin, Marie fille de ferme taiseuse et simplette, élève seule son petit Eric, fruit d'une étreinte champêtre avec un soldat pendant la guerre. Non loin de là, dans une maisonnette plus confortable que sa simple masure, se terre Solange qui elle aussi élève seule son fils Julien. Retirée à la campagne, Solange rumine feu son amour pour Simon, un avocat tombé amoureux d'elle en regardant une photo que lui montrait sa soeur Michelle, une compagne de résistance. Elle reçoit peu, se laisse aller. Ses parents et ses beaux-parents tentent le dimanche de la sortir de sa léthargie et Marianne, son amie d'enfance passe de temps en temps, assagie depuis que son père est mourant, elle qui passait son temps à multiplier les frasques pour le défier. Dans la ville proche, leurs parents, notables bon teint, s'arrangent avec une vie plus conforme aux apparences qu'à leurs espérances. Lucile, la mère de Marianne, se fane dans un mariage malheureux pendant que son mari, condamné, n'a jamais oublié son amour pour Hélène, l'épouse du procureur, libre, libérée, jouisseuse assumée.


Les destins croisés de provinciaux issus de toutes les couches sociales, de l'avocat à la fille de ferme, du médecin à la libraire. Tous ont en commun de vivre dans une société corsetée par les convenances où les sentiments ont peu de place, on se fréquente et on se marie entre gens du même monde. L'amour existe bien sûr mais ceux qui se laissent guidés par lui s'exposent aux pires déconvenues, parce qu'il ne dure qu'un temps et laisse alors la place à l'amertume et à la frustration. En ces années d'après-guerre, la femme occupe encore une place secondaire. A la campagne, elle travaille bien sûr, mais en ville, dans la bourgeoisie bien installée, elle se morfond dans sa maison trop grande où elle ne sait que faire puisque les domestiques veillent à tout. Si les plus jeunes font des études, ce n'est que pour occuper une position subalterne, en attendant le bon parti qui fera d'elles des épouses accomplies. Celles qui sortent du carcan imposé sont montrées du doigt, détestées de leurs semblables.
Chroniques douces-amères et surannées d'un monde qui n'est plus, ce Mai en automne est une fresque sociale écrite de main de maître par une Chantal CREUSOT inspirée par les auteurs du passé. Psychologie des personnages finement analysée, désirs, déceptions, colères, frustrations disséquées presque cliniquement, peu d'action mais une pelote de destins, qui connaissent leur lot de drames, de passions, qui se déroule sur trois générations et laisse un goût amer pour ces êtres ballottés par leurs contradictions et leurs lâchetés. Un très grand roman.
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Une sorte de grâce dès les premières lignes, le sentiment rare que chaque mot est juste, ni précieux, ni fade et que les phrases, sans forcer, vont se dérouler avec limpidité. Cette écriture à l'élégance discrète s'accorde parfaitement à la grande sensibilité avec laquelle les personnages sont abordés.
Qu'ils soient notables, fermières ou servantes, Chantal Creusot considère ses personnages avec la même délicatesse, n'accordant à aucun un statut plus important, rétablissant par cette équité narrative une humanité salvatrice. Ce parti pris de l'absence de personnage principal peut surprendre voire déranger, j'y ai vu une grande générosité.
Plonger dans Mai en automne, c'est donc parcourir un magnifique roman fresque qui déploie ses personnages sur trois générations et entrecroise leurs histoires familiales dans la première moitié du XXème siècle.
Ce roman pourrait inspirer les cinéastes, du moins ceux qui considèrent que la vie des gens, même dans leur simplicité est un matériau suffisant. Imaginons un instant la caméra posée sur eux...
Nous sommes dans les années 30/40 sur les côtes du Cotentin. Premier tableau. le cadre : une belle maison, un parc avec tilleul et une allée de graviers, signes de l'appartenance bourgeoise de ses propriétaires. Lucile Vermont épouse Vuillard, pose un regard las sur cet intérieur familier qui témoigne de ses origines. Elle est d'humeur sombre comme toujours. Son mari, Pierre s'est isolé dans son bureau pour fuir cette femme qu'il n'aime plus mais qu'il ne quittera pas. Dans sa chambre, Marianne fomente un défi nouveau qui attirera sur elle l'attention de son père tant aimé.
Second tableau : une ferme plutôt prospère dirigée de main de maître par la veuve Laloy. Elle observe, perplexe, sa servante Marie, jeune femme énigmatique dont on ne sait si elle est sotte ou forte de son indifférence au monde.
Troisième tableau : chez les Laribière, Jacques se détourne de Madeleine, incapable de résister aux caprices de Simon, leur fils. Pourquoi cet enfant est-il si ombrageux alors même que sa mère semble d'humeur égale, d'une insouciance presque agaçante ? Pourquoi lui, l'avocat brillant s'est-il enlisé dans ce mariage ennuyeux ?
Quatrième tableau : Michelle Lamaury regarde avec indulgence sa soeur cadette Solange. Son indolence, son don pour la vie l'émeuvent alors qu'elle même n'offre aux autres qu'une image rigide, corsetée d'idéalisme.
Cinquième tableau : Hélène Darban pose un regard satisfait sur elle-même. Elle se sait belle et libre, mariée certes contre son gré mais ayant réussi à ériger le faux-semblant conjugal en une forme d'indépendance.
Voilà, éloignons-nous maintenant. Ils vont se croiser, se recevoir, s'apprécier plus ou moins, se reconnaître du même monde ou pas. Parfois, ils seront au service de, mais finiront par imposer doucement leur présence comme essentielle. Ils vont se fiancer et ces fiançailles de circonstance donneront trop souvent des mariages maussades, difficiles cependant à défaire dans cette province des années 40 encore lourde du poids des convenances. La guerre les marquera et pourtant, une génération succédera à une autre, riche (ou encombrée, c'est selon) de ses histoires héritées.
Ce livre aux tonalités balzaciennes, ce magnifique et unique roman de Chantal Creusot, nous offre avec délicatesse et émotion, une jolie leçon d'universalité.


Lien : http://leschroniquesdepetite..
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critiques presse (2)
Actualitte
22 avril 2014
L'ensemble est harmonieux, même si parfois, à certains moments du livre, le lecteur s'égare un peu dans le maillage des personnages et un vocabulaire parfois désuet, perd le fil (à ce propos et utile, une table des principaux personnages est ajoutée en fin d'ouvrage), mais perçoit peut être mieux alors le côté inextricable des relations humaines, toute leur complexité et leur mystère.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
22 janvier 2014
Derrière le classicisme élégant de l'écriture, ce roman découpe les passions au scalpel et montre les désastres du mensonge amoureux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Au début de années cinquante, sur les côtes du Cotentin, vivaient à la lisière d'un bois, dans une sombre maison délabrée, une femme et son enfant. Jamais personne ne leur rendait visite. La mère, jeune et déjà fanée, se déplaçait, vaquait à ses tâches avec lenteur et, quelle que fut son occupation, semblait toujours rôder au lieu d'imprimer à sa démarche la sobriété des gestes utiles. Son épaisse chevelure à l'abandon, qui autrefois donnait de l'éclat à un visage trop neutre à force de délicatesse, n'accusait plus que des traits émaciés. On ne l'avait jamais vu s'inquiéter de quiconque, s'attarder à une conversation, et ce détachement, ajouté à la négligence de son allure, suscitait de longue date la méfiance des villageois.
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Le fourgon funéraire déboucha sans tarder à l'angle de la ferme. Deux hommes à la mine composée en sortirent. Après un bref échange, la fermière les dirigea vers la chambre mortuaire où Camille avait veillé toute la nuit. Assoupi sur une chaise, il sursauta à leur entrée. La fermière avait revêtu Marie de la robe blanche, lavée et repassée, qu'elle portait le jour de sa mort. Elle avait natté et coiffé en couronne sa chevelure. Paupières closes, les mains jointes sur sa poitrine, elle semblait retenir contre son cœur un ultime secret. Camille, le visage crispé par des sanglots contenus, la contempla une dernière fois avant de quitter la pièce. Sur un signe, les deux employés procédèrent à la mise en bière. Il soulevèrent avec des gestes précautionneux le corps dont les bras retombèrent à demi. Alors, la fermière remarqua un anneau d'or à l'annulaire de sa main gauche. Camille n'avait pu résister à la tentation de ces fiançailles d'outre-tombe. Elle ne ressentait rien à ce moment. L'intensité de son chagrin paralysait ses émotions. Elle vérifia que la tête reposait bien sur le coussin, lissa l'étoffe de sa robe, lui prit la main et la baisa. Les deux hommes laissèrent passer quelques secondes puis recouvrirent la dépouille du linceul. La fermière sortit précipitamment pour ne pas voir Marie disparaitre à jamais.
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Devenue adulte, Hélène ne conservait de son enfance et de son adolescence que des impressions indifférenciées, une abstraction remplie d'actes à accomplir qui devaient inévitablement la préparer à cette métamorphose que représentait l'état de grande personne. Lorsque son père lui présenta le procureur, elle n'avait ressenti aucune révolte, juste un imperceptible mouvement de recul. L'intuition et quelques lectures illicites l'avaient initiée aux réalités amoureuses mais il ne lui vint pas à l'idée qu'elle pouvait les appliquer à ce fiancé sévère, embarrassé quand il s'agissait de savoir s'il devait marcher devant ou derrière elle. Son instinct lui disait qu'elle serait gagnante. Sa nuit de noces fut décisive. Sous le coup de la frayeur, voyant son mari battre en retraite, elle sut qu'elle ne redouterait jamais plus personne. Elle ne songea pas être mal tombée ou qu'il manquait de confiance, elle venait seulement de découvrir l'art imparable de l'intimidation.
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(Marianne)
...Bref répit pour son entourage, elle fut quelques années une enfant très sage chez qui la colère avait laissé place à la mélancolie, mais sa pugnacité endormie ne faisait qu’attendre pour se ranimer les temps propices de l’adolescence.
Un matin, après une nuit à se retourner dans son lit entre deux sommeils précaires, elle se réveilla humide.Du sang déjà caillé souillait ses draps, sa chemise . A l’affolement consterné succéda sa curiosité inquiète. Sa méfiance agressive en éveil, elle appela sa mère qui, embarrassée, lui murmura des paroles rassurantes :
- Ce n'est rien de grave, tu n’es pas malade, ne t’inquiète pas, cela se reproduira chaque mois, c’est signe que tu es désormais une jeune fille, je vais te donner une serviette pour te protéger.
Elle quitta la pièce et revint quelques minutes plus tard munie d'une garniture qu'elle tendit à sa fille.
-Tiens, maintenant prépare-toi pour le lycée, je vais nettoyer le lit.

Marianne, pétrifiée, finit par interroger sa mère qui la considérait avec gêne :
-Que veux-tu dire avec cette histoire de sang et de jeune fille ?
-Cela signifie que les femmes pour avoir des enfants sont obligées d’en passer par là.(...)
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Peu de mois après son mariage, Simon n'était plus amoureux. Ce fut comme une disparition. Une évidence perdue. Et il sut que plus jamais il ne retrouverait l'espoir qui le portait vers Solange. Le château de sable, l'univers enchanté s'effondrèrent, le laissant abasourdi. L'heure où l'on cesse d'être épris avait surgi, l'instant dérobé qui se joue dans le secret des consciences : il est franchi et rien ne sera plus comme auparavant. Tout le monde ne réagit pas de même, certains glissent d'un état à l'autre, semi inconscients, beaucoup se résignent. Quelques-uns ne sont pas fâchés de voir s'éloigner cet hôte intimidant, ils respirent à nouveau, de reour en famille, dans la sécurité du solide compagnonnage. Certains encore ne peuvent vivre hors du cercle magique sans s'étioler, aussi repartent-ils en quête d'une nouvelle passion.
De même que Simon avait été foudroyé par l'évidence en contemplant sur la plage la photographie de Solange, de même fut-il frappé par la vérité du désenchantement. L'image de la jeune femme tomba en poussière. La prétendue lenteur de l'agonie des sentiments n'est souvent qu'un aveu tardif d'une mort déjà accomplie.
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