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Critique de Stockard


J'en ai les doigts qui tremblent de l'écrire mais voilà, c'est un fait : mon premier vrai raté dans ma fabuleuse histoire d'amour littéraire avec Harry Crews. J'en suis toute retournée et ne comprends toujours pas l'intérêt qu'on peut trouver à l'écriture d'un tel livre. Parce qu'il doit y en avoir un, c'est obligé, je ne peux pas croire le contraire, ce serait trop pénible, déjà qu'il y a pas de quoi s'accrocher au lustre...
J'ai dû passer à côté, c'est la seule explication mais même là, c'est pas suffisant pour excuser un tel fiasco.

Alors, vite fait, qu'est-ce qu'on a là-dedans : George, un doux dingue qui tient une petite entreprise de sellerie automobile. Billy Bob, son ouvrier et plus ou moins ami, incapable d'imaginer vivre sa vie autrement qu'avec des clous de tapissier plein la bouche. Betty, sa secrétaire plus ou moins étudiante qu'il culbute de temps en temps sans gloire ni plaisir. Precious, sa soeur mère-célibataire et Fred, son neveu, jeune adulte attardé sur le plan mental mais pas physique qui meurt assez rapidement dans son lit... noyé par son matelas à eau (la touche Harry Crews qu'on aime)
Alors moi au départ cette distribution, ça m'avait plutôt fait saliver quand on sait de quoi Crews est capable avec ses personnages, ça annonçait du très bon.

Quelle erreur et quel dégoût, presque 300 pages pour nous raconter par le menu que George, se rêvant fauconnier, est obsédé par la capture et le dressage d'un oiseau de proie (on ne sait pas pourquoi, mais ça au moins c'est du Crews pur jus, ses personnages ont des lubies que n'aurait pas l'individu normalement moyen et faut surtout pas chercher à comprendre, c'est comme ça c'est tout) il passe donc son temps libre à tendre des pièges à des faucons puis à les laisser mourir de faim vu qu'ils refusent une domestication incompréhensible pour eux. Jusqu'à la capture d'une fauconne qui, maltraitée, affamée et épuisée, se laisse plus ou moins faire, du coup l'autre ramolli du bulbe ne se sent plus et se prend pour un affaiteur de génie.

Voilà la substance de ce livre : de la souffrance animale à foison, entre les rapaces évoqués plus haut, le rat servant de piège qui une fois pris dans les serres n'a aucune chance de s'en délivrer (d'ailleurs rien ne nous sera épargné des détails de la brutalité de George le coupant en deux, en quatre, en six), les poussins décapités à la machette et les lapereaux sacrifiés à l'entraînement de l'oiselle...
Franchement, rien que d'écrire ça, je me dis que si le livre avait été un poil plus épais ou simplement signé d'un autre auteur, j'aurais été enchantée de le reléguer dans mes rares ouvrages littéraires abandonnés à un pourrissement mérité.
Faut vraiment que je considère Harry Crews comme le plus grand écrivain nord-américain pour l'avoir laissé insulter mon antispécisme comme ça. On est tellement loin des chefs-d'oeuvre que sont La Malédiction du Gitan ou Des Mules et des Hommes : Une enfance, un lieu, voire même de Body pour ne citer que mes ultra-favoris.
Bon, Harry, je t'aime toujours mais là quand même mon amour indéfectible vient d'en prendre un sacré coup... dans l'aile.
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