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Critique de Arthur409


Lorsque j'ai vu dans la liste de la Masse Critique « Mauvais genre » ce titre de M. Crichton, je me suis dit qu'il me le fallait absolument… et je l'ai eu ! Un grand merci à Babelio et à l'éditeur Archipoche !
J'ai déjà apprécié à plusieurs reprises les talents de l'auteur, en particulier son art du récit d'aventures (comme dans « Pirates »), et son immense érudition scientifique dans de nombreux domaines.
Dans « Congo », ces deux talents se combinent pour nous proposer un « techno-thriller » dans la grande tradition des romans d'aventure.
Karen Ross est une jeune géologue ambitieuse et surdouée, membre d'une entreprise de prospection minière. Suite à la disparition brutale au Congo d'une équipe ayant découvert un gisement de diamants d'un type particulièrement recherché, elle décide de partir à son tour pour mener à bien l'exploitation du gisement.
Peter Elliot est primatologue et étudie particulièrement Amy, une femelle gorille qui a réussi à acquérir un langage par signes lui permettant de communiquer avec Peter. Il découvre que dans ses rêves, Amy voit, comme un souvenir venu de loin à travers la mémoire collective des gorilles, une cité perdue dans la jungle…
Un peu par hasard, Karen, Peter et Amy se retrouvent dans une expédition commune, direction : l'emplacement présumé de Zinj, une mystérieuse cité légendaire perdue au fond de la jungle congolaise.
Dès le départ, l'expédition rencontre des difficultés, dues en particulier à la concurrence d'un groupe germano-japonais qui est lui aussi sur la piste des fameux diamants. Mais on s'organise tout de même très rapidement, avec l'aide de l'informatique en plein développement à la fin des années 1970, et on se retrouve sur la terre africaine dans un schéma bien connu, avec des porteurs indigènes et un guide, le capitaine Charles Munro, archétype du vieux broussard qui a bourlingué dans toute l'Afrique et qui a donc plus d'un tour dans son sac. Et il va en falloir, des tours, pour échapper à tous les périls qui surviennent le long de la piste vers la cité de Zinj !!
Michaël Crichton a écrit avec « Congo » une histoire qui réunit tous les ingrédients d'un roman d'aventures ultra-classique. Ne racontons pas l'enchaînement des évènements, le lecteur retrouvera sans surprise des scènes vues dans d'autres livres, comme « le monde perdu » d'Arthur Conan Doyle, ou des films comme « The lost city of Z » (Z comme Zinj ?), et bien d'autres encore. Charles Munro rappelle irrésistiblement, par exemple, Lord John Roxton, le guide du Professeur Challenger dans « le Monde perdu », et ce jusqu'à une poignée de diamants sortie de sa poche dans la scène finale …
Alors … « Congo » ne serait-il qu'un récit d'aventures de plus, élaboré à partir de plagiats d'autres oeuvres antérieures ?
Non, et cela pour deux raisons :
Tout d'abord, le talent de conteur de Michaël Crichton. Certes, les épisodes sont classiques, mais la plume de l'auteur est habile, et on se laisse volontiers emporter dans le récit, même quand l'accumulation des épisodes critiques ou les moyens utilisés par l'expédition frisent l'invraisemblable ! . Pas de vraie surprise, mais la tension est toujours là, on a envie de tourner les pages pour savoir la suite, et c'est ce que l'on attend de ce type d'ouvrage. J'ajoute au crédit de Crichton qu'il nous évite un épisode inutile, celui d'une romance entre Peter Elliot et Karen Ross.
L'autre caractère qui distingue ce livre, c'est l'utilisation des découvertes scientifiques pour soutenir et « crédibiliser » le récit. Deux domaines sont particulièrement cités dans « Congo » : l'informatique et la communication avec les animaux.
L'informatique est en plein essor à l'époque où ce roman a été écrit, et Crichton lui trouve une formidable efficacité dans l'organisation d'une expédition, puis dans les communications entre l'expédition et son PC opérationnel, situé à Houston … ce qui rappelle encore quelque chose !
Très intéressants aussi, les passages consacrés au comportement animal, en particulier celui des gorilles, mais aussi de manière plus générale, l'évocation des relations entre la civilisation humaine et le monde animal. de manière assez amusante, Crichton cite, dans le discours des principaux héros, des travaux publiés par d'éminents spécialistes, ce qui renforce les arguments cités, sauf que … ces soi-disant spécialistes n'ont jamais existé ! Ils sortent directement de l'imagination de l'auteur : par exemple, l'anthropologue français Maurice Cavalle, qui aurait publié en 1955 un essai intitulé « La mort de la Nature », est absolument introuvable sur Internet. Par contre, il existe bien un texte ayant pour titre « The Death of Nature », publié la même année que « Congo », en 1980, par Carolyn Merchant, qui est considéré comme une pionnière de l'éco-féminisme. Coïncidence, ou message glissé dans le texte ?
Pour moi, c'est cette injection de données scientifiques qui redonne de l'intérêt au roman d'aventure en le rendant sinon crédible, du moins vraisemblable pour certains aspects. Une lecture que je conseille, même si pour certains lecteurs dont ce n'est pas la « tasse de thé », quelques passages techniques du début sembleront un peu longs.
Une petite remarque assassine pour terminer : la traduction est excellente, mais l'ancien chimiste que je suis a froncé le sourcil en lisant que Karen Ross cherchait des diamants dopés au « boron » : en réalité, le mot anglais « boron » désigne l'élément n° 5 du tableau périodique, qu'on appelle en français le bore.

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