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Critique de KRISS45


Sur mes étagères, il y a beaucoup de romans de Catherine Cusset et pourtant, je n'ai pas souhaité acheter "l'autre qu'on adorait" car j'avais été très déçue par Indigo. J'ai eu doublement tort car j'ai dû attendre une année pour qu'il se libère en médiathèque et c'est le genre de récit que j'ai envie de recommander, prêter, posséder.
Cet "autre", c'est Thomas, ami de l'auteure, qui s'est suicidé à trente neuf ans. C'est un garçon irrésistible mais insupportable, brillant mais indiscipliné, joyeux mais dépressif.
On le suit depuis son échec au concours de l'ENS jusqu'à sa fin tragique annoncée dès le premier chapitre. Comme Leila Slimani dans "Chanson douce", ce qui importe à l'auteure c'est pourquoi en est il arrivé là ?
Décidé à tenter sa chance aux Etats Unis, Thomas va cumuler les maladresses, les erreurs de stratégie, les excès dans sa longue quête pour un poste à la hauteur de ses ambitions et capacités, lui permettant une aisance matérielle indispensable.
Son incapacité à dominer ses addictions : sexe, alcool prodigalité, dissipation le rendent de plus en plus vulnérable. Sa réputation d'esprit brillant et cultivé, sa remarquable intelligence s'effritent et laissent progressivement place à la méfiance de la part de sa hiérarchie, au sein des Universités qui l'emploient. Un à un , les postes qu'il convoite lui sont refusés et il s'enfonce dangereusement dans la spirale de l'échec et de la dépression.
Sa vie sentimentale n'est pas plus reluisante. Séducteur, beau parleur, sujet au coup de foudre, il emballe les filles mais ses relations tournent vite au fiasco : trop impatient, trop impulsif, dévorant et égoïste, il attribue toujours à ses compagnes la cause de ses déboires et ne se remettra jamais en question.

Jai été très sensible au parcours de Thomas à qui l'auteure s'adresse en le tutoyant comme si elle voulait le rendre encore présent. A sa façon directe, parfois brutale mais pleine d'empathie, on sent qu'elle éprouve un grand attachement et peut-être une culpabilité envers cet ami cher qu'elle a suivi, accueilli, soutenu avec affection pendant une vingtaine d'années.
Un peu gênée au départ par son ton arrogant, voire prétentieux, elle devient plus humaine et compréhensive alors que l'état de Thomas se dégrade.
J'ai aimé flâner dans New York et humer l'atmosphère des campus américains.
J'ai aimé l'ombre de Proust, sujet de thèse de Thomas, qui plane autour des personnages.
J'ai aimé cette invitation à réfléchir sur la notion de réussite.
J'ai beaucoup aimé le mot de la fin "S'il faut nous comparer, j'ai eu le temps de comprendre à quel point je t'étais inférieure, avec mon esprit rationnel et pratique".
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