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Critique de Yendare


“Après La Passe-Miroir, Christelle Dabos révèle une autre facette de son talent dans un roman choral vertigineux, addictif et puissant.”

En voici une belle petite phrase de présentation de Gallimard jeunesse pour le nouveau roman de Christelle Dabos. Une phrase que je trouve très juste, Ici est seulement ici est un roman marquant, un roman auquel je vais probablement songer encore quelques jours, peut-être plus.

Tous les bouts de phrases sont importants pour le coup, “une autre facette de son talent”, clairement on est ici très loin de ce que Christelle Dabos proposait dans La Passe-Miroir, vraiment très loin et je le dis tout de suite, je préfère 10 fois plus ce qui a été présenté dans La Passe-Miroir que dans Ici et seulement ici. Simple question de goût, de ressenti surtout pour le coup car le talent lui, c'est certain, il est bien là. Christelle Dabos à un talent indéniable pour les mots, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman avec un style aussi marqué, d'autant plus dans un roman jeunesse. On est très loin d'une écriture plate, plutôt neutre et sans relief, Dabos s'amuse avec les mots, avec les phrases, leur sonorité aussi. J'ai plus écouté que je n'ai lu ce roman qui a été merveilleusement adapté en audio qui ajoute je pense un plus à la lecture la rendant je trouve plus immersive, plus facile à suivre aussi avec une voix distincte pour chacun des narrateurs qui racontent leur année à Ici, un collège, un collège parmi tant d'autres, un collège singulier aussi.

“un roman choral vertigineux, addictif et puissant”, vertigineux, addictif et puissant, oui cela décrit assez bien ce roman, il l'est peut-être même trop pour moi “vertigineux, addictif et puissant”.

Maintenant qu'il faut que je rentre dans le coeur du propos, je commence à patiner pour rédiger cet avis, comment décrire une telle lecture avec mes propres mots. Par le plus simple sans doute : comme vous l'aurez compris au vu de ma note, je n'ai pas aimé, je n'ai pas aimé ce roman dont je ressors avec des souvenirs en tête auxquels je n'avais pas songé depuis plus de 10 ans.

Il y a dans ce roman quelque chose de terriblement évocateur, on suit quelques élèves : Iris, Pierre Guy et Madeleine ainsi qu'une professeure remplaçante, ils nous racontent leur année au collège. Différents niveaux scolaires, différents types d'élèves, mais tous soumis aux lois tacites du collège. Pas celles du règlement intérieur, non toutes les autres, les plus importantes, ridicules souvent mais que tout le monde suit plus ou moins. Il y a dans ce roman je trouve beaucoup de justesse dans certains propos, peut-être trop, c'est abrupt, violent. le collège ne l'est-il pas ? N'est-ce pas une étape de notre vie qui l'est un peu ? Un passage de notre vie pas très agréable mais aussi fondateur ? Sans doute que oui mais j'aurais souhaité ne pas replonger dans mes propres années de collège, du moins pas dans les souvenirs que m'a évoqués cette lecture.

Lire ce roman, c'est se replonger des années en arrière, dans vos années collèges car Iris, Pierre, Guy et Madeleine vous rappelleront peut-être vous-même ou d'autres élèves que vous avez côtoyés, car le Ici, le collège de ce roman est un peu le Ici de tous les collèges et à toutes les époques. Mais le plongeon ne sera pas du côté des bons souvenirs mais bien des pires. Ces passages humiliants que vous préférez oublier, ces actes dont vous n'êtes pas très fière, les autres élèves que vous détestez pour X ou Y raisons, le rejet par certains camarades, la volonté de se fondre dans le moule, etc. Bien des choses sont évoquées dans ce roman, rien de joyeux ou si peu, trop peu pour moi en tout cas.

Je n'aime pas cette vision du collège que présente ici Christelle Dabos, juste, c'est certain, elle ne serait pas si évocatrice dans le cas contraire mais elle est incomplète, le collège ce n'est pas que cela, ce n'est pas que cette vision sombre et pessimiste aussi juste peut-elle être par certains aspects de cette période charnière qui est ici présenté, car au collège si j'ai de mauvais souvenirs, j'en ai aussi des bons et il est important de ne pas les oublier.

Ici et seulement ici est un roman bizarre qui ne plaira pas à tout le monde, qui n'a d'ailleurs sans doute pas vocation à plaire tout court, personnellement c'est une expérience de lecture dont je me serais passé si j'avais su avant de me lancer dans ma lecture qu'il serait réussi, si évocateur car “vertigineux, addictif et puissant” assurément il l'est. Une fois commencé, autant dire que ne pas aller au bout ne m'a jamais traversé l'esprit car quitte à me replonger plus de 10 années en arrière je voulais savoir le fin mot de ce roman, sa conclusion.

Ce roman est classé en littérature jeunesse mais je me demande en réalité s'il n'est pas destiné à des personnes plus âgées, je ne l'ai pas aimé aujourd'hui à 24 ans, je me demande si je l'aurais compris en étant encore au collège, à 12 ou 13 ans. En tout état de cause, je ne le mettrai pas forcément dans toutes les mains. Pas dans celles de ma petite soeur par exemple qui durant toute sa première année de 6e a été le véritable bouc émissaire de sa classe avant de changer d'établissement l'année suivante. Aucune envie de lui faire revivre même en souvenir cette année qui l'a déjà assez marquée.

Ici et seulement ici est un roman atypique, un roman à lire pour se faire sa propre opinion tout en étant averti je pense que cela ne sera ni un moment agréable, ni un roman particulièrement facile à lire aussi bien par son style que par son propos. C'est un roman audacieux, je me demande s'il aurait été publié sans le succès de la Passe-Miroir. En tout état de cause je lirai vos chroniques avec curiosité car une chose est sur, c'est un roman qui ne laisse pas indifférent.
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