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Citations sur Ici et seulement ici (38)

Pour trouver une solution à un problème, il faut déjà que le problème se pose.
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Déjà excédé, le prof. Il décapuchonne et recapuchonne des marqueurs usagés qui ne laissent au tableau que des lettres fantômes. La date du jour couine. Chacun s’installe à sa place, déballe ses affaires, réaffirme son territoire ; chewing-gum collé dans le casier, initiales gravées au cutter. Deux chaises par table, évidement, et, évidemment, je me retrouve seul en fond de la classe.
Le nombre impair. Le valet de pique. Le pouilleux, même si j’ai jamais eu de poux, même si je suis ni gros, ni grêle, ni gras. Juste impair.
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Je m'assoie. Je m'assieds? Je m'asseye? Saloperie, comment qu'on le dit ce verbe?
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Ça sonne. On nous rassemble sous le préau, nous, les p’tits nouveaux. Le principal et les profs blablatent. J’écoute rien. Le règlement intérieur, j’aurai tout le temps de le lire quelque part. Là, maintenant, je suis trop occupée à deviner les autres règles, celles qui ne sont pas écrites, celles qui ne se disent pas, celles que personne dicte et que tout le monde respecte. Des sacs à dos portés sur une seule épaule. Les baskets sans chaussettes. Des boucles d’oreille en argent. Du négligé bien peaufiné.
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Ici, tu branches, t'allumes, tu couches, t'enfiles, tu pelotes, tu cochonnes, tu branles, tu baises, tu pécho tout ce que tu veux, mais tu dis pas, jamais, sous aucun prétexte, ce que Sofie a dit. Mon stylo bouge pas sur ma feuille. J'ai comme un machin coincé dans la gorge depuis des jours, des nuits, un machin qui veut pas s'avaler. C'est que les mots de Sofie, là, j'y ai pas répondu. Qu'est-ce que j'aurais dû y répondre, d'abord ? On y répond quoi, hein, à ce qui doit surtout pas se dire ?
- Tu connais la solution.
Sofie me souffle ça quasi sans bouger des lèvres, ses bras toujours croisés sur la table, son regard toujours aussi vague et bizarrement toujours aussi fixe, et ça me les soulage sévère qu'elle le tient loin de moi pour le moment. La solution à l'interro, ouais, je la connais.
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Une longueur de bassin. Et une autre. Et une en plus, allez. Je crawle comme un crack. Sophie a raison (elle a toujours raison, Sophie, à un point que c’en est gonflant) : je kiffe la piscine. Au sol, je me traine sous le poids de mes os. Dans l’eau, je retrouve quelque chose d’oublié, d’imblasable, un p’tit reste de qui que j’étais avant de virer balourd.
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Je sais. Je l'ai su dès la toute première pause pipi. Les chiottes, Ici, c'est un lieu de pouvoir. J'ai assisté à tout un tas de négociations rien que dans celles du premier étage, devoirs de maths contre fiches de lecture, échange d'anti-sèches, trocs et trafics, des gages et des "chiche !" à toutes les sauces, ça peut aller jusqu'à fourrer sa culotte en cachette dans la sacoche d'un prof. Et des votes, tous les jours des votes, avec les cabinets comme isoloirs, pour décider à la majorité qui est le plus stylé, la plus sympa, le plus sale, la plus sensass, et je serre les fesses à chaque dépouillage en espérant que j'apparaîtrai pas sur un papier, ni en bien ni en mal. À se demander comment ça se passe dans les étages des grands, les histoires de chiottes. (p.29-30)
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Au collège, le pire, c'est pas les cours ; c'est tout ce qu'il y a entre. La consistance même du temps y est différente. Les récrés sont des éternités. C'est pas qu'on s'y emmerde, non, non, l'ennui, ça au moins c'est quelque chose de moelleux, de presque confotable. Nous, on passe chaque seconde de chaque minute à lutter contre la flippe du faux pas et à faire semblant qu'on s'amuse.
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Je n'aime pas les pieds. Les miens, déjà, parce qu'ils n'ont pas changé d'un orteil, et ce malgré tout le vernis dont je les enduis depuis l'époque où j'étais élève Ici. Ceux des autres, surtout. Les talons qui traînent, les semelles qui s'emmêlent, les jeux de jambes. Les pieds, c'est un territoire. L'espace qu'on s'attribue, celui qu'on s'interdit. Dis-moi comment tu marches, je te dirai qui tu es. C'est sans doute pour ça que je ne prends jamais ni l'ascenseur ni la voiture : pour me réaffirmer sans cesse à moi-même, un pas après l'autre.
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Dis-moi comment tu marches, je te dirai qui tu es.
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