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sur 453 notes
“Après La Passe-Miroir, Christelle Dabos révèle une autre facette de son talent dans un roman choral vertigineux, addictif et puissant.”

En voici une belle petite phrase de présentation de Gallimard jeunesse pour le nouveau roman de Christelle Dabos. Une phrase que je trouve très juste, Ici est seulement ici est un roman marquant, un roman auquel je vais probablement songer encore quelques jours, peut-être plus.

Tous les bouts de phrases sont importants pour le coup, “une autre facette de son talent”, clairement on est ici très loin de ce que Christelle Dabos proposait dans La Passe-Miroir, vraiment très loin et je le dis tout de suite, je préfère 10 fois plus ce qui a été présenté dans La Passe-Miroir que dans Ici et seulement ici. Simple question de goût, de ressenti surtout pour le coup car le talent lui, c'est certain, il est bien là. Christelle Dabos à un talent indéniable pour les mots, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman avec un style aussi marqué, d'autant plus dans un roman jeunesse. On est très loin d'une écriture plate, plutôt neutre et sans relief, Dabos s'amuse avec les mots, avec les phrases, leur sonorité aussi. J'ai plus écouté que je n'ai lu ce roman qui a été merveilleusement adapté en audio qui ajoute je pense un plus à la lecture la rendant je trouve plus immersive, plus facile à suivre aussi avec une voix distincte pour chacun des narrateurs qui racontent leur année à Ici, un collège, un collège parmi tant d'autres, un collège singulier aussi.

“un roman choral vertigineux, addictif et puissant”, vertigineux, addictif et puissant, oui cela décrit assez bien ce roman, il l'est peut-être même trop pour moi “vertigineux, addictif et puissant”.

Maintenant qu'il faut que je rentre dans le coeur du propos, je commence à patiner pour rédiger cet avis, comment décrire une telle lecture avec mes propres mots. Par le plus simple sans doute : comme vous l'aurez compris au vu de ma note, je n'ai pas aimé, je n'ai pas aimé ce roman dont je ressors avec des souvenirs en tête auxquels je n'avais pas songé depuis plus de 10 ans.

Il y a dans ce roman quelque chose de terriblement évocateur, on suit quelques élèves : Iris, Pierre Guy et Madeleine ainsi qu'une professeure remplaçante, ils nous racontent leur année au collège. Différents niveaux scolaires, différents types d'élèves, mais tous soumis aux lois tacites du collège. Pas celles du règlement intérieur, non toutes les autres, les plus importantes, ridicules souvent mais que tout le monde suit plus ou moins. Il y a dans ce roman je trouve beaucoup de justesse dans certains propos, peut-être trop, c'est abrupt, violent. le collège ne l'est-il pas ? N'est-ce pas une étape de notre vie qui l'est un peu ? Un passage de notre vie pas très agréable mais aussi fondateur ? Sans doute que oui mais j'aurais souhaité ne pas replonger dans mes propres années de collège, du moins pas dans les souvenirs que m'a évoqués cette lecture.

Lire ce roman, c'est se replonger des années en arrière, dans vos années collèges car Iris, Pierre, Guy et Madeleine vous rappelleront peut-être vous-même ou d'autres élèves que vous avez côtoyés, car le Ici, le collège de ce roman est un peu le Ici de tous les collèges et à toutes les époques. Mais le plongeon ne sera pas du côté des bons souvenirs mais bien des pires. Ces passages humiliants que vous préférez oublier, ces actes dont vous n'êtes pas très fière, les autres élèves que vous détestez pour X ou Y raisons, le rejet par certains camarades, la volonté de se fondre dans le moule, etc. Bien des choses sont évoquées dans ce roman, rien de joyeux ou si peu, trop peu pour moi en tout cas.

Je n'aime pas cette vision du collège que présente ici Christelle Dabos, juste, c'est certain, elle ne serait pas si évocatrice dans le cas contraire mais elle est incomplète, le collège ce n'est pas que cela, ce n'est pas que cette vision sombre et pessimiste aussi juste peut-elle être par certains aspects de cette période charnière qui est ici présenté, car au collège si j'ai de mauvais souvenirs, j'en ai aussi des bons et il est important de ne pas les oublier.

Ici et seulement ici est un roman bizarre qui ne plaira pas à tout le monde, qui n'a d'ailleurs sans doute pas vocation à plaire tout court, personnellement c'est une expérience de lecture dont je me serais passé si j'avais su avant de me lancer dans ma lecture qu'il serait réussi, si évocateur car “vertigineux, addictif et puissant” assurément il l'est. Une fois commencé, autant dire que ne pas aller au bout ne m'a jamais traversé l'esprit car quitte à me replonger plus de 10 années en arrière je voulais savoir le fin mot de ce roman, sa conclusion.

Ce roman est classé en littérature jeunesse mais je me demande en réalité s'il n'est pas destiné à des personnes plus âgées, je ne l'ai pas aimé aujourd'hui à 24 ans, je me demande si je l'aurais compris en étant encore au collège, à 12 ou 13 ans. En tout état de cause, je ne le mettrai pas forcément dans toutes les mains. Pas dans celles de ma petite soeur par exemple qui durant toute sa première année de 6e a été le véritable bouc émissaire de sa classe avant de changer d'établissement l'année suivante. Aucune envie de lui faire revivre même en souvenir cette année qui l'a déjà assez marquée.

Ici et seulement ici est un roman atypique, un roman à lire pour se faire sa propre opinion tout en étant averti je pense que cela ne sera ni un moment agréable, ni un roman particulièrement facile à lire aussi bien par son style que par son propos. C'est un roman audacieux, je me demande s'il aurait été publié sans le succès de la Passe-Miroir. En tout état de cause je lirai vos chroniques avec curiosité car une chose est sur, c'est un roman qui ne laisse pas indifférent.
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C'est parce que je n'y ai pas toujours lu des retours très positifs que je ne me suis pas précipitée dessus à sa sortie, alors que j'avais beaucoup aimé les Passe-Miroir. J'ai attendu que le hasard fasse les choses, qu'il fait souvent bien quand on sait attendre. Je suis tombée sur "Ici et seulement ici" lors de ma dernière visite à la bibliothèque, il venait tout juste d'être rentré.

Et je vais rejoindre les avis mitigés. Ce n'est pas qu'il m'ait déplu, plutôt que je l'ai trouvé assez confus avec son côté trop "réalisme magique" auquel je n'ai pas adhéré.

Ici, c'est un collège, et seulement ici, il s'y passe des choses étranges. Les événements se déroulent sur une année scolaire, découpée en trois trimestres. Dès le jour de la rentrée, nous suivons quatre élèves, quatre élèves de niveaux différents : Iris l'invisible, Pierre l'impair, Madeleine la gourou, et Guy le Haut. D'un niveau à un autre, d'une classe à une autre, chaque élève doit tenir une certaine place, déterminée selon plusieurs critères : acteurs/spectateurs, hauts/bas, populaires/pouilleux, etc.

Tous les jeudis à 14h28, se passent des événements étranges que j'aurais moi-même du mal à vous expliquer (ce n'est pas toujours très clair). Quoi qu'il en soit, il y a un truc qui passe dans les canalisations toujours le même jour à la même heure, responsable des événements étranges qui s'en suivent, comme des fous rires ou des agressions. Il y a un élève également, que l'on ne voit jamais car disparu, mais qui laisse ses traces de pas au plafond...

Disparitions, harcèlement et violence scolaires, meurtre, méchanceté et jugement entre collégiens, étrangetés, sont au coeur de l'histoire. En cela, je n'ai rien à reprocher à l'autrice quant à ses choix de thèmes. En revanche, je n'ai pas aimé la façon dont elle les a menés et mêlés pour créer son intrigue. Je n'ai pas retrouvé ce qui m'avait tant plu dans les Passe-Miroir, à savoir un tout bien développé, tant chez les personnages que les lieux, l'ambiance ou l'intrigue elle-même.

J'ai eu l'impression tout du long que tout est survolé, on n'a pas le temps de se poser sur un événement ou un personnage qu'on passe aussi sec à un autre événement et personnage. Ajoutez à cela ce caractère paranormal, irréel, certes plutôt bien ancré mais qui m'a empêchée de rentrer totalement dedans parce que trop invraisemblable.

Je ne sais en fait comment vous expliquer mon ressenti. Je n'en sors pas totalement déçue, car la lecture se veut fluide, facile, dynamique, et donc vite terminée (peut-être un peu trop d'ailleurs ?). Mais je n'ai ni accroché à l'histoire, sans doute trop invraisemblable, ni aux personnages, sans aucun doute trop peu fouillés.

Pourtant, les sujets abordés sont clairement d'actualité (harcèlement scolaire), et nécessitent qu'on en parle encore et encore. Mais je les trouve mal traités.

Voilà voilà, je n'ai pas détesté, je n'ai pas aimé non plus. Cette lecture me laisse perplexe, avec une sensation d'inabouti peut-être. En tout cas, au vu des Passe-Miroir, il est certain que j'en attendais bien plus. C'est une lecture dont j'aurais pu me passer... Trop bizarre, trop malaisant à mon goût.
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Voici un roman qui aborde d'une façon tout à fait originale les difficiles années collège en donnant la parole à 4 élèves et à une prof remplaçante sur une année scolaire.
Il a d'abord Iris qui fait sa rentrée pour la 1ère fois et qui, pour se couler dans le moule, observe, observe, observe au point de se rendre invisible.
Madeleine est très mal dans sa peau, surtout si elle se compare à sa copine Louise. Elle pense avoir été Choisie et devient par la voix de Ça, une sorte de gourou.
Pierre est un impair, c'est-à-dire qu'il n'a pas de binôme et comme tel peut être en but à tous les mauvais traitements possibles.
Guy est dans la classe du prince, celui qu''on ne doit pas regarder. C'est un Haut. Son binôme, son Bas, cette année est une nouvelle qui refuse de se plier aux règles non pas du collège mais celles édictées par les collégiens.
La prof est une ancienne élève d'Ici. Elle comprend très bien ce qui s'y passe et il se passe des choses étranges.
La vision proposée est brutale, violente, les problèmes évoqués sont nombreux : anorexie, corps qui changent, harcèlement, racket…
Christelle Dabos a choisi de ne rien passer sous silence. Seulement elle le fait par des chemins détournés, en utilisant la métaphore, en introduisant du fantastique et cela donne quelque chose de tout à fait original.
J'ai eu le sentiment de retrouver dans le fond de ce récit un peu de l'ambiance de la maison dans laquelle : les règles établies par les gosses, leur cruauté, la quasi-absence d'adultes, les phénomènes inexplicables.
La puissance de ce roman tient aussi à sa langue. L'auteure donne vraiment une voix à chaque gamin. C'est cru parfois, c'est féroce, mais ça sonne vrai.
Je l'ai lu d'une traite tant j'avais hâte de découvrir comment les uns et les autres allaient surmonter cette année difficile.
Percutant.
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240 pages de déception.
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C'est la rentrée, le collège. Ils et elles sont Ici, dans un microcosme aux règles impitoyables. Les élèves se répartissent entre Hauts et Bas, sauf les impairs, il y a un Prince, des profs aveugles et plein de choses atroces. Ce roman choral de récit scolaire ressassé, Christelle Dabos le fait lentement mais sûrement s'enfoncer dans le fantastique...
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Alors, franchement, mes secondaires ce n'était pas toujours Byzance, je n'étais pas du tout dans les populaires, y en a qui voulaient me faire chier, j'ai eu des profs nazes mais crénom, il y avait aussi du bon et du beau. Alors oui les ados ont un côté grégaire, certain.es sont des abruti.es fini.es et deviendront des adultes détestables mais ce sont aussi de vrais individus capables de porter des choix et de se révolter contre l'injustice. Je sais bien qu'on n'écrit pas de roman pour dire que tout va bien mais là tout va si mal qu'on a carrément du mal à y croire. Pour moi ce roman est culpabilisant et j'ai été totalement agacée par cette nouvelle élève si différente et cette prof remplaçante ex- élève d'Ici providentielle... Même un film Disney Channel n'aurait pas combiné ces deux clichés. En fait, on dirait "Les éblouis" d'Aylin Manço avec un budget marketing, sans humour, sans sexe, sans croire que les ados peuvent être de bonnes personnes. Même si Christelle Dabos écrit bien, elle n'aurait pas été l'autrice de "La passe-miroir", je n'aurais pas lu ce livre jusqu'au bout
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Les fans de la Passe miroir attendaient depuis longtemps un nouveau roman de Christelle Dabos. Mais il me faut vous prévenir : ce roman n'a RIEN à voir avec La passe miroir. Ce n'est pas une lecture facile tant par son sujet que son style : pas de fil narratif évident, un phrasé atypique, des éléments étranges qui n'ont pas d'explications si ce n'est celle de l'image qu'ils évoquent, un retour dans les années collège avec tout ce que cela a de déroutant, de dérangeant.

Ici et seulement ici est une vaste métaphore qui fait du collège un monde à part, hors du temps, qui a ses propres règles, sa propre temporalité. Un monde de violence et de servilité, un monde où se côtoient Madeleine qui a été Choisie et qui préfère la voie de l'esprit à celle du corps. Guy qui se retrouve face à une nouvelle qui ne veut pas se conformer aux règles. Pierre qui ne peut s'imaginer que comme un Impair, un souffre douleur, éternellement seul. Et Iris qui abandonne son ami d'enfance pour se fondre dans le groupe quitte à disparaître.

Malgré la brièveté du roman, c'est une histoire qui nécessite du temps : nécessité de faire des pauses pour se remettre de ce qu'on a lu, pour laisser les mots et les idées se déposer en nous, les laisser prendre sens en se nourrissant de notre propre vécu.

C'est une lecture qui va exiger de vous, qui va puiser dans vos souvenirs de cette époque, qui va demander à ce que vous acceptiez de lâcher prise, d'accepter que l'autrice vous perde pour que vous trouviez votre propre chemin. Et quand ce moment arrive, c'est juste une claque ! Une bouffée d'émotions, de liens qui se font, une prise de conscience de la force des images utilisées, de l'indéniable talent de l'autrice dans le choix des mots, sa puissance d'évocation. Ce roman est autant ce qu'il dit que ce qu'il ne dit pas.

Je ne pensais pas partir sur un coup de coeur car c'est une lecture qui est restée longtemps exigeante, qui m'a remuée. Et pourtant c'est le cas. Je ne peux que vous inviter à tenter l'expérience car c'est de cela qu'il s'agit : une expérience de lecture. Une incroyable expérience.
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Il est rare que je me jette sur des nouveautés, et pourtant… ce titre m'a vraiment intrigué. Je ne connais Christelle Dabos que pour la série « La Passe-Miroir », série dont je me souviens surtout de la fin tortue, mais série qui, dans son entièreté, n'était pas forcément coup de coeur. Puis il faut croire que je suis dans ma période « j'aime me faire des noeuds au cerveau » alors ce roman au titre et au résumé singulier m'a d'autant plus interpellé.
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Nous sommes manifestement dans un collège et suivons alternativement Iris, Madeleine, Guy, Pierre, qui sont des élèves ; la remplaçante, qui est, ben, prof remplaçante ; et enfin les réunions du club « ultra-secret ». Il va se passer tout un tas d'événements un peu paranormaux… disparitions, crises de fous-rires, transformations physiques… tant de choses qu'on peut assimiler avec des vraies choses du collège.
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Dans ce roman choral, Christelle Dabos réussis à mettre en lumière des aspects pas toujours verbalisés du collège à travers la création d'un monde surprenant et singulier. La « métaphore » qu'est ce roman peut paraître impénétrable, ou opaque de premier abord, mais montre la « cruauté » et la difficulté de la période collège pour les ados avec lucidité.
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Outre cela, il y a une sorte d'enquête que peut mener le lecteur et les mystères régnant dans ce collège rendent l'histoire réellement prenante ! Les personnages sont variés et certains passages sont très tordus.
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Le lecteur est perturbé, amené à se questionner, mais je crois qu'il faut se laisser porter, avec ouverture d'esprit et lâcher-prise !
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Je pense qu'étant enfant, j'aurai pu être rebuté par la singularité du roman (qui est pourtant plutôt accessible), donc je ne le conseillerai pas à des trop jeunes lecteurs. Mais en même temps, étant donné que ça parle de collège, les "grands" ados ne seront peut-être pas passionnés non plus.
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Bref, pas un coup de coeur, mais une sacrée lecture quand même, ça vaut le détour rien que pour la curiosité :)
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Iris entre au collège pour la première fois alors que sa grande soeur Ingrid y retrouve sans difficulté ses copines, elle espère retrouver dans sa classe son meilleur ami Emile mais ils sont séparés et alors qu'Emile est harcelé par une bande des collégiennes, Iris ne le soutient pas et le laisse aux mains de ses tortionnaires, il est tellement désespéré qu'il songe à se suicider. .
Pierre entre en 5ème après une année de harcèlement scolaire, il espère échapper à ses tortionnaires mais il suffit qu'il retourne aux toilettes pour que les humiliations reprennent. Il est le pouilleux de sa classe et il est chargé de s'accuser de tous les crimes de sa classe. Il se venge et fait disparaître un camarade Vincent dans un puits de fange.
Madeleine est amie depuis toujours avec Louise mais elle change, elle refuse cette transformation et se réfugie dans un délire d'élection de l'Immaculée tandis que Louise découvre la vie et est bientôt enceinte.
Guy est un protégé du prince de sa classe dans laquelle tous les élèves sont appariés entre maîtres et esclaves. Il effectue les basses besognes de racket et il voit bientôt arriver une nouvelle élève qui doit s'associer à lui mais elle refuse et bouleverse sa vie.
Une professeure remplaçante Thérèse revient enseigner dans son collège et retrouve chez ses élèves exactement les mêmes rituels, les mêmes dysfonctionnements et les mêmes harcèlements.


Christelle Dabos est née en 1980 en France. Elle a grandi à Nice dans une famille de musiciens, professeurs au conservatoire : sa mère est harpiste, son père clarinettiste. Son frère est professeur de philosophie. Elle écrit ses premières histoires sur les bancs de la faculté puis rejoint la communauté Plume d'Argent. Elle suit une formation de bibliothécaire avant de se consacrer à l'écriture. Depuis 2005, elle réside et travaille à proximité de la Louvière en Belgique.
Christelle Dabos commence à écrire les premières trames de la Passe-miroir en 2007. On lui diagnostique alors un cancer à la mâchoire pour lequel elle subit une lourde opération chirurgicale. Pendant sa convalescence, pour briser son isolement, elle rejoint la plate-forme d'écriture Plume d'Argent. Les contributeurs lui font des retours très positifs sur son récit, ce qui la pousse à participer au premier concours Roman jeunesse Gallimard, un prix que la maison d'édition a lancé pour fêter les 40 ans de son département jeunesse, en partenariat avec les médias Télérama et RTL.
En 2013, elle est lauréate de la première édition de ce prix pour le premier tome de la Passe-miroir. le titre de l'ouvrage, lui est inspiré du Passe-muraille, oeuvre littéraire de l'écrivain français Marcel Aymé.
Les trois premiers tomes se sont vendus à cinq cent mille exemplaires en France. La Passe-miroir aborde différentes thématiques comme le droit à l'erreur, la mémoire ou encore l'identité. Sa tétralogie se vendra à plus d'1,3 million d'exemplaires. Il sera traduit en une vingtaine de langues. - source : Wikipédia


A propos de ses années au collège, Christelle Dabos confie à Télérama : “J'avais une sensation d'enfermement et d'emprisonnement, l'impression que ça ne se terminerait jamais, d'être prise au piège. J'avais déjà tenté d'écrire un roman sur le sujet et ça n'avait pas marché du tout, je m'étais juste sentie mal à l'aise… La Passe-miroir m'a sûrement accompagnée dans ce processus. La Cour nobiliaire du roman est en réalité une grande cour de récréation : c'était très métaphorique, mais le collège était là avec ses clans. Quand cette nouvelle histoire m'est venue, cela n'a pas du tout été malaisant, plutôt joyeux et libérateur même. Je n'avais pas envie de raconter ma petite histoire personnelle, ce qui m'intéresse est de retourner au collège pour revoir la mécanique en jeu, de dépasser mon point de vue.”


Ici et seulement ici est un roman adolescent sur le harcèlement au collège. Nous pensons évidemment à deux romans essentiels sur ce sujet, La guerre des chocolats de Robert Cormier et Elliot de Graham Gardner, qui sont aussi des lectures marquantes. Christelle Dabos bouscule l'intrigue avec ce roman choral qui donne à lire le quotidien de quatre adolescents au collège : ils sont dans des classes différentes, dans des années différentes, ils sont aussi bien harceleurs, harcelés ou témoins impuissants, et résignés ou rebelles inconscients ou courageux. Ils ne sont plus vraiment des personnages mais presque des entités des personnages universels que jouent les collégiens en tout temps et en tout lieu. C'est probablement le plus effrayant dans ce roman, cette espèce de machine à broyer les adolescents à peine sortis de l'enfance.


Christellle Dabos souligne effectivement dans Télérama : “Le terme de conte m'est très vite venu, non pour son côté féerique, mais plutôt pour son aspect « légendaire ». Dans la trajectoire d'Iris, il y a un petit côté « l'homme invisible ». Pour Madeleine, c'est un mélange entre Jeanne d'Arc et sainte Marie Madeleine. Pour Pierre, plutôt le joueur de flûte de Hamelin et Guy emprunte à Robin des bois et au personnage de Guy de Gisbourne. Avec mon éditeur, nous avons décidé de gommer le mot « conte » dans le titre pour ne pas donner de fausse piste au lecteur, car au final il s'agit d'un récit réaliste et cru !”


Le collège est une sorte de monstre, il a une vie propre qu'un club secret essaie d'explorer car il secrète notamment un liquide blanchâtre tous les jeudis à la même heure. “C'est une atmosphère avant d'être une image. Mais surtout, ce collège sécrète son propre liquide ! Enfant, je jouais avec mes voisines et mes frères, et nous avions découvert un liquide visqueux dans un ruisseau, les fans de Ghostbusters (SOS fantômes) que nous étions ont transformé ce « slime » en « schmoïlle ». C'est lui qui ressurgit dans ce récit !”


Il reste une succession d'images à l'esprit à la lecture de ce roman, les images de la violence de la vie des collégiens. La déconstruction du récit traditionnel, l'incursion dans le fantastique avec des êtres qui perdent leur réalité tangible lorsqu'ils se perdent dans la violence ou dans le renoncement aux valeurs humaines, le mystère autour de certains personnages ou de certains événements, rendent la lecture parfois difficile ou absconse.


Christelle Dabos précise à ce sujet : “Ces débordements de la réalité me sont venus spontanément. Ce n'est pas du fantastique au sens strict, avec l'incursion d'un phénomène surnaturel dans la réalité qui provoque un effet de surprise. Cela se rapproche davantage du réalisme magique, ce courant littéraire sud-américain. J'ai été très marquée par ma lecture de Casa de campo, de José Donoso, de Cent Ans de solitude, de Gabriel García Márquez, ou encore de la Maison aux esprits, d'Isabel Allende. Ces romans font coexister une réalité extrêmement dure, très crue, avec une dimension magique totalement acceptée par les personnages. Comme dans ce collège. Moi-même, en écrivant, je me suis demandé si les personnages n'étaient pas dans un grand délire collectif et s'il n'y avait finalement rien de surnaturel. Je ne sais pas. Il y a peut-être une dimension magique. Peut-être pas. Je ne tranche pas.”


Ce roman extrêmement déconcertant va susciter beaucoup de discussions ; il ne laisse personne indifférent.

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Pour les fans de la Passe-Miroir, je peux vous le dire d'emblé, l'univers présent entre ces pages ne peut pas être plus différent.
On y découvre une toute autre facette de l'écriture de l'autrice, plus incisive et sombre.

La narration chorale de gosses paumés, en langage parlé, dans ce collège particulier, dur, aux codes extrêmes, vivant leurs corps adolescents et la pression de la société à leur manière, m'a laissée très dubitative au départ.

Y sont critiqués le harcèlement scolaire, la volonté de faire entrer tout le monde dans le même moule et plein de thématiques concernant cette période spécifique et incontournable de notre vie, tout en mettant le doigt sur le non sens de certaines situations et l'absurdité de ce qui nous semblait insurmontable.

Voici ce que j'ai ressenti durant ma lecture:
Très honnêtement après quelques jours de réflexion, je ne sais pas quoi en penser.

Niveau émotion, tout le long de ma lecture, j'ai été plongée dans un sentiment de malaise assez intense, car le contexte de l'histoire parlait clairement à mon "moi" collégienne et me rappelait tout ce j'ai détesté au collège, qui est une des périodes les plus déprimantes de ma vie.

Du coup, niveau expérience de lecture, j'ai été dérangée de voir ces vieilles émotions remuer et remonter à la surface, revenir à la vie comme des vieux zombies voulant grignoter mon cerveau.

Mais c'est aussi une lecture qui m'a remis en tête que si le collège a été une épreuve, il a contribué à forger une partie de mon moi présent, ici et maintenant, même si je préfère l'oublier.

Ce livre est un OLNI, d'un côté je n'ai pas vraiment aimé et d'un autre je trouve que c'est un sacré tour de force de réussir à générer ce type de sentiment lors d'une lecture, pas simple de faire le tri, d'autant que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de récit.

En Bref: Ce roman est une métaphore à part entière de l'étape de notre vie, si étrange, qu'est le collège, où chacun y trouvera le sens qu'il souhaite y voir.
Rien que pour ça, laissez-vous porter par votre curiosité.
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Je pense que si Christelle Dabos rédigeait un manuel de montage de radiateur, on ressentirait en le lisant les émotions de l'objet, ses inconforts, ses espoirs et comment ses interactions avec nous déterminent nos destins confondus.

Ici et seulement ici est un texte puissant, écrit avec un talent fou.

On peut parler de harcèlement scolaire, de meutes, de souffrance psychique, d'enfermement, de tentation de suicide.
On peut aussi évoquer l'amitié, l'amour, la construction de soi, la création artistique libératoire, le désir d'invisibilité et de visibilité, les prises de conscience fondatrices...

Rien ici ne laisse indifférent.
Une lecture intense, inconfortable et lumineuse, qui vous laisse seul·e avec vos émotions.
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Une claque on m'avait dit. Une claque j'ai pris.

Après la Passe-Miroir, Christelle Dabos s'essaye à un genre bien différent avec Ici et Seulement Ici, un roman détonant qui nous entraîne dans les coulisses d'un collège pas comme les autres, quoique.

C'est avec une amère brutalité que l'autrice dépeint l'écosystème mystérieux de ces ados où la survie semble dépendre du degré de conformisme. Effacer son identité c'est pouvoir se fondre dans la masse indistincte du groupe pour ne pas subir l'ignorance ou les représailles. Ici, c'est la loi du plus fort, du plus doué, du plus normal, du plus banal. le décor planté est donc âpre et rugueux; la forme : crue et teintée de fantastique.

Les points de vue virevoltent dans cette fable philosophique au phrasé exceptionnel où la difficulté d'être collégien, Ici, explose à la figure. Les mots résonnent méchamment. le rythme tambourine. Les phrases courtes donnent le ton. Et toi, tu te prends des impacts puissants dans les dents. Des claques dans ta face comme ces collégiens dans la leur. Ça vibre de sens, ça t'envoie des uppercuts douloureux pendant que le vide et le trop-plein se télescopent. le poids des mots, encore, te fait sombrer lourdement : tu lis, t'écoutes, tu captes c'que ces jeunes veulent crier au monde à travers ce slam magique et magnétique.

Ici et Seulement Ici c'est un texte hors du temps et du commun, qui marque au fer rouge, effrontément, car après tout, le collège, tout le monde connaît, tout le monde y est passé. L'autrice nous livre avec une virtuosité assurée une oeuvre pure et dure où la finalité ne dépend, en définitive, que de nous. Une petite bombe à mettre entre toutes les mains *. Une véritable prouesse littéraire.

« Au collège, le pire, c'est pas les cours; c'est tout ce qu'il y a entre. »

*Trigger Warning : harcèlement scolaire sous toutes ses formes.
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