Les teintes se superposent, ici le noir s’accumule, là, il griffe le bleu avec une brosse. Cette matière liquide ondule, stagne et se gonfle, comme une mer en colère. Mais quelle que soit l’interprétation que vous en faites, elle n’appartient qu’à vous.
Durant toute sa carrière, son langage reposera sur les mêmes éléments : des formes abstraites, des couleurs le plus souvent sombres, mais qui contrastent parfois avec des teintes plus claires, des jeux de matières, le tout dialoguant pour créer des œuvres toujours différentes.
Son objectif est bien de passer outre le noir, pour faire naître la lumière.
L’art, ce n’est pas juste une maîtrise technique ! Ce sont les artistes qui, comme lui, tâtonnent, cherchent, se laissent guider par leur instinct, qui lui procurent ses plus belles émotions.
Si l’on croit voir un monochrome, explique Soulages, c’est parce qu’on ne voit le noir que dans notre tête et pas celui que nous avons devant les yeux.
C’est comme en musique. Certaines ont des paroles : ce sont des chansons, d’autres sont sans paroles. Je peins sans paroles…
Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparence. Dans cet extrême j'ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les différences de texture réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière...Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir