Elle n’est pas morte. Elle respire encore. Elle se remet à parler. Elle ne réussit plus à vomir. Elle pleure encore. Mais moins. Elle a compris qu’elle n’allait pas mourir. On ne meurt pas d’amour.
Elle lui a envoyé un texto en pleine nuit, juste pour lui dire que pendant qu’il passait un week-end de rêve, elle était en train de dormir à côté des chiottes, pour ne pas avoir à se lever à chaque nouvelle montée de bile. Pourquoi est-il heureux ? Pourquoi elle en crève ? Elle se dit que ce n’est pas possible.
Ne plus faire l’amour. Autant arrêter de respirer, de boire, de manger. Autant arrêter de vivre.
Page 119 : "La vie est parfois si cruelle. C'est sans doute la première fois qu'elle a besoin de lui. C'est la première fois qu'elle lui dit qu'elle a besoin de lui. Et il ne bouge pas. Comme si la voir souffrir lui montrait ce à quoi il a échappé de justesse. Comme s'il avait peur que cette souffrance soit contagieuse, comme s'il était soudain si sûr de ne pas vouloir vivre ça. Eviter à tout prix ces larmes qu'il voyait couler sur son visage. Il se rend compte, en la voyant à terre, qu'il a échappé au pire. Il pourrait presque soupirer de soulagement."
Il y a pire que l'absence, il y a l'ignorance et le silence.
Elle sent les tensions qui flinguent le quotidien émerger, les frustrations de l'un contre l'autre, de l'un envers l'autre, de l'un à cause de l'autre.
Elle essaie, elle se force, elle se dit que le désir d'enfant, c'est pet-être comme l'appétit, ça vient en mangeant.
Ce soir là, ils ont surtout senti que plus rien ne serait comme avant. Que désormais, ils avanceraient sur un fil. Qu’il suffirait que l’un trébuche pour que les deux tombent. Que ce n’était qu’une question de temps.
Elle lui dit qu'elle vient de quitter son homme (…). Et il ne bouge pas. Comme si de la voir souffrir lui montrait ce à quoi il a échappé de justesse.
De ses deux hommes, elle n'en a plus aucun. Elle se met à pleurer sur cette vie si douce qu'elle n'a pas su préserver. Elle pleure d'avoir joué et d'avoir perdu. Elle pleure de lui faire du mal, à lui, cet homme parfait qu'elle a aimé, à qui elle n'a tellement rien à reprocher. Lui qui ne mérite tellement pas de souffrir. Lui si droit, si honnête. Lui qui ne peut tellement pas comprendre. Il lui dit qu'elle était la femme de sa vie. Elle ne l'aime plus. Il serait si facile de rester, de le laisser la réconforter, oublier petit à petit cette histoire de fous qui n'a mené nulle part. Et pourtant, elle sait qu'elle va partir. Elle sait que cette fois, elle ne peut plus faire semblant, elle ne peut plus lui mentir. Elle n'a qu'un besoin, vital, urgent, le besoin de se reconstruire, d'arrêter de souffrir, souffler, respirer. Avant d'imaginer sa vie. Plus tard.