Ô la désillusion amoureuse! Une dent de lait retardataire venait de tomber. L'homme enfonça sa langue dans cet endeuillement. Aucun rapport entre la poésie et ces grognements d'ours que je repoussais avec des mains d'enfant trahi. J'étais ce bois de réglisse qu'un reître mâchonnait sous un porche glacial. Forçant vainement mes cuisses avec son genou il me traita d'allumeuse. Mes larmes gelèrent sur mes joues. Rentrée chez moi, je consultai le dictionnaire : " Allumeuse: celle qui éclaire, qui donne de la lumière." La petite sœur des prophètes...
Les filles sont des poèmes lus par des imbéciles.
Le délice de se trouver jolie, si aucune charité n'y entre, n'est qu'un crime imbécile. Les filles sont la vitrine du monde. Que se passerait-il si elles décidaient de la faire voler en éclat pour exister, enfin ?
Ecartant de sa main la nuit de ma chevelure, il plaqua sur ma nuque la chose la plus dangereuse du monde : un baiser d'homme.
Mon drame n’est pas celui des femmes : c’est celui des penseurs, des voyants, des poètes. Ce sont leurs visions qui m’assaillent, leur foudre qui me tue. Le « je-ne-sais-quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue » n’effleure pas les femmes, puisqu’il n’est que les hommes pour questionner la mort.
Penser pour une femme, quelle folie ! Cela commence par un accroc dans le velours noir de la nuit, par quoi entre l’eau sale des idées, ruinant le velours rose du cœur.
L’abîme des femmes exige une vision neuve. Le trait infinitésimant leurs yeux cherchait son exégète : je me crus désignée pour ce haussement d’âme.
Est-ce elle-même qu’une fille admire dans la glace, ou bien la foudre qui traça son visage ? Ni les filles du Tonnerre montant sur le bûcher de la conscience, ni les poétesses russes faisant de leur cœur une cache d’armes n’avaient éclairé leur mystère.
« Tu es un morceau de cristal noir effilé et très pur. » À quoi bon devenir savante puisque les mots d’amour sont les seuls dont tu te souviendras au dernier jour ?
Dans une bibliothèque publique, j'ouvris un vieux dictionnaire : "Allumeuse : celle qui éclaire, qui donne de la lumière." La petite soeur des prophètes...
Le corps des filles n’est pas seulement leur corps, il est aussi leur pensée.
Mon corps n’était qu’un muscle.
Le souffle atomique du désir souleva ma robe. Je sentis sur ma peau l’attouchement impalpable. Les yeux cobras gobaient mes jambes duveteuses.
Aucune science n’explique l’agencement parfait des viscères d’une jeune fille. Son nombril d’or illumine l’Univers. Plus qu’une faveur sexuelle, c’est de leur prouver Dieu que les hommes lui demandent.