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3,82

sur 130 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai été un peu déroutée par le vocabulaire utilisé par l'auteur. En effet, Michel David est Québécois et son roman se déroule au début du XXème siècle dans le milieu rural. L'histoire, malgré quelques longueurs, est bien construite. Il y a de nombreux rebondissements dans le récit.

Les personnages sont attachants surtout ceux qui gravitent autour de Corinne, par exemple Rosaire l'orphelin qu'elle prend sous son aile. Il est facile pour le lecteur de ne pas se faire berner par Laurent. Corinne parait bien naïve à épouser un tel homme et on imagine bien que dans les autres tomes elle va vivre des épreuves encore plus difficiles que dans ce premier opus.

Ce premier tome est marqué par les débuts du jeune ménage et l'absence de Laurent parti aux chantiers. Cependant, l'auteur ne se focalise pas seulement sur la vie quotidienne de Corinne, il s'intéresse aussi à la vie du village, notamment la reconstruction de l'église sujet de nombreuses controverses et disputes. Corinne est amenée à s'occuper de l'école en l'absence d'institutrice. Elle va nouer des liens avec les enfants et les gens de sa commune d'adoption. En revanche, elle devra faire face à sa belle-famille froide et sans coeur et à l'absence de son mari.

Ce roman m'a plu car c'est un roman historique qui se passe dans le milieu rural au Québec. de plus, la qualité d'écriture de Michel David est excellente. J'ai hâte de lire la suite.

Merci aux éditions Kennes et à Babelio
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Michel David place son intrigue dans le Québec rural de 1900. Dans le petit village de Saint-François-du-Lac, la jeune Corinne Joyal attend le retour de Laurent Boisvert, son galant du village de Saint-Paul-des-Prés. le printemps est là et les hommes rentrent du chantier où ils ont travaillé durant l'hiver, lorsqu'il y a moins à faire à la ferme. Ses frères sont rentrés, eux ! Et ils avaient même écrit à Noël, ce que n'a pas fait Laurent…

Lorsque celui-ci rentre enfin, il tente de s'excuser de ces longs mois sans nouvelles. Et le voilà qui fait sa demande à Corinne ! Les jeunes gens ne se fréquentent pas depuis si longtemps mais Corinne dit oui … elle l'aime, son Laurent ! Avant le mariage, il faut toutefois que Laurent obtienne un autre oui ; celui de ses futurs beaux-parents. Ceux-ci sont moins chaud mais après s'être assuré auprès de leur futur gendre qu'il pendra toujours soin de leur plus jeune fille, ils finissent par donner leur consentement. Commencent alors les préparatifs du dîner de fiançailles et du mariage …

Les Joyal sont une grande famille unie. Une famille de travailleurs où on ne vit peut-être pas dans l'opulence mais où l'on ne manque de rien non plus. Les frères de Corinne travaillent encore tous encore à la ferme avec leur père. Ses deux soeurs, elles, sont déjà parties de la maison mais reviennent très souvent rendre visite. Chez les Joyal, on ne laissera jamais tomber personne.

Corinne va malheureusement découvrir qu'il n'en est pas de même chez les Boisvert. le patriarche est plutôt pingre, même avec sa propre famille. Il semble également dépourvu du gêne de la politesse et n'a pas l'air de l'avoir inculqué à ses enfants. Laurent est un gentil garçon, un peu fainéant parfois, c'est vrai, mais rien ne laissait présager qu'il venait d'une telle famille. Presque aucun Boisvert ne se donne la peine de se déplacer pour leur dîner de fiançailles et si cela choque Corinne et sa famille, Laurent, lui, se contente de hausser les épaules. C'est sa famille, il s'en accommode. Bien élevée, Corinne s'en accommodera aussi. Mais faudrait pas non plus essayer de lui marcher sur les pieds parce qu'elle révélerait très vite son caractère.

Vous l'aurez compris, l'intrigue de Un bonheur si fragile est assez simple : un jeune couple se fréquente, se fiance et se marie. Bien sûr, c'est surtout l'histoire de deux familles qui se rencontrent et doivent composer l'une avec l'autre. C'est une histoire somme toute banale mais je me suis vite attachée aux personnages. J'ai eu peur au début parce que Corinne m'énervait durant les cinquante premières pages mais elle m'est vite devenue très attachante. Et puis, surtout, il y a un petit quelque chose qui m'a accroché et je savais que tel serait le cas car c'est déjà ce qui me plaisait dans la BD Magasin général : le québécois. C'est une langue plaît beaucoup à mon oreille et j'adore en apprendre de nouveaux mots et expressions. Pantoute, c'est correct, faire le train, et tant d'autres viennent donner au lecteur un certain dépaysement. Je ne sais pas si l'on parle encore comme cela au Québec en 2015 mais qu'importe, ce langage aide à s'immerger dans le roman.
Lien : http://milleviesenune.com/un..
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Avec cette première partie , on fait connaissance du personnage clé , qui est Corinne Joyal . C'est une toute jeune fille de 19 ans , qui en ce tout début de XXe siècle , vit avec sa famille et rêve d'épouser son beau Laurent ! Celui ci appartient à une famille d'un autre village et vient veiller de temps à autre avec sa blonde .

D'intrigue il n'y a pas , très vite le mariage a lieu et l'on perçoit de suite qu'elle sera une mal mariée ....comme tant d'autres .....

Le récit se déroule sur deux plans , le premier, qui est la vie quotidienne de Corinne avec ses multiples tâches et les péripéties du quotidien et le second qui nous fait découvrir les batailles politiques entre les deux camps du village ... Ce n'est pas tout à fait Don Camillo mais il y a une belle lutte de pouvoir entre quelques mâles qui se considèrent comme notables .

Corinne n' est ni trop mièvre ni trop rebelle et sa générosité , comme ses efforts pour être digne et prendre son destin en main en font un personnage bien sympathique auquel on s'attache assez vite .

La langue utilisée par l'auteur ,pleine d'expressions du cru ,est un régal !

Le tout en fait un livre très plaisant à lire , je me suis glissée dans l'histoire sans difficulté et lu ce joli pavé en deux coups de cuillère à pot avec l'envie de connaître la suite !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Merci à Babelio et à Michel David pour cette immersion dans le Quebec du début du XXème siècle.
L'auteur nous introduit d'abord au presbytère de St Paul des Près et le décor du roman est planté : la dureté de la vie, la pauvreté des habitants mais aussi leur solidarité face aux écueils de la vie, et l'importance de la religion. Puis nous entrons avec Corinne, la fille cadette, dans la maison des Joyal et découvrons à travers eux le quotidien des villageois rythmé par les saisons et les travaux de la ferme. Les femmes sont au service des hommes, qui s'ils exécutent les durs travaux à l'extérieur, ont quelques privilèges que revendique Corinne. Cependant, très vite on réalise que les femmes, certes réduites aux tâches ménagères, régentent la vie quotidienne : chez les Joyal c'est Lucienne la mère qui commande, et Corinne n'est pas prête à se laisser marcher sur les pieds par son fiancé, ni plus tard par son mari ou son beau-père…
L'auteur réussit à nous immerger totalement dans la vie de cette famille sans longues descriptions ennuyeuses ; chaque nouveau personnage, chaque nouveau décor prend vie sous nos yeux dans le récit du quotidien de Corinne, qui chaque jour se bat pour construire son bonheur, surmontant une à une les difficultés, forte de l'affection de sa famille et des amis dont elle sait s'entourer. Et on ne peut lâcher le roman car les anecdotes s'enchaînent les unes après les autres, et chaque réponse amène un nouveau questionnement.
J'ai apprécié le style de l'auteur : beaucoup de dialogues émaillés d'idiomes québécois : aucun de problème de compréhension tant ils sont imagés, mais un dépaysement assuré…
J'ai hâte de découvrir la suite de la saga…
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N°936– Juillet 2015

UN BONHEUR SI FRAGILE (I - L'engagement) - Michel David- Kennes Éditions.

Nous sommes en avril 1901 à Saint Paul des Prés (Québec), paroisse rurale et catholique où la vie est rythmée par les saisons, animée par des vertus d'entraide, de travail, de piété et encadrée par un clergé tout-puissant. Comme partout il y a une fille en âge de se marier, Corine Joyal, qui attend Laurent Boisvert son fiancé. Ils finiront par se marier et elle vérifiera à ses dépends que le mariage est une loterie où elle n'a pas forcément gagné puisqu'ils ne se ressemblent pas vraiment. Elle est aussi généreuse, travailleuse et sensible qu'il est dépensier, fainéant et porté sur l'alcool et les femmes… En entrant dans cette nouvelle famille, elle doit non seulement faire face aux faiblesses de son mari que pourtant elle aime mais aussi à son beau-père, autoritaire et pingre. Volontaire, elle s'opposera fermement à lui devant qui tout le monde avait l'habitude de plier, en obtenant notamment un poste d'institutrice temporaire malgré sa qualité de femme mariée. Elle satisfera à ses fonctions et bousculera la tradition qui voulait qu'une telle enseignante soit célibataire et qu'un homme marié fasse « vivre sa femme ». Elle saura aussi s'élever contre les mauvaises habitudes de Laurent et s'imposer comme la maîtresse de maison, même en l'absence de ce dernier, parti travailler pendant l'hiver sur un chantier lointain. Elle fera l'admiration de tous en gérant au mieux le peu d'argent du ménage dont elle dispose. Bien sûr, elle tombera enceinte et le curé ne manquera pas de lui rappeler que les enfants sont un don de Dieu selon le discours admis à cette époque. C'est Lui qui donne la vie mais c'est aussi lui qui l'enlève aux hommes mais le dogme religieux a soin d'habiller cela avec « les sacrements de l'Église », « la résurrection » et « la vie éternelle ».

Cette histoire qui est aussi une histoire d'amour en pointillés entre Corine et Laurent, se passe dans un contexte général d'opposition politique entre deux partis à l'intérieur d'un village pour une querelle de clocher (au sens propre comme figuré) qui va secouer ce microcosme pendant une année entière, sur fond de futures élections, de trahisons anciennes et de luttes d'influence, avec, à la clé, une histoire de gros sous et d'omniprésence du clergé local. C'est un roman qui dépeint non seulement la société de l'époque avec son organisation, ses coutumes, son système fiscal, ses rituels religieux mais aussi le respects dû aux autres. Corinne fait une place au « quêteux » et accueille spontanément chez elle le grand-père de son mari en le sortant de l'hospice malgré ses faibles moyens. Je remarque aussi que, si le climat est rude, l'ambiance dans le village est chaleureuse et très marquée par la solidarité entre voisins et entre générations. L'auteur croque des personnages attachants tout en évoquant la rudesse du quotidien et en plongeant son lecteur dans la vie de ce Québec du début du XX° siècle. J'ai apprécié le premier volume de cette saga non seulement parce qu'il y est question de nos chers Québécois mais aussi parce que j'ai goûté des expressions vernaculaires savoureuses telles que « Faire le train », « Attendre la visites des sauvages », « Manger les vitres », « Cogner des clous », « Se faire parler dans le casque »... et je ne parle pas des jurons ! J'y ai même mentalement ajouté l'accent que nous Français aimons tant de la part de nos cousins de « La Belle Province ». En tout cas cette saga mérite bien le titre de « roman du terroir ».

Quand j'ai reçu ce premier tome de la part de Babélio et des éditions Kennes que je remercie chaleureusement, je me suis dis qu'un ouvrage d'une telle épaisseur (527 pages) allait me procurer une lecture laborieuse et peut-être ennuyeuse. Que nenni ! J'ai eu plaisir à le lire non seulement parce qu'il est un témoignage bien vivant de ce passé révolu, mais aussi parce qu'il est bien écrit et s'attache son lecteur jusqu'à la fin. Certes, ce peuple m'est étranger par bien des points, les choses ont changé depuis plus d'un siècle, la société s'est modifiée mais, même s'il y aura toujours des fâcheux, des égoïstes, des profiteurs, des parasites, des récalcitrants incapables de s'adapter à la vie en société, j'ai trouvé cette histoire pleine d'une entraide de bon aloi mais je ne suis pas bien sûr que cette dernière ait encore cours de nos jours.

Je ne connaissais pas l'oeuvre de Michel David, décédé en 2010. J'ai apprécié de roman même si le sens de certaines expressions m'a quelque peu échappé, un glossaire eût sans doute été utile pour le lecteur peu averti que je suis. Il m'a cependant procuré un agréable moment de lecture.

Hervé GAUTIER – Juillet 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Très souvent, les romans du terroir sont considérés comme les parents pauvres de la littérature, plus faciles à trouver en tête de gondole des supermarchés qu'en librairies. Moi, je le revendique, j'aime ces histoires ancrées dans un temps, un territoire, avec des personnages d'origine modeste dans la plupart des cas. J'apprécie par exemple les livres de Daniel Cario, plus particulièrement "Le brodeur de la nuit" et "la parure du cygne" qui nous montrent le quotidien des brodeurs bretons au milieu du XIXème siècle (eh oui, la broderie sur drap de laine demandait de la force et ce métier était exercé par des hommes). C'est pour cette raison que j'ai saisi l'opportunité de lire le tome 1 de la saga québécoise de Michel David.

C'est un roman qui tient toutes ses promesses. Les amateurs de la série "Magasin Général" de Loiseul et Tripp retrouveront une ambiance semblable et des protagonistes tout aussi hauts en couleur. L'histoire débute à Saint-Paul-des-Prés, en pleine campagne en 1901. Corinne Joyal, presque 19 ans, habite un village voisin et coule des jours heureux mais pas exempts de labeur dans la ferme familiale. Sa mère, Lucienne, maîtresse femme, mène son monde, et il est fort nombreux, à la baguette. Même son mari, Napoléon, ronchonne pour la forme mais file doux devant son épouse. La vie est rude, rythmée par les travaux des champs, les soins aux animaux et les aléas du climat. le lecteur en apprend beaucoup sur cette existence où la subsistance tient à un travail acharné. Les corvées ne cessent que le temps de se rendre à la messe car l'église et son curé sont des piliers du village.

Notre jouvencelle est courtisée par Laurent Boisvert, natif De Saint-Paul, qui vient chez elle pour la veillée et faire le joli coeur sous la surveillance au combien étroite de Lucienne. Ce n'est pas sans appréhension qu'elle va laisser sa fille épouser ce garçon trop poli pour être honnête. L'auteur centre son roman sur cette jeune femme qui va quitter les siens pour s'établir dans le village de son mari. Les premiers mois lui permettent de s'affirmer quitte à sortir du rôle convenu de l'épouse docile et soumise.

Ce roman met aussi en scène les habitants du village, qui se chicanent sur l'emplacement de la nouvelle église ou pour des motifs politiques. Le" gang" du curé Anselme Béliveau, qui trouve plus de courage dans une consommation régulière de gin que dans l'exercice de la prière est en bisbille avec celui de Gonzague Boisvert, qui ferait passer L'avare de Molière pour un panier percé. Les dames de la paroisse se volent parfois dans les plumes et la préparation de Noël engendre quelques scènes cocasses.La langue, truculente, pour un lecteur français, participe du plaisir de la lecture.

J'ai passé un excellent moment en compagnie de Corinne Joyal et des siens et la fin me laisse sur ma faim... J'ai très envie de me procurer le tome 2 !
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Voilà une histoire qui met en valeur les qualités et le volontarisme d'une jeune femme dans le Québec rural des années 1900. Les personnages sont nombreux : la famille Joyal et a famille Boisvert et tout le village de St Paul Des Prés.
Corinne va épouser le fils Boisvert. Dès le début, il est décrit comme un homme paresseux, plus enclin à la boisson qu'au dur labeur de la terre.
C'est la vie de Corinne qui va être racontée au fil des pages ; elle va être en butte aux difficultés du quotidien sans grand soutien de la part de son époux.
La lecture est agréable, avec ce petit côté amusant du langage propre à cette région du Canada. C'est vif, amusant, coloré avec des expressions et mots du crus : pantoute, les débarbouillettes,par exemple.
le livre se termine : Corinne attend le retour de son époux....
A suivre avec le tome 2 qui titre "Le Drame"
Plus de 500 pages que l'on tourne avec empressement tant l'atmosphère est, somme toute sympathique.
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Une saga familiale au Québec en 1900.
Les personnages, nombreux sont attachants ou détestables. La rudesse de la vie paysanne sous le climat canadien, la bonne éducation, les codes et les coutumes ainsi que la grande place de l'église sont autant d'éléments qui nous font en demander plus!

Vite allons lire le deuxème tome!
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La belle Corinne Joyal attend avec impatience le retour de son Laurent, parti pour l'hiver travailler sur un chantier. Hélas, alors que tous les hommes sont rentrés, aucune nouvelle de Laurent. Corinne sent la moutarde lui monter au nez en apprenant qu'on l'a vu dans un hôtel de Yamaska, passablement éméché . Aussi, au moment où il arrive enfin, fringant et sûr de lui, la jeune fille lui assène-t-elle ses quatre vérités .
Mais Laurent est un charmeur. Il a de bonnes excuses à opposer à chaque reproche.
Et puis, Corinne est folle de lui. Aussi finit-elle par lui pardonner et accepter sa demande en mariage.
A-t-elle eu raison ? La famille Boisvert n'est guère sympathique et la maison délabrée dans laquelle elle doit aller vivre, bien éloignée des siens .
Mais Corinne est une femme de caractère, capable de faire face à l'adversité.
Ce roman de plus de cinq cents pages n'est que le premier tome d'une série qui en compte quatre. Il est qualifié de « roman du terroir » et se déroule au Québec au début du XXe siècle, puisque ce volume couvre une année : l'histoire commence en 1901 et, à la dernière page, qui se clôt par un frustrant « à suivre », le printemps 1902 est arrivé.
Je me méfiais. En effet, j'ai lu quelques romans canadiens que j'ai moyennement, peu, voire pas du tout appréciés.
En revanche, j'aime les histoires de familles et les sagas historiques. Puisque j'avais l'occasion de recevoir ce livre, je me suis laissé tenter.
Je n'avais jamais entendu parler de Michel David. Mais il est vrai que la littérature québécoise est assez mal connue en Europe, mis à part quelques rares exceptions.
J'ai donc appris avec surprise qu'il était linguiste et avait exercé comme professeur de français. A sa retraite, en 2003, il s'était mis à l'écriture, mais non pas en modeste dilettante ! Partageant son temps entre la rédaction de manuels scolaires et celle de romans historiques, il avait écrit cinq sagas de quatre tomes chacune, publiant trois romans de plus de cinq cents pages chaque année, jusqu'à sa mort prématurée en 2010, à l'âge de soixante-cinq ans. Adieu l'image du petit retraité cultivant quelques fleurs sur son balcon, ou pêchant le goujon aux beaux jours !
« Un bonheur si fragile » nous emmène dans le village de Saint-Paul-des-Prés où Corinne va vivre après son mariage.
Deux histoires se mêlent : celle de la jeune femme (elle a à peine dix-huit ans) et de son entrée dans la vie adulte, et celle des rivalités de clocher entre les marguilliers du village. Deux clans s'opposent : celui de Gonzague Boisvert, le détestable beau-père de Corinne, et celui d'Anselme Béliveau, le curé de la paroisse. Tous deux veulent voir reconstruite l'église, partie en fumée lors d'un incendie suspect, mais l'un la veut à la place de l'ancienne, l'autre au milieu du bourg.
Tous les coups sont permis et aucun des partis n'est prêt à faire la moindre concession.
Mais, bien évidemment, ce qui intéresse le plus le lecteur (du moins, c'est mon cas), c'est la vie de l'héroïne. Au début du récit, Corinne Joyal est une fille « gâtée » par ses parents. Tout est relatif, bien sûr. Cela signifie que son père tolère qu'elle invente mille prétextes pour ne pas « faire le train » (traire les vaches) et que, malgré la méfiance qu'elle éprouve envers ce joli-coeur de Laurent Boisvert, Lucienne, la mère, ne veut que le bonheur de sa fille et accepte de la lui donner en mariage.
Le récit nous la montre obligée de prendre des responsabilités : se partager entre l'entretien d'un ménage et un poste de maîtresse d'école, capable de tenir tête à son terrible beau-père et d'endurer seule six mois d'un rude hiver pendant que son mari est parti travailler sur un chantier. Corinne met un point d'honneur à se débrouiller avec un maigre pécule, sans demander l'aide de ses parents, ni ouvrir un crédit chez les commerçants. Elle vient au secours d'un voyageur qui a eu un accident dans la tempête de neige, résiste à un agresseur, dégage la route devant la maison alors que les congères sont si hautes qu'on ne distingue plus les clôtures. Et surtout, elle affronte la solitude. Si parfois elle est découragée, elle n'en laisse rien paraître. On s'attache à ce petit bout de femme, si courageuse, forte, volontaire, et on a bien envie de poursuivre son histoire en achetant le deuxième volume !
Beaucoup de dialogues truculents rendent le texte très vivant. Ils sont truffés d'expressions québécoises que le contexte permet plus ou moins de saisir. Mais j'ai consulté des dictionnaires par prudence : «  Elle viendra pas faire l'école parce qu'elle a décidé d'aller vivre chez sa soeur à Lévis. Çà fait que là, on a l'air fin. On est pognés avec une école sur les bras où il y a pas de maîtresse. - Il y a pas moyen d'envoyer les enfants du rang au village ou dans une autre école de rang ? (…) - Pantoute. L'école du village est déjà pleine à craquer avec tous les enfants du rang Saint-André (…) On va chercher une autre maîtresse, torrieu ! (…) Je suis tout de même pas pour aller jusqu'à Sorel pour m'en trouver une ! »
On apprend énormément de choses sur la vie dans un village du Québec rural au début du XXe siècle : il y a dans les maisons une cuisine d'hiver et une cuisine d'été, il faut déménager les ustensiles à chaque changement de saison. On se déplace en carriole attelée, on ne peut cuisiner qu'en allumant le poêle, hiver comme été. Les hivers sont d'une rigueur extrême et, quand on a quitté la maison pendant la journée, on grelotte le soir en rentrant, jusqu'à ce que le poêle, qu'on a rallumé, dispense un peu de chaleur, mais uniquement dans la pièce où il trône. Les chambres, à l'étage, ne sont pas chauffées. On découd et on lave des sacs de farine pour y tailler des langes pour les enfants. On récite d'interminables prières, à genoux sur le carrelage, avec interdiction de s'appuyer. Les femmes mariées ne peuvent être maîtresses d'école. Tous les enfants du village sont dans la même classe : les plus grands aident les plus petits, il y en a un qui est responsable de la « fournaise » (le poêle à bois) et les élèves sont sollicités pour toute sorte de corvées. Quand on a besoin d'aide, on va chercher un petit orphelin qu'on traite comme un esclave. Beaucoup d'hommes sont analphabètes. Quand ils travaillent sur le chantier, l'hiver, ils dépendent d'un compagnon plus instruit pour leur lire leur courrier ou pour écrire une lettre.
De nombreuses anecdotes émaillent le récit. Les noms des habitants sont très comiques et m'ont fait rire : Rose Bellavance, Angélique Brisebois, Eusèbe Tremblay, Aurèle Chapdelaine, Elzéar Meunier, et j'en passe.
Alors que, de nos jours, les futures mères sont suivies de près et soumises à une interminable batterie de contrôles de toute nature, l'examen médical de l'époque se résume à : « A part le mal au coeur, est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va pas ? - Non. - Tu manges bien ? Tu dors bien ? - Oui docteur. - Parfait, tout est en ordre. »
J'ai été révoltée et indignée par le sermon du prêtre, lors de l'enterrement d'un petit enfant : « Le curé Duhaime l'exhorta à faire preuve de courage, après avoir rappelé que les enfants ne sont que prêtés par Dieu aux parents et qu'il lui est toujours loisible de les rappeler à lui quand bon lui semble. » Cette « consolation » est tellement cruelle, inhumaine!
Je me suis attachée à Corinne et j'aimerais connaître la suite de ses aventures.
Il est vrai que les personnages sont un peu manichéens. Mais cela ne m'a pas dérangée. de temps en temps, c'est amusant de faire comme les enfants et de se réjouir quand il arrive une tuile au « méchant » ou quand le « bon » est récompensé.
Donc, j'ai beaucoup aimé cette lecture et je remercie chaleureusement l'opération Masse critique, ainsi que les éditions Kennes qui m'ont permis de passer un agréable moment dans cet univers.
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Ce livre est le premier tome d'une saga en quatre volumes. C'est un roman du terroir québécois. L'histoire se passe au tout début du XXème siècle, Corinne Joyal vit dans la paroisse de Saint-François avec ses parents et ses frères, une famille aimante, travailleuse et solidaire. Elle est amoureuse d'un beau garçon, Laurent Boisvert, qui vient de la paroisse De Saint-Paul. Elle rêve du grand amour et espère rapidement se marier, avoir sa maison et fonder une famille. A 19 ans, Corinne est plutôt naïve, et c'est une fois mariée qu'elle découvrira que la famille de son mari est bien différente de la sienne. Son beau-père, Gonzague Boisvert, est l'un des plus riche de la paroisse, mais il est très près de ses sous et il a des comportements égoïstes. Laurent est de nature paresseuse et n'hésite pas à dépenser le peu d'argent du couple pour aller boire et faire la fête... Heureusement, Corinne pourra compter sur le soutien de Juliette, la soeur de Laurent, de Rosaire, un jeune orphelin, de ses voisins proches et de Wilfrid Boucher, le grand-père de son mari. le quotidien de Corinne et Laurent est décrit au fil des saisons avec en arrière plan un conflit entre Gonzague Boisvert et le curé de la paroisse De Saint-Paul autour de la reconstruction de l'église
Dépaysement garanti, le lecteur est plongé dans l'ambiance du lieu et de l'époque avec le vocabulaire particulier du patois québécois rural, je m'y suis facilement habituée, même si j'aurai bien aimé avoir un glossaire des expressions...
J'ai lu facilement et avec plaisir ce roman, les personnages sont attachants pour certains et détestables pour d'autres. Je compte bien, à l'occasion, lire la suite.
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