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Critique de Valerie78120


J'étais passée - je ne sais comment - à côté du phénomène "Les ignorants" à la sortie de l'album et c'est la lecture du "Chien qui louche" - dont j'ai beaucoup aimé les dessins croqués à Paris et au Louvre - qui m'a conduit ce week-end dans les vignes angevines de Richard Leroy.

La double année initiatique du dessinateur et du vigneron - chacun découvrant au fil des mois le métier de l'autre - s'apparente davantage à un postulat de narration qu'à une double initiation effective.

Car si Etienne Davodeau passe un temps fou dans les vignes de Richard Leroy (et nous avec lui), y travaille d'arrache pied en toute saison, s'initie aux secrets de la biodynamie, découvre l'éthique de son ami dans la fabrication du vin et son respect des sols et des ceps, taille, pulvérise, vendange, goûte volontiers toutes les bouteilles qui se présentent et forme son palais, la découverte de l'univers du métier de dessinateur est beaucoup moins étoffée.

Certes Richard Leroy lit - plus ou moins convaincu - quelques bandes dessinées, accompagne Etienne Davodeau chez son éditeur ou chez l'imprimeur, assiste à quelques salons et rencontre (c'est le plus passionnant en fait) Jean-Pierre Gibrat, Marc-Antoine Mathieu ou Emmanuel Guibert, on reste, malgré tout, frustré.

Autant nous voyons le vin de Richard Leroy se fabriquer au fil des mois, de la taille hivernale jusqu'à la mise en bouteille, autant nous ne voyons pas l'album d'Etienne Davodeau se dessiner. Nous ne saurons rien des dessins ratés, des feuilles déchirées, des heures passées le crayon à la main, de l'encrage, de ses choix artistiques pour la construction de l'album, de ses doutes, de ses fulgurances.

On rencontre le viticulteur mais on rate - c'est dommage - l'auteur de bandes dessinées.

Dans la dernière planche on est presque surpris d'apprendre que "Les ignorants" sont terminés.

Un regret aussi sur le choix de dessiner cet album là en cinquante nuances de gris.

Que j'aurais aimé voir les vignes de Richard Leroy en couleurs, au printemps, en été, en automne, en hiver, dans une explosion de vert, de rouge, de jaune ! Dessiner une vigne au fil des saisons en noir et blanc, c'est comme goûter un vin en souffrant d'agueusie.

Il reste un album plein d'humour et de sensibilité qui se lit d'une traite et qui donne envie de déguster une gorgée d'un Montbenault.
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