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Critique de BazaR


Lionel Davoust est spécialiste de l'initiation à l'art de l'écriture. Il anime régulièrement des ateliers. Il est l'un des membres du trio de la série Procrastination, avec Mélanie Fazi et Estelle Faye (cette dernière ayant remplacé Laurent Genefort. On peut trouver cette série sur le site Elbakin.net par exemple). Et à présent, il publie un livre sur le sujet.

Je dois avouer que le début me déstabilise. Je n'arrive pas à capter clairement des phrases plutôt abstraites, étayées par des références à des auteurs que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam (c'est sûr, Lionel Davoust lit de tout). Mais une certaine compréhension finit par en émerger. Par exemple si on a une idée, il faut l'attraper, la saucissonner sur une chaise, lui balancer l'intense lumière d'une lampe dans la face et lui tirer les vers du nez. Autre chose : il faut s'allonger sur son divan et se psychanalyser ; bien saisir ce que l'on aime, ce qui nous anime, en bref apprendre à se connaître.

Puis les choses s'améliorent. L'auteur utilise des petits dessins et fait acte d'humour rafraichissant (seule la première trilogie Star Wars fait partie de l'orthodoxie !). Surtout, il se met à mon niveau avec des exemples variés et éclairants. Je tiens d'ailleurs à remercier ses deux figurants Jean-Eudes et Ultrogothe (non, ce n'est pas le dernier ennemi en date de Goldorak) qui ont dû subir les diverses scénettes mises en scène par Davoust. Les techniques évoquées sont plus accessibles aussi, surtout celles concernant le point de vue et le temps de la narration (notions qui m'avaient déjà marquées dans les livres d'Orson Scott Card sur le même sujet).
J'apprécie la clarté de la définition d'une histoire : des gens intéressants, qui veulent quelque chose d'important, et c'est compliqué. L'auteur détaille mais c'est impressionnant de voir à quel point cette courte phrase résume bien. L'idée forte est que toute histoire se base sur des conflits, mettant en scène des volontés qui parfois se rentrent dedans de face et parfois vont dans des directions presque parallèles mais pas tout à fait, entrainant des frictions. Bref, un monde de Bisounours crée peu d'histoires (quoique).

Il m'est arrivé de faire des tentatives de gribouilles de nouvelles. Je retrouve dans ce livre tous les affres par lesquelles je suis passé, et bien pire. En particulier le fait que l'histoire finit par avoir sa propre volonté que l'auteur n'arrive pas à plier, sauf à pourrir son récit. Qu'il faut faire des concessions, se faire diplomate avec ses personnages. Une histoire, c'est un monstre de Frankenstein. « Je t'ai créé ! Tu me dois la vie ! Tu dois m'obéir ! » ben ça marche pas.
Tu as un début, mais tu ne sais pas quoi en faire. Argh ! Tu as un début, une fin, et un passage obligé, mais tu ne sais pas comment relier le tout. Re-argh ! Lionel Davoust dit « c'est normal. Ne vous inquiétez pas, on passe tous par là ».

La solution, finalement, c'est le travail. Écrire c'est bosser, le plus régulièrement possible. C'est ne pas se décourager. C'est aussi se faire plaisir, satisfaire son projet. L'auteur insiste beaucoup sur le fait que chaque personne a sa propre voix. Qu'il ne faut a priori rien s'interdire surtout si on le sent dans les tripes. Il apporte des techniques, mais laisse ouverte toutes les portes.

Je termine par une remarque à l'intention des auteurs : n'attendez pas la page 100 pour vous décider à décrire le physique des personnages. Je cherche toujours à me faire mon cinoche dans ma tête et je dois incarner immédiatement vos personnages. Si la description se fait désirer, je fais ma sauce. Si vous me dites tardivement que votre héroïne est blonde aux cheveux longs et que je me la suis imaginée brune coupe courte, votre portrait part directement à la poubelle de mon esprit.
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