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Spero Susanna (Autre)Paolo pasolini Pier (Autre)De Cock Laurence (Autre)Thurlotte Michel (Traducteur)
EAN : 9782748904956
208 pages
Agone (19/08/2022)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Édité pour la première en français en 1968, épuisé depuis la fin des années 1970, ce classique oublié rappelle la relégation toujours d’actualité des enfants pauvres. Mais ici la critique de l’école reproductrice d’un ordre social injuste est formulée par ceux qui le subissent.

« Chère Madame,
Vous ne vous rappellerez même pas mon nom. Il est vrai que vous en avez tellement recalés. Moi, par contre, j’ai souvent repensé à vous, à vos collègues,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Critique de l'école reproductrice formulée par ceux qui la subissent. À la fin des années 1960, huit adolescents de Barbiana, hameau situé à une trentaine de kilomètres de Florence, aidés par leur enseignant, Don Lorenzo Milani, rédigent collectivement, une « lettre à une enseignante ». Recalés du système scolaire italien, ils en dénoncent l'injustice, l'inhumanité, l'élitisme, les dysfonctionnements structurels, et expliquent leur colère contre cette école qui rejette les enfants des pauvres et les enseignant·es qui constituent une classe privilégiée qui défend avant tout ses privilèges.
(...)
On comprend pourquoi cet ouvrage, paru en 1967, a participé à enflammer l'Italie. Il mérite cependant d'être lu encore aujourd'hui, alors que l'individualisation des parcours et tant d'autres opérations de sabotage de l'école publique, ne contribuent qu'à renforcer la reproduction sociale.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Chère Madame,
Vous ne vous rappelez même pas de mon nom. Il est vrai que vous en avez tant recalés.
Moi, par contre, j'ai souvent repensé à vous, à vos collègues, à cette institution que vous appelez l’“école“, et à tous les jeunes que vous “rejetez“.
Vous nous rejetez dans les champs et à l’usine, puis vous nous oubliez.
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J'ai appris que le problème des autres est pareil au mien. Que s'en sortir tous ensemble, c'est de la politique. Et s'en sortir tout seul, de l’avarice.
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Il y a deux ans, en première année de l’École normale, vous m’intimidiez.
Du reste, la timidité m’a suivi toute la vie. Gamin, je ne levais pas les yeux de terre. Je frôlais les murs pour qu’on ne me voie pas.
J’ai d’abord pensé que c’était une maladie que j’avais, ou que peut-être ça tenait de ma famille. Il faut dire que ma mère est de ces femmes qu’intimide un formulaire de télégramme. Mon père observe, écoute, mais sans parler.
Plus tard, j’ai cru que la timidité était un mal des montagnards. Les paysans de la plaine m’avaient l’air sûrs d’eux. Les ouvriers, n’en parlons pas.
Mais je me suis aperçu que les ouvriers laissent aux fils à papa tous les postes de commande dans les partis et tous les sièges au parlement.
C’est donc qu’ils sont comme nous. Et que la timidité des pauvres est un mystère qui remonte à loin. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, moi qui suis en plein dedans. Peut-être que ce n’est ni de la lâcheté ni de l’héroïsme. Que c’est seulement un manque d’arrogance.
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Il y avait aussi, à leur programme, quelques morceaux choisis qu’ils savaient lire et traduire.
Si un inspecteur était passé, ils auraient fait meilleure impression que nous : l’inspecteur ne sort jamais du programme. Vous savez pourtant aussi bien que lui que ce français-là ne peut servir à rien. Alors pour qui le faites-vous ? Vous, pour l’inspecteur. Lui, pour l’inspecteur d’académie. Et lui, enfin, pour le ministre.
C’est là l’aspect le plus déconcertant de votre école : elle n’existe que comme fin en soi.
[...]
Les fins de vos élèves sont aussi un mystère. Peut-être rien, peut-être quelque chose de vulgaire.
Jour après jour, ils étudient pour leur carnet, pour leur bulletin trimestriel, pour leur diplôme, pour leur bac. En attendant, ils ne s’occupent pas de toutes les belles choses qu’ils étudient. Les langues, l’histoire, les sciences : tout se réduit à des notes et à rien d’autre.
Derrière ces petits bouts de papier, il n’y a que les petits intérêts de chacun. Le diplôme vaut des sous. Aucun de vous ne le dit. Mais, en fin de compte, c’est la seule vérité.
Pour avoir envie de travailler dans vos écoles, il faudrait être arrivistes à douze ans.
Les arrivistes à douze ans ne sont pas bien nombreux. C’est si vrai, que la plupart de vos élèves détestent l’école. La vulgarité de votre offre ne méritait pas qu’ils réagissent autrement.
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C’est comme ça qu’on a fait connaissance avec vous. À travers les élèves dont vous ne vouliez pas.
On s’est aperçu, nous aussi, qu’avec eux, faire l’école devient plus difficile. On a quelquefois envie de les envoyer paître. Mais, si on les perdait, l’école ne serait plus l’école. Elle serait un hôpital qui soigne les gens en bonne santé et renvoie les malades. Elle deviendrait un instrument de ségrégation toujours plus irrémédiable.
Vous n’avez pas envie de jouer ce rôle-là dans le monde ? Alors rappelez-les, insistez, recommencez depuis le début, à l’infini, quitte à passer pour des fous.
Il vaut mieux passer pour fou qu’être un instrument du racisme.
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