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Critique de lafilledepassage


Le narrateur, un ancien activiste des années de plomb en Italie, se retrouve en prison suite au meurtre de l'homme qui l'a dénoncé des années plus tôt. Pour recouvrer la liberté, il devra convaincre le magistrat de son innocence. Ou accepter l'alternative proposée par le magistrat, certes nettement moins honorable …

Le magistrat est un homme jeune qui n'a pas connu cette période troublée de l'Histoire Italienne. Il tente alors de comprendre les choix passés et les convictions de cet « idéaliste d'une révolution ratée ». Mais l'inculpé, obsédé par ne pas laisser de trace et par se fondre dans l'anonymat, dans un monde où chacun aspire à la notoriété et proclame haut et fort son individualité sur la place publique des réseaux sociaux, reste insaisissable.

Ce roman, qui aurait très bien pu être une pièce de théâtre car c'est une succession des P-V d'audience (sans le blabla juridique, rassurez-vous, ça reste lisible) et de lettres adressées par l'inculpé à sa bien-aimée, constitue une sorte de témoignage d'un temps où les jeunes s'engageaient dans le combat politique et sacrifiaient leurs aspirations individuelles au nom d'un idéal collectif.

À travers les lettres à l'aimée, le narrateur expose sa conception de l'amour, une conception ici aussi très idéalisée, où ce qui importe plus que tout est le bonheur de l'Autre, et tant pis s'il ou elle trouve ce bonheur dans d'autres bras. C'est la version généreuse de l'amour, respectueuse des choix de l'autre. Une vision devenue bien trop rare aujourd'hui.

Bon, personnellement, je n'ai pas accroché aux discussions politiques, peut-être parce que ce n'est pas vraiment ma tasse de thé et que Camus (« les justes » par exemple) et Sartreles mains sales ») nous ont largement parlé de l'engagement politique, avec beaucoup de brio …

Je suis sortie assez pessimiste sur l'évolution de nos sociétés, et les scènes de montagne sont trop rares pour me consoler de cet avenir que De Luca pressent liberticide et individualiste. En refermant le livre, l'exergue m'a semblé prendre soudain toute sa signification :

« Souvent, en écoutant tel ou tel récit, je pensais « c'est impossible, cela n'a pas pu se passer » et puis un an ou deux après, c'était devenu vrai. » (Isaac Bashevis SingerGimpel le naïf)
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