Premier roman fort réussi de cette auteure qui nous révèle son talent. Un livre qui nous tient en haleine par son style tout simple mais d'une grande efficacité, sa syntaxe simplifiée, un nombre restreint de personnages sans parler de l'aspect poétique qui traverse l'oeuvre de part en part.
L'intrigue se résume en une quête intérieure déclenchée par le suicide de la mère de V. et du journal de sa grand-mère, originaire d'Islande.
Le titre peut sembler intriguant. Est-ce la quête d'une falaise idéale du haut de laquelle se jeter ? Est-ce un symbole de stabilité et de force ? Voici quelques pistes:
"J'ai une falaise au bord des lèvres."
La magie (de notre histoire) s'effrite comme s'érodent
les falaises."
"Une falaise de laquelle se jeter
"Je n'en peux plus d'attendre. Je veux me projeter dans le paysage. Trouver la falaise."
Et puis cette falaise d'Islande où elle se rend souvent pour s'y ressourcer, reprendre vie.
Elle utilise brillamment des images poétiques qui décrivent ses états d'âme et son "moi" inaccessible.
"Je mets mes souliers, passe un manteau par-dessus ma peau et sors marcher."
Les trois femmes de ce livre ont chacune cette même quête d'identité qui semble aboutir finalement avec V. à son retour d'Islande.
Brèves références aux voyages d'une mère errante davantage subis que désirés par les enfants.
"Managua sentait la mangue, les poubelles tristes qui suintent au soleil."
Autres belles images poétiques: "On se baignait dans les dix secondes de soleil." écrit lors d'une promenade d'automne avec son chien.
"Une image des seins nus de Chloé restée prise derrière les paupières."
"Les yeux fermés pour plus qu'on me voit."
Bref, un premier roman extrêmement prometteur, une plume nerveuse avec pour fond une introspection qui n'ennuie jamais le lecteur.