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3,77

sur 207 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« J'ai l'automne à l'envers. En dedans au lieu d'en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.
C'est octobre.
Ma mère est morte et j'ai pas encore pleuré. »

Voici comment s'ouvre ce roman. Comme une éclipse d'une vision qui hantera à jamais l'auteure.

Voyage introspectif dans les eaux troubles de la maternité, ses silences, ses non-dits, ses apocalypses.

Au rivage des falaises de Gaspésie au Quebec, la mère de l'auteure est retrouvée morte telle une sirène échouée. Nul doute n'est permis. C'est un suicide. V. nous livre ici un texte hypnotisant d'une mère au bord du naufrage tout le long de sa vie, une femme ayant toujours préféré partir le plus loin possible. Toujours plus loin.
Ça la rassurait, trouver le chaos ailleurs. S'assurer qu'on existe encore à l'autre bout du monde.

Ce livre, ce sont quelques bribes poétiques, toujours immergées dans l'eau des falaises. Des éclipses temporelles, des émois de femmes, de deux soeurs, de deux corps à corps. Des tentatives pour accrocher l'oxygène, gonfler ses poumons d'instantanés quand reviennent en carambole les souvenirs.

Le roman s'entrecoupe des pages manuscrites de la grand mère, au temps où elle portait son enfant, la mère de l'auteure.
On devine une souffrance intergénérationnelle, un fardeau de mère en fille, une souffrance latente.

Les larmes sont au bord du coeur, retenues dans les eaux froides de Gaspésie. On entend les fantômes murmurer les chants des défunts, on voit des sirènes couler loin des bras aimants des marins, les falaises enlèvent, réveillent, retiennent et sondent les coeurs tristes.
Les falaises au bord des lèvres pour distiller l'encens de ces amours qui jamais ne s'éteignent.

Un premier roman hypnotisant à souhait, d'une rare beauté où viennent se perdre quelques mots québécois pas toujours évidents à comprendre, un langage à la fois fort, brûlant et jeune avec ces phrases abruptes sans négation, flottant entre poésie et regards acerbes.
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" Je cherche ma mère ma grand-mère ma galaxie de femmes. Éparpillées dans le monde, j'essaie de les retracer"...

Un premier roman d'une auteure canadienne très prenant, émouvant. Une quête difficile de la narratrice , revenue au bord du Saint-Laurent, là où sa mère s'est jetée d'une falaise. Elle reste au milieu de la maison maternelle , île -refuge, pour la vider, mais surtout pour comprendre ce vide en elle. Des souvenirs affluent, pas toujours agréables, et façonnent pour le lecteur une figure maternelle en fuite, proche de la folie, ayant laissé des traumatismes chez ses deux filles.

le texte est entrecoupé d'extraits des journaux intimes de la grand-mère, d'origine islandaise, et de courts poèmes inaugurant chaque chapitre.

Outre ces destins singuliers de femmes rebelles, apatrides, ce qui attire et retient le lecteur, c'est l'écriture. Pas vraiment les expressions canadiennes, même si elles sont savoureuses. Non, c'est l'aspect brut,sauvage, poétique qui saisit. Et provoque l'émotion. Parlant de sa soeur, elle écrit:

" Je regarde Ana. Ses yeux de feux de forêt,. de rivières qui sont sorties de leur lit. Ses cheveux toujous mêlés. Ses mains qui tremblent subtilement. Je regarde les fêlures dans sa façade. "

Il faudra un départ pour l'Islande, l'île des origines, pour, peut-être, se trouver et conjurer le passé, s'accorder douceur et apaisement... Un bien beau premier roman!
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Le nom de l'autrice de ce beau livre( a tous points de vue : Edts La Peuplade ) fait penser à "la belle province" et effectivement ce récit va des berges du St Laurent aux aurores boréales de l'Islande.
C'est un récit déjà lu avec plus ou moins de bonheur: le retour d'une jeune femme dans sa région natale après le décès de sa mère.
Ils s'agit donc de souvenirs partagés, grand-mère, mère, fille, chacune leur caractère, rebelle, aventureuse, posée. Illusions perdues, regrets, mais une attirance profonde pour les racines.
De l'émotion , une écriture fine et poétique, un premier roman réussi.
Il est à noter que le parler de la Gaspésie , à l'oreille ,nous plaît bien ,écrit, parfois il heurte un peu le déroulé de la lecture , mais c'est vraiment infime et donne du charme aux berges du St Laurent. Une bien belle lecture.
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Le fleuve a ramené son corps, mais son âme est déjà loin. Elle allait s'y jeter, un jour ou l'autre. Elle avait déjà essayé. Cette fois, personne ne l'a empêchée. V. doit soutenir sa soeur, vider la maison, faire son deuil. Elle se retrouve dans cette bâtisse dont l'escalier craque, encore pleine du parfum et des affaires de sa mère. Elle retrouve les journaux intimes écrits par sa grand-mère. Elle lit, et voyage entre trois vies : celle de sa grande-mère, celle de sa mère et la sienne. Toutes trois étaient à la recherche d'une terre et d'un sens. Dans cette maison où V. , sa soeur et sa mère posaient leurs valises entre deux voyages, elle se demande ce qui l'a poussé à partir, et surtout, à ne jamais vouloir revenir. Perdue sur cette falaise, qui semble si loin de son appartement métropolitain.

La plume ouvre la porte à la rêverie et s'interroge sur les origines. La narratrice nous ouvre son coeur, tout en nous tenant à distance. Un joli texte, qui plaira aux amateurs des styles nordiques.

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Acéré et impétueux. Comme une falaise. J'ai beaucoup aimé ce roman qui relate l'histoire d'un deuil vertigineux comme une falaise : le deuil d'une mère.

L'auteure arrive à transcender la souffrance infinie d'un océan de douleur grâce à son style d'écriture métaphorique, poétique et presque aérien. Elle réussit à nous faire voyager avec elle en nous berçant par le bruit des vagues, en nous faisant sentir l'air salin et les fines gouttelettes des embruns sur notre peau ainsi que le vertige ressenti tout en haut d'une falaise.

Ce fut une lecture douce et dure à la fois. Mais je ne retiens que la beauté du sentier sinueux emprunté par l'auteure pour exprimer toute la détresse vécue lors d'un deuil difficile. Une résilience, une force imposante et puissante...comme une falaise. Un chemin pour apprendre à trouver cet océan de beauté à l'intérieur de nous.

"Je m'arrête pour respirer l'ampleur de la beauté." Virginie DeChamplain
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Ce roman met en scène «une galaxie » de femmes, éparpillées de par le monde mais qui se rejoignent lors de la mort de la mère de la narratrice. Cette maman qui a bourlingué de par le monde avec ses filles, ne restant jamais longtemps au même endroit … une fuite en avant pour trouver une vie meilleure ? Mieux accompagnée ? Pour revenir à sa terre originelle : la Gaspésie où elle se donne la mort, raison du retour de ses filles qui y retrouvent une tante.
V., la fille narratrice restera seule pour assurer la suite du décès. Dans la maison, elle retrouvera des photos à partir desquelles elle retrace la vie chaotique de sa mère et par ricochet, la met face à sa propre existence, ses choix, ses doutes et ses douleurs. La découverte du journal intime de sa grand-mère permet de ponctuer ou d'expliciter certains chapitres, d'accentuer les similitudes entre la fille et la mère et d'expliquer les traumatismes qui hantent sa propre réalité.
Ce premier roman, très intimiste et touchant, l'est par cette introspection sans concession, mais aussi par l'atmosphère pittoresque des grands espaces sauvages décrits et la langue francophone si imagée qu'est le québécois. Poésie et psychologie s'articulent avec aisance, pour le plaisir d'une lecture dépaysante et enchanteresse.
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UN ROMAN HYPNOTISANT... ✨️

"J'ai l'automne à l'envers. En dedans au lieu d'en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. du vent qui craque dans la cage thoracique. C'est octobre. Ma mère est morte et j'ai pas encore pleuré."

Ainsi s'ouvre le roman. V. vient d'apprendre que l'on a retrouvé le corps sans vie de sa mère dans le ressac des vagues d'une plage non loin de la maison familiale. Sa mère, qui a choisi d'en finir, qui s'est changée en sirène, pour toujours et à jamais.

L'autrice quitte alors Montréal, direction la Gapésie, pour retrouver sa soeur et sa tante, les deux autres femmes qui ont été laissées, orphelines de celle qui n'est plus. Difficile de trouver la force, face à l'absence pour trier les affaires, vider la maison, ne conserver que l'essentiel.

Les falaises, c'est l'histoire d'un deuil ô combien vertigineux. C'est un voyage introspectif, au coeur de l'apocalypse de la maternité. Suivi d'un voyage sur un autre continent, pour s'assurer qu'on existe encore, ailleurs.

Pour combler l'absence, pour pardonner, V., va se plonger dans l'histoire de sa mère, et celle de sa grand-mère qu'elle n'a pas connue, partie juste avant qu'elle naisse...

Un roman rempli de poésie. Si brut et délicat à la fois. Virginie Dechamplain utilise du "parlé québécois" et ses mots sentent la Gapésie, le parfum des embruns. Les souvenirs qui jaillissent, les vagues qui frappent le ressac...
Un très court roman qui se lit d'une traite et qui secoue. Car on a tous nos falaises à gravir, nos vertiges à affronter...

Pas d'inquiétude, ce roman n'est pas larmoyant, la douceur l'emporte face à la tragédie et la souffrance est transcendée. Un récit qui marque par sa brutalité, son apreté. Même s'il est clair qu'il ne pourra pas plaire à tout le monde, j'ai été très touchée. Emportée par cette héroïne, dans cette valse des souvenirs et cette découverte des femmes qui l'ont précédée.

"Les femmes de ma vie. On se succède sans se voir, comme des ombres qui courent devant les miroirs, sacrent des coups de poing dedans et continuent leur route pour voir le monde."

Merci harpercollins pour cet envoi surprise et cette belle découverte !
Si vous l'avez-lu qu'en avez-vous pensé?



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Un roman francophone mais… Ultra dépaysant!!

Tout le monde connaît le basicobasic du parlé québécois (genre le char au lieu de la voiture) mais ici beaucoup de termes encore plus imagés et étranges pour moi qui suis novice…

Le récit est à l'image du parlé de là protagoniste: haché et parfois agressif, parfois mélancolique, toujours perdu et déroutant. le livre est court, certains chapitres font 2-3 pages, d'autres un paragraphe (ou même une ligne) ce qui donne une impression de course effrénée…

Course effrénée dont on attend la fin, avec une espèce de curiosité tenant presque du voyeurisme: quels mystères se cachent derrière tant de souffrances? Quelle relation avait-elle avec sa mère? Comment tout cela va-t-il finir?

C'était un roman étrange, dont la lecture était addictive mais déroutante, j'en sors essorée émotionnellement et interrogative: ai-je aimé? Oui… mais… C'est dur à expliquer! Il est gênant mais beau, troublant et intéressant…

Une lecture OVNI et originale!! A tester!
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V. revient en Gaspésie après le suicide de sa mère. Elle revient sur les terres qu'elle a fui il y a quelques années, comme sa mère avant elle. Cette mère qui, toute sa vie, a parcouru le monde avec ses deux filles comme on fuirait le chaos du quotidien.
V. a besoin d'être seule, de comprendre ce geste, de vider cette maison où elle a grandi entre deux voyages, de faire le point sur elle même car cette perte a créé un véritable vide en elle.
Dans le grand nettoyage, elle retrouve les lettres de sa grand-mère, décédée le jour de sa naissance, qui lui permettent de remonter et de comprendre un peu mieux les méandres de la généalogie familiale féminine.
Ces lettres entrecoupent régulièrement le récit et lui donnent du rythme.
Au départ un peu déboussolée par le québécois dans le texte, j'ai finalement été chamboulée (je n'irai pas jusqu'à dire bouleversée) par la puissance du récit, la rage de cette langue crue qui agit telle une catharsis sur les failles de la narratrice.
Les falaises, du Québec à l'Islande, vont avoir raison des émotions refoulées de V. Et nous on plonge dans les eaux glacées de ce voyage introspectif pour en ressortir finalement apaisé.e.s.
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V. a fui la Gaspésie dès qu'elle a pu, laissant derrière la maison, la mère, les femmes de sa vie. Mais un appel vient la chercher au coeur de la ville. Sa mère est morte, elle est partie. Alors V. revient. Un départ pour un autre, le dernier pour l'une, le nécessaire pour l'autre. Pour que la vague vienne, il faut que l'eau qui la compose se replie. Alors retour au nid, ni chaud ni douillet. Retour à l'enfance. Mais ça étourdit, ça engourdit, ça creuse le trou en dedans. Et au creux des murs, le long de la galerie, à travers les fenêtres qu'on laissent ouvertes, le vent s'engouffre, le froid avec. Plus de protection. Mise à nu. V. se découvre. de l'origine de son monde.

Sa mère est morte, sirène échouée, et son chant lui crie aux oreilles. Alors V. se recroqueville dans les carnets de sa grand-mère. Elle la lit, l'apprend. Cette grand-mère jamais connue se dessine et les femmes de sa vie prennent corps tandis que V. se souvient de son enfance, courue, au long des voyages incessants, imposés. Odeurs des villes, des paysages. Crises de mère. Partir encore. Fuite en avant. Courir le monde. Croiser les amants éphé-mères. Alors, petit à petit, tandis que les fils tissent, le voyage se profile. Des rives du Saint-Laurent à l'Islande. Suivre les traces. Elle qui était restée pour les effacer, ranger, nettoyer, les laisse finalement la guider. Venue pour faire le vide, elle fait le plein.

Ainsi, au pied des côtes hautes et abruptes, il y a le fleuve et parfois la mère, mais c'est dessus qu'il faut aller pour la trouver, et sentir son vide en-dessous. Nous avons tous nos falaises, nos blocs de roches érodées par le sel et le vent, par nos vies et ce qui les a construites. Nous les grimpons ou restons en bas à les regarder. Les falaises, créatrices d'écho quand on y crie, mères de vertiges si l'on regarde en bas, bâtisseuses d'horizons nouveaux si l'on regarde au loin. Et, sous la plume forte et poétique de Virginie DeChamplain, un peu tout ça, mais surtout un magnifique roman à lire absolument. Pour la beauté brute de son paysage, l'oralité à fleur de peau de son verbe, le souffle nouveau entre ses lignes. Et le voyage, par-delà les mères.
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