La BD est un pavé de 500 pages qui semble effrayant de prime abord mais se révèle en fin de compte assez rapide à lire (relativement au nombre de pages). Il contient de nombreuses pages sans dialogues, avec des paysages, des instants de vie et des moments contemplatifs. C'est une BD qui prend son temps et pose son sujet petit à petit, traçant les non-dits avec des images plus que des mots.
Le récit se concentre sur deux jeunes gens, mal dans leurs peaux et fuyant leur famille (et leurs mères) pour diverses raisons. Leur errance les mène en Italie, affrontant les violences de la vie et de leur vies. C'est un roman graphique pur jus, dans l'introspection et parlant de jeunes écorchés vifs qui tentent de s'accrocher l'un à l'autre pour ne pas sombrer. La BD est assez dure, entre
Lucille et son anorexie et Vladimir et son deuil impossible, le tout agrémenté de plusieurs rencontres pas toujours joyeuses.
La BD se veut une errance qui aboutit à un acte fort, même s'il est justifié, le tout dans une atmosphère contemplative et lente. C'est une bonne BD sur ce point, avec son graphisme simple et souvent sans fioritures, enlevant les décors et les cases. Je trouve d'ailleurs que le trait gagne en précision et en maturité avec les pages, devenant plus immersif.
Un bon roman graphique.