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Critique de berni_29


John L'Enfer, je me souviens de ce roman de Didier Decoin qui résonne encore en moi comme un vertige.
C'est un récit presque de science-fiction, atypique, déroutant, quasiment apocalyptique, écrit en 1977, vingt-quatre ans avant le terrible événement du onze septembre 2001 où les deux tours jumelles de Manhattan s'effondrèrent, criblées par la folie du terrorisme islamiste. On ne peut plus y penser autrement désormais.
John L'Enfer, c'est l'indien cheyenne, qui travaille à New York, comme laveur de carreaux sur les gratte-ciels. Les tours de New-York sont gangrenées, un jour elles s'effondreront comme des châteaux sable, on sait désormais qu'elles peuvent aussi tomber autrement, par la barbarie islamiste ou par d'autres barbaries d'ailleurs...
Seul un indien cheyenne peut ressentir les vibrations qui sous-tendent cette ville.
John L'Enfer c'est le roman de la verticalité, une verticalité terrible et sublime, intemporelle.
Manhattan, terre indienne à l'origine, comme tant d'autres. Terre horizontale lorsqu'elle était encore indienne. Terre devenue verticale depuis lors...
La ville de New-York est un spectacle privilégié lorsqu'on est là-haut, lorsqu'on n'a pas le vertige, lorsqu'on assiste avec sérénité à la lente agonie de la modernité.
Un jour, John L'Enfer rencontre une jeune femme, Dorothy Kayne, une jolie professeure d'université qu'un accident a rendu provisoirement aveugle. Il en tombe éperdument amoureux. Il a envie de la protéger. Un autre homme cherche aussi à la protéger, il s'agit d'Ashton Mysha, un officier de marine retenu à terre pour raisons de santé, juif polonais obsédé par son pays d'origine. Ces trois êtres se raccrochent les uns aux autres et vont vivre une relation étrange à trois, sauvage et rebelle...
Il y a de l'amour dans cette histoire, mais aussi une belle solidarité, peut-être s'aiment-ils tous les trois, et qu'importe et tant mieux, s'ils peuvent par leur amour empêcher les tours de New-York de s'effondrer. Mais peut-être n'est-ce pas après tout leur dessein... John L'Enfer, c'est avant tout une histoire d'amour. Et d'ailleurs, qu'importe si ces tours s'effondrent, puisqu'ils s'aiment...
John L'Enfer, c'est le roman de l'amour et du désespoir, de la différence, de la minorité, du peuple indien écrasé qu'on jette sur des tours anonymes, de béton et de verre, vertigineuses, abyssales, loin du rêve ancestral...
Pourtant, qu'il est heureux de s'élever loin de l'asphalte et du bruit, de la rumeur et de la bêtise du monde ! John L'Enfer, c'est un peu le Baron Perché, à la manière contemporaine, façon cheyenne et new-yorkaise. S'élever sur des parois de verre, rappelant le rêve minéral, la lumière, le sable...
Parfois il est jubilatoire de voir une ville démesurée s'effondrer peu à peu, revenir au sable d'avant, à l'horizontalité.
John L'Enfer, c'est le rêve d'une ville moderne qui s'effondre avec tous ces mythes.
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