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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bien que Moll Flanders était un roman qui m'était totalement inconnu, il me semblait bien que le nom de l'auteur me rappelait vaguement quelque chose et j'ai été étonné de découvrir qu'il s'agissait du même auteur que de Robinson Crusoe, l'oeuvre grâce à laquelle est née Vendredi ou la vie sauvage que j'avais apprécié. J'étais donc très impatient de découvrir cette histoire intrigante à des années lumières du roman d'aventure.

Le constat est donc sans appel et malgré sa marginalité, j'ai totalement adoré et dévoré cette lecture. Il faut dire que Daniel Defoe nous conte un chef d'oeuvre sombre et pervers mais pour autant totalement captivant et palpitant à savourer. Dès les premières pages et lors de la présentation de notre héroïne, Moll Flanders, j'ai su que j'allais être basculé dans un monde empli de perversité et de dépravation mais si intiment lié à la réalité d'antan. Ainsi, la construction de ce roman s'élabore sur l'autobiographie d'une jeune femme et retrace son parcours atypique et totalement unique. Entre amours et malheurs, j'ai suivi avec intérêt et en totale immersion les aventures et le destin tragique de notre héroïne. Cependant et bien que j'ai apprécié découvrir chaque pan de cette histoire, je dois bien admettre une certaine redondance dans la narration de cette dernière ainsi que dans la construction globale de ce roman. En effet c'est, en quelque sorte, une boucle ou une spirale infinie qui nous est décrite. Ainsi, une fois le schéma compris, la surprise est bien moindre ce qui apporte une légère monotonie. Néanmoins ce fut exaltant de traverser ce périple avec cette dame au moeurs douteuses à travers laquelle l'auteur dépeint une très fine et acerbe critique de la société de l'époque. A cause de son sexe et de sa position inférieure dû à ce dernier, une femme ne peut et ne doit pouvoir survivre seule. C'est pourquoi, je n'ai pu qu'apprécier le parcours de notre héroïne malgré ses choix douteux.

Cette dernière grâce à sa très grande bravoure se verra mariée et enceinte à de multiple reprise sans jamais se plaindre de ses malheurs. Bien au contraire, celle-ci ira toujours de l'avant afin de s'assurer un avenir stable et prometteur. J'ai vraiment apprécié cette force et ce courage tout comme j'ai adoré sa fine psychologie, subtilement travaillée et construite par Daniel Defoe. En effet, ce l'auteur ne fait pas de ce personnage un martyr mais une véritable maitresse de sa vie et de son devenir. Bien entendu, certains choix m'ont semblé plus que discutables et hasardeux et servent avant tout l'intrigue mais le résultat reste convaincant. de plus, ce dernier fait en sorte de garder pour seule vedette son personnage principal. Ainsi quand bien même beaucoup d'autres personnages gravitent autour de cette dernière, ils n'ont qu'une place très secondaires et ne servent qu'à faire briller encore plus le dessin de cette dernière.

Malgré la dépravation et la perversité dépeinte tout au long de ce récit, j'ai trouvé ce roman totalement passionnant et divertissant. J'ai pris plaisir à découvrir ce que cachait tant de noirceur et de perfidie derrière Moll Flanders.
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Moll Flanders /Daniel Defoë (traduction de Marcel Schwob)
Quand la beauté est l'entremetteuse du vice.
« Ma mère fit jugée pour un petit vol et après un délai de sept mois pour qu'elle puisse accoucher de ma personne, elle fut déportée. Je tombai entre de mauvaises mains, chez des bohémiens je ne sais plus comment à Colchester en Essex ; ils m'abandonnèrent à l'âge de trois ans et je fus mis en nourrice chez une vieille dame qui faisait aussi la classe. À huit ans, j'aidai à la couture et au filage de la laine. Je ne voulais pas faire le ménage. À douze ans mes petits travaux payait ma nourrice. C'est quand j'eus quatorze ans que mourut ma nourrice. Je trouvai une nouvelle maîtresse très généreuse au sein d'une bonne famille avec des enfants. J'avais alors dix huit ans, j'étais belle et menais une vie sobre, modeste et vertueuse. Il y avait deux garçons dans la famille… »
Ainsi s'exprime Moll Flanders alias Betty la narratrice au début de cette confession. Robert, l'aîné des garçons la surprend un jour et la couvre de baisers en lui avouant qu'il est épris d'elle ce qui lui enflamme le sang. La chose se reproduit maintes fois avec plus d'insistance et l'offrande d'une poignée d'or en guinées à chaque fois.
Et Betty sent fondre sa vertu au fil des rencontres au profit d'une certaine vanité. Et le garçon lui parle de mariage… Et comme le démon est un tentateur qui ne se lasse point, Betty accepte un rendez-vous avec lui en extérieur. Vertu et chasteté ont fait long feu et voilà que Robin, le frère puîné, y va aussi de sa chansonnette. Mais alors que l'aîné est discret, le cadet parle à ses soeurs qui parlent à la mère et la menace d'être congédiée se précise. Betty ne peut tout de même pas songer à servir de maîtresse à l'un des frères et de femme à l'autre.
Cette peccamineuse situation d'infortune a vite faite de rendre Betty malade. Quoiqu'il en soit, les épousailles avec le cadet ont bien lieu avec le consentement De Robert et c'est avec sa complicité que Betty peut cacher aequo animo à Robin pendant la nuit de noces qu'elle n'est plus pucelle ! Et pour Betty, le frère aîné reste l'appât éternel ! Jamais elle ne fut au lit avec son mari qu'elle ne se désirât dans les bras de son frère ! Deux enfants naîtront de cette union qui dura cinq ans et prit fin avec la mort de Robin.
Libre et riche de toutes les guinées et autres affiquets que Robert lui avait offertes, les enfants confiés à la famille, Betty toujours belle, sémillante et séduisante se laisse volontiers courtiser par le frère d'une de ses amies qui lui fait connaître le monde des salons. Adulée par de nombreux admirateurs, elle ne se voit cependant offrir aucune proposition honnête. Forte de son expérience précédente, elle ne se laisse point conter vainement fleurette et ne vise que le riche hymen ayant une dot suffisante pour y prétendre. Mais elle ne sait éviter les pièges et découvre que son nouveau mari, un fat qui dilapide l'argent de sa dot après qu'il a dépensé le sien propre, a fait banqueroute. Prison, évasion, disparition du mari !
Betty décide alors de changer de nom pour s'appeler Mme Flanders et d'habiter en un lieu secret avec une amie. Laquelle fait courir le bruit que Betty est richement dotée ce qui n'est plus le cas. Un jeu de dupe s'engage entre le premier prétendant et elle qui aboutit au mariage. Un homme de bonne humeur mais peut-être pas de la condition annoncée. Quoiqu'il en soit ils embarquent pour la Virginie où le monsieur possède des plantations et où vit sa mère, gardienne de la maison.
L'installation en Virginie se passe bien avec le bon accueil de la mère qui dans les jours qui suivent lui raconte sa vie d'immigrante en Amérique. La surprise est grande quand Betty réalise toute ébaubie que cette femme est sa propre mère et que son mari est en fait son propre frère dont elle a déjà deux enfants et en attend un troisième ! le révéler ou non ? La question la rend insomniaque. Elle a peur de perdre son mari si elle lui révèle la vérité. Betty se dérobe de plus en plus souvent lorsque son mari s'approche et la tension monte entre les époux. Elle veut rentrer en Angleterre.
Après huit années passées en Virginie, Betty retraverse seule l'Atlantique pour l'Angleterre où elle va faire quelques rencontres dans la ville de Bath où elle s'installe. Elle y va connaître quelques situations cocasses suite à la rencontre d'un chevalier servant assidu, marié et fortuné, très respectueux de sa vertu, trop même ce qui finit par l'intriguer surtout lorsqu'ils sont dans le même lit ! L'homme est persuadé de la virginité d'une Betty qui apparaît peu à peu plus vicieuse que lui, et qui fait le premier « faux-pas ». Ipso facto d'amie elle devient catin dans une ambiance de repentances matutinales après une folle nuit d'amour.
Six années passèrent ainsi dans le bonheur et l'abondance avec de plus trois enfants dont seul le premier vécut. Jusqu'au jour où pris de remords pour cet adultère prolongé, Mr Cleave (c'est son nom) adresse une lettre de rupture à Betty.
Par la suite, Betty souhaite placer le peu de fortune qu'elle a et rencontre un homme de la banque qui doit la conseiller. Au cours de la discussion, curieusement l'homme se confie : il est marié et souhaite divorcer car sa femme le trompe hardiment, et il demande conseil à Betty qu'en fait il courtise avec entrain avec des vues bien précises. Betty elle aussi a un plan et sait se faire respecter. Et de but en blanc, l'homme de banque offre le mariage à Betty, à concrétiser dès qu'il aura divorcé. Une proposition totalement déraisonnable lui dit Betty qui en son for intérieur y voit une belle occurrence.
En attendant, Betty part en voyage dans le pays avec une amie et fait des rencontres plus ou moins douteuses. Un mariage d'argent est même célébré avec le frère d'une amie qui veut l'emmener dans son pays en Irlande. Il s'avère rapidement que c'est un mariage de dupe et le mari, honteux, aura vite fait de disparaître en laissant tout de même quelques guinées dans la poche de Betty qui s'était attachée à cet homme et replonge alors dans le désespoir. Et puis c'est le retour et les retrouvailles et à nouveau la séparation. Un garçon naîtra puis son ami le banquier se manifestera à nouveau à la suite du décès de sa femme. Cacher l'enfant sera une nécessité pour être épousée. Un crève coeur et la détresse. Sa fidèle gouvernante va lui porter secours et accoiser ses angusties en trouvant une solution.
La suite va conduire Betty à devenir une rapineuse des bas-fonds londoniens. Après une vie de prostitution, ruinée et âgée de 48 ans, solitaire dans la populeuse cité de Londres, elle agit ainsi de manière apodictique pour manger à sa faim. Emprisonnée pour vol comme sa mère jadis à Newgate, elle échappe à la peine capitale et est déportée en Virginie avec son mari du Lancashire lui-même condamné à la déportation pour des méfaits. Là-bas ils vont reconstruire leur vie, une vie heureuse de repentir au cours de laquelle elle est aidée par son fils issu de sa relation incestueuse, fils qu'elle a retrouvé avec un immense bonheur partagé.
À la fin de leur vie, une fois la peine purgée, Moll et son mari rentreront en Angleterre où elle écrit au terme de son récit :
« …Nous sommes résolus à passer les années qui nous restent dans une pénitence sincère pour la mauvaise vie que nous avons menée. » (Écrit en l'année 1683)
Ce roman fascinant et picaresque de Daniel de Foë est paru en 1722 et s'inspire de la vie de Moll King alias Elizabeth Adkins, une criminelle que l'auteur rencontra lors d'une visite de la prison de Newgate à Londres.
Une mention particulière pour la traduction de Marcel Schwob qui a su respecter la couleur du style de De Foë, un style désuet mais charmant.


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