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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Daniel Defoë est évidemment « l'auteur de Robinson Crusoé » mais la célébrité de ce roman et du personnage éponyme l'enferment, du moins largement de ce côté-ci de la Manche, tout entier dans cette périphrase. Pourtant, sa Moll Flanders mérite largement qu'on s'attache à ses pas. Héroïne picaresque, elle fait preuve, dans ses multiples aventures et mésaventures, d'une détermination et d'un opportunisme à toute épreuve, renforcés par une amoralité revendiquée (elle vole, ment, trompe, se prostitue, se retrouve bigame, incestueuse - sans le vouloir, il faut lui rendre cette grâce, pour ce dernier fait-) ce dont l'auteur semble répugner à la blâmer trop vivement. On peut imaginer que Defoë, dont la propre vie a été presqu'aussi mouvementée que celle de son héroïne, a mis pas mal de lui-même dans celle-ci (et son expérience de la prison de Newgate lui a certainement permis d'évoquer avec beaucoup d'acuité le séjour qu'y fera Moll Flanders).
Il convient de noter la grande qualité de la préface de Dominique Fernandez (qu'on s'étonne de trouver dans l'univers de la littérature britannique, hors donc de sa chère Italie) et de la traduction de Marcel Schwob (complétée par Francis Ledoux).
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J'ai beaucoup aimé ce classique de la littérature anglaise, moins connu et pourtant tout aussi intéressant que Robinson Crusoë.
Je l'ai lu en anglais, et ma lecture a été beaucoup moins compliquée que ce à quoi je m'attendais. Une fois que l'on s'est habitué aux petites particularités de la langue de 1722 (majuscules aux noms communs, lettres remplacées par des apostrophes...), le style de Defoe est assez fluide et agréable à lire.
Quant à l'intrigue, je l'ai trouvée tout aussi plaisante. Certes, il ne faut pas lire ce livre si on veut un roman où l'on peut s'identifier au personnage principal : l'héroïne est tout ce qu'il y a de plus détestable ! Se qualifiant elle-même de "pécheresse", Moll Flanders est une voleuse professionnelle (on ne connaît d'ailleurs jamais son vrai nom), qui se marie cinq fois uniquement pour être entretenue, abandonne ses enfants sans aucun remords dès qu'elle change de mari...
Et pourtant, on s'attache quand même à elle dans le sens où on a envie de savoir ce qui lui arrive ! Née dans la prison de Newgate d'une mère voleuse, élevée dans un orphelinat puis dans une bonne famille, elle nous emmène ensuite dans la bourgeoisie anglaise, en Virginie, dans la campagne britannique, dans les bas-fonds de Londres et ses milieux criminels...
Defoe écrit en effet un roman dans un genre très populaire à l'époque, la "biographie de criminels", permettant aux lecteurs de transgresser (par la pensée) les lois et normes sociales.
Ce qui m'a le plus surprise dans cette oeuvre, c'est son féminisme avant l'heure, que je ne m'attendais pas du tout à trouver dans un livre du début du XVIIIe siècle ! Certes, Moll est un personnage odieux, mais combien de fois dit-elle ou suggère-t-elle que c'est la pauvreté qui l'a conduite à agir comme elle l'a fait, car une femme n'est rien sans un mari, qu'elle ne peut que difficilement travailler, que le peu de fortune qu'elle a ne lui appartient plus dès le moment où elle se marie ?
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Suis-je donc la seule à avoir aimé à la fois le bouquin ET l'héroïne ?

Je ne vais pas vous mentir, ce roman est dur à lire. Plus de 500 pages de vieil anglais, même traduit (tenter cette lecture en VO ne m'a pas effleuré l'esprit, et bien m'en a pris !), ça use un peu le cerveau ! Pourtant je suis plutôt à l'aise avec la langue française, mais j'ai dû relire certains passages plusieurs fois pour en saisir le sens. Entre tournures grammaticalement alambiquées et métaphores vieillies, ce texte d'une grande richesse l'est parfois justement un peu trop, riche !

« Néanmoins, pendant ce temps, j'avais assez de ruse pour ne donner lieu le moins du monde à personne de la famille d'imaginer que j'entretinsse la moindre correspondance avec lui. »

« Quelle sorte de tranquillité, ceux-là le jugeront le mieux qui entendent comment des gens peuvent être tranquilles qui en assassinent d'autres pour échapper au danger. »

Cette richesse de la forme se retrouve tout autant dans le contenu. de fait, la vie rocambolesque de Moll Flanders (au passage, ce n'est pas son vrai nom, bien que ça soit le seul qu'on nous laisse connaître dans le roman) est digne d'un scenario hollywoodien ! Une dizaine de fois mère, 5 fois épouse, au moins 3 fois amante – mais jamais prostituée contrairement à ce que j'ai pu le lire dans divers articles – Moll est une femme ambitieuse, prête à tout pour se hisser dans un milieu social au-dessus de sa condition ! Coïncidences, manipulations et retournements de situation sont le pain quotidien de cette héroïne improbable, dont le tempérament n'est pas sans rappeler celui de ma grande favorite littéraire : Scarlett O'Hara. Toutes deux ont en effet une volonté hors du commun, refusant catégoriquement de se laisser sombrer dans la misère. Toutes deux sont amenées à utiliser des moyens plus ou moins honnêtes pour y arriver. Et surtout, toutes deux déclenchent l'antipathie de beaucoup de lecteurs alors que moi je les aime sincèrement. On m'a souvent dit que j'avais l'esprit de contradiction !

Malgré tous ses défauts, j'ai donc beaucoup de sympathie pour cette héroïne, que j'ai sentie foncièrement généreuse malgré son manque évident de scrupules. Certes elle vole, certes elle ment, mais cela ne l'empêche pas de rester fidèle à ses rares amis. Il ne faut pas blâmer ses actions avec notre regard du XXIe siècle. N'oublions pas qu'en ce XVIIe siècle anglais, les femmes n'avaient que peu (voir pas) de moyen de subsistance autonome. Trouver un mari pour elles, c'était comme trouver un job pour nous, parfois on tire le bon numéro, mais le plus souvent ça ne sert qu'à payer les factures ! Vous allez me dire « Elle n'a pas de coeur, tenez, elle se débarrasse systématiquement de ses enfants ! » Mais encore une fois, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Avec un bambin sur les bras, ils auraient tous deux été voués une existence précaire et miséreuse. On parle d'une époque où la contraception n'existait pas, et où les nourrices étaient légion, se séparer de ses enfants était alors une pratique courante.

Je ne dis pas qu'elle est parfaite, mais elle est tellement humaine, et finalement c'est ce qui fait une bonne héroïne à mes yeux. La perfection, j'en ai soupé ! J'ai réellement passé un bon moment aux côtés de Moll Flanders, même si je ne suis pas sûre de trouver un jour le courage de relire ce pavé !

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NB : je ne sais pas si l'expression "malgré que" était en usage du temps de l'auteur, ou de celui du traducteur, mais mes yeux de lectrice de 2015 ont saigné à la vue de cette construction grammaticale utilisée à maintes reprises au cours du roman.

« Ceci mit fin en même temps à mon déguisement, car malgré que leur offre me déplût, pourtant je n'osai leur dire, mais parus m'y complaire et promis de les revoir. »
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
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Un roman d'aventures au féminin : c'est plutôt rare.
Moll Flanders est née en prison et n'a qu'une seule peur, celle de tomber dans la pauvreté. Elle mettra tout en oeuvre pour y échapper.
Pour une femme, il est quasiment impossible de gagner sa subsistance.
Moll va donc partir à la chasse à l'époux. Elle va connaître plusieurs mariages qui vont se solder par des échecs.
Devenue trop vieille, elle va entamer une carrière de voleuse dans laquelle toute son audace va se faire jour.
Elle en aura bien besoin, parce qu'au 18ème siècle à Londres, le vol est puni de la pendaison. En cas de grâce exceptionnelle, c'est la déportation dans les colonies d'Amérique.
Moll Flanders est terriblement pragmatique et c'est ce qui lui permettra de finalement s'établir confortablement en Caroline.
Après avoir affronté la solitude, la prison, la déportation, Moll Flanders finira par trouver une forme de rédemption.
C'est un roman sur la condition féminine, la solitude.
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Autobiographie fictive (bien qu'inspirée de la vie d'une femme ayant réellement existé) d'une anglaise au tournant du XVIIIe siècle, l'auteur de ''Robinson Crusoé'' se glisse dans la peau d'une femme pour ce récit rythmé d'une vie riche en évènements. le résumé est cependant relativement simple et peu tenir en quelques lignes, les quelques lignes de la quatrième de couverture par exemple. Ces lignes m'ont certes donne l'eau à la bouche pour lire ce roman, mais elles m'ont également complètement spoilé l'histoire de cette femme. Je trouve cela assez insupportable lorsque la quatrième de couverture vous raconte la globalité de l'histoire. La lecture était cependant très intéressante et plutôt prenante, Defoe s'éloignant bien des clichés que l'on avait de son temps sur les femmes. Il fait certes de Moll Flanders une femme forte qui n'a certes de cesse de se chercher un mari, mais rappelons qu'il était très difficile pour une femme célibataire et sans famille de survivre correctement en ces temps-là. Moll Flanders connait une destinée particulière ou elle doit faire montre de beaucoup de courage et d'esprit pour faire son chemin dans une Angleterre encore très patriarcale, sans pour autant être une femme exceptionnelle par son avant-gardisme féministe, ce qui fait que Daniel Defoe reste donc plutôt réaliste il me semble dans le portrait qu'il fait de son héroïne, et ce roman est à ce titre l'un des premiers si ce n'est le premier roman féministe écrit par un homme. J'y ai parfois trouvé certaines longueurs mais cette lecture n'a pas déçu mes attentes.
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Je ne connaissais Daniel Defoe qu'à travers Robin Crusoé. Moll Flanders me fait découvrir un auteur féministe avant l'heure et libre penseur, extrêmement moderne si l'on considère qu'il est né au 17ème siècle.
Nul doute que je vais me procurer d'autres oeuvres de Daniel Defoe afin de mieux connaître ce célèbre écrivain.
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"Une belle américaine... Ses relations à autrui sont tout en nuances, et les révélations qu'elle doit parfois faire donnent lieu à d'interminables hésitations, discussions, progressions très bien racontées par Defoe. le personnage a une incontestable épaisseur. Moll a d'ailleurs assez d'insight pour bien distinguer le regret et le remords... qui ne l'obsède pas trop ! Quant à la morale de l'histoire... Defoe n'en a cure, comme le montrent les dernières années de la vie de son héroïne. Intéressant, ce Defoe - on aurait bien voulu le connaître ! Madame Bovary, c'est moi, disait Flaubert..."
Passage de ma critique - livre passionnant - tu trouveras le reste dans mon blog ci-dessous !

Lien : http://brikbrakbrok.blogspot..
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C'est un bon roman.
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Belle critique de la société anglaise de l'époque par Daniel Defoe, plus connu pour d'autres textes. Pourtant Moll Flanders figure dans la liste des "1001 livres qu'il faut avoir lu" (pour ce que vaut une telle liste, bien sûr).

Au final, même si la langue a vieilli, cela reste plein de péripéties, d'humour et d'enseignements transposables à notre temps.

Un beau classique.
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