Les dernières œuvres de l’artiste se distinguent par leur expressivité dramatique et par un rythme de composition d’une étrange irrégularité.
Dans cette phase tardive, Botticelli semble s’être occupé beaucoup moins de la distraction de l’observateur et beaucoup plus d’une représentation didactique concentrée, visant à son édification.
L’artiste y réduit l’arrière-plan à une simple surface colorée, afin que rien ne vienne détourner l’observateur de la personne portraiturée. Cette peinture restrictive, donnant parfois une l’impression ascétique, révèle la distance prise par Botticelli vis-à-vis de l’opulence antérieur dans l’aménagement décoratif des sujets traités, une évolution qui s’accentuera dans ses œuvres plus tardives.
Qu’est ce qui a pu inciter l’artiste à se détourner ainsi des acquis de la renaissance et à se concentrer sur le message exprimé par ses images ? Botticelli réagit à la vague d’un nouveau sentiment religieux, qui s’étend de plus en plus depuis la fin des années 1480, un sentiment fait de participation profonde et d’une émotion passionnée.
Botticelli s’éloigne de l’idéal corporel des proportions harmonieuses suivi par la renaissance et retourne à la hiérarchie des grandeurs en fonction de l’importance propre au Moyen Age dans laquelle les personnages les plus importants étaient aussi ceux que l’on peignait avec la plus grande taille. Botticelli place ainsi le message de l’image au-dessus des contingences de l’exactitude des proportions des personnages et d’une présentation qui plaie au regard
On sent une fois de plus très nettement l’influence du traité de peinture d’Alberti. Pour l’édification de l’observateur, ce théoricien de l’art recommandait non seulement le recours à une palette d’émotions aussi variée que possible, mais aussi de représenter des personnages d’âges différents dessinés sous divers profils, ½ ou ¾, et aussi de face. Dans la diversité des poses et de la manière de traité les personnages, Botticelli répond à toutes les exigences, sans perdre toutefois le caractère centralisé de sa composition.
la vision des célèbres peintures mythologiques des années 1480 marque trop souvent les œuvres d’inspiration religieuse exécutée par Botticelli à la même période. Pourtant elles font parties des plus belles décorations d’autel que nous lui devons.
Les œuvres mythologiques des années 1480 constituent un groupe exceptionnellement homogène par la teneur de leur message imagé comme par leur style nettement affirmé. Elles ont vraisemblablement toutes servies dans le cadre de mariages. Le sujet essentiel demeure l’adoration d’un amour mis en image par un corps de femme idéalisé. Les personnages féminins se distinguent par leur beauté, une grâce et un charme que l’on ne saurait retrouver dans les tableaux contemporains d’inspiration religieuse et créent par leur perfection une certaine distance entre le personnage et l’observateur.
Cela permet de supposer que Botticelli avait une collection de dessins de composition et de ses personnages qui lui servait de réserve, dans laquelle il pouvait plus tard puiser certaines inspirations pour des œuvres postérieures.
Le jeu des ombres et des lumières fourni un modelé vivant qui accentue les structures anatomiques des mains et du visage, un aspect caractéristique du Botticelli des jeunes années.