- Apprends-moi à parler. Cela fait si mal quand on ne sait pas.
Chaque femme et chaque homme est forgé deux fois: la première fois par les mots des autres, la seconde par ceux que nous gardons en nous-mêmes.
Je me demande parfois si Prydain, tout haut druide qu'il est, ne parle pas trop souvent aux dieux et pas assez aux hommes.
Aucun enfant n'est coupable de sa naissance.
- Je voudrais t’offrir tant de mots mais ils ne viennent pas.
- Pour exister, il nous faut parfois emprunter les mots des autres.
Tu ne seras que reine, et seuls les dieux ont le pouvoir de rester silencieux.
Je regarde à nouveau Cartimandua et je me vois, moi. Nous sommes exclues de ce pouvoir auquel nous avons le droit de prétendre autant que les rois. Si nous nous soumettons maintenant sans nous battre, avec les mots ou avec la lance, nous n'aurons bientôt plus que la liberté que d'autres voudront bien nous accorder.
Je me sens prisonnière d'une destinée, jument fougueuse, dont je n'ai pas su maîtriser les rênes.
L'aigle s'est abattu sur moi par trois fois. Il a déchiré mon âme de reine en massacrant mon peuple. Il a brisé mon cœur de mère en violant mes filles. Il a broyé mon corps de femme en assassinant celle que je tenais encore enlacée contre moi quelques minutes avant qu'ils n'arrivent.
_Je repars bientôt en guerre.
_Nous l'avions déjà deviné, mère. Tu portes ça en toi.
_La violence ?
_Non. L'insolence de vouloir vivre sans compromis. Nous partons en guerre.