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Critique de fanfanouche24


Librairie Tschann- 29 septembre 2016- Relecture en ce début août 2023

Une bonne volée de bois vert d'un écrivain, grand amoureux des mots et du style...qui, à travers le faux prétexte d'une lettre de soutien à un ami ecrivain, désespéré de n'avoir droit à aucune critique ni lectorat vraiment visible, après la publication d'un texte exigeant , le réconforte en décortiquant le Monde de la République des Lettres et de la critique....

Par ce biais, il nous fait un rappel bienvenu de l'histoire littéraire à travers les siècles, et les auteurs novateurs, exigeants, puristes qui n'ont pas eu une reconnaissance immédiate, comme il le raconte pour les textes De Stendhal...

Jean- Michel Delacomptée décortique assez pertinemment notre monde actuel de
" lecteurs paresseux" avec un affadissement de la langue, une paresse intellectuelle affligeante des critiques " hurlant avec les loups", ne défendant et ne parlant que des auteurs connus...Comme l'on qualifie dans notre monde de libraires, la critique s'attèle à ne parler que de " la grosse cavalerie"!!.

Aucun esprit aventureux, ni risque pris pour défendre un inconnu ou un texte singulier, échappant aux modes du moment ! Ou si
rarement !

Juste un bémol : même si dans les grandes lignes, l'écrivain a plus que raison; reste toutefois une part de subjectivité dans ses préférences littéraires : défense des Anciens et de certains modernes...Un Philippe Bordas, un Michel Jullien....Richard Millet, Pierre Michon, etc.
Mais aussi Virginie Despentes, Édouard Louis...et par contre, une diatribe exacerbée à l'encontre des écrits d'Annie Ernaux, que l'on peut trouver exagérée ou disproportionnée dans le parti- pris négatif...!

Ce texte , toutefois, nous rappelle à bon escient à la nécessité de vigilance et d'exigence envers la qualité de la langue, du style, de sa richesse qui sont aussi le miroir d'une société, de la vaillance d'une démocratie ..

" mais si la Littérature minoritaire disparaît , s'il faut vivre dans une société qui se contente d'une langue appauvrie, encense le vain, le vil, le divertissant, s'émerveille del'insignifiant, (...) flatte le convenu,(...)caresse dans le sens du poil la pensée molle, les écrits fades, si notre société, qui en prend le chemin, se contente d'un tel destin, l'esprit volera si bas, le ciel pèsera si lourd, que la vie deviendra aussi irrespirable que sous la coupe de régimes despotiques. (...) Une société digne du " Fahrenheit 451" de Bradbury ou du " 1984" d'Orwell, mais plus insidieuse, mielleuse (...)"

Un texte qui , l'air de rien, nous fait revisiter énergiquement l'histoire de la Littérature dans ses avancées, ses audaces et aussi ses
régressions !

Un ouvrage avec lequel je n'avais pas accroché à la première lecture , et auquel je trouve un intérêt certain à sa relecture !

Il y a aussi la part attachante de l'écrivain passionné par les mots, la Belle langue avec toutes ses subtilités, ses beautés...Il est plutôt " salvateur" et stimulant d'avoir à l'esprit que plus une langue est riche en vocabulaire , en finesse, plus l'exercice de la réflexion s' en trouve enrichi, sans omettre la " bonne santé" démocratique d'un pays.......au contraire de l'uniformisation réductrice d'une langue alliée à une pensée défaillante...!

Et...j'allais oublier un des aspects majeurs et plus que justifié de ce livre virulent : la réaction épidermique et exaspérée de l'auteur contre la marchandisation à outrance de tout , et d'autant , quand il s'agit de la culture et du monde de l'édition..!

De cet écrivain, j'ai un souvenir encore émerveillé d'un de ses ouvrages que j'avais adoré " Écrire pour quelqu'un "...et j'ai encore à découvrir, dans mes réserves d'écureuil : " Ambroise Paré la main savante"....
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