Ecrit "à chaud", juste après être sorti de déportation, ce premier volet de "souvenirs" montre l'urgence avec lequel il a sans doute été rédigé afin de rien perdre de ce qui fût enduré durant la déportation.
Charlotte Delbo fut arrêtée et déportée pour faits de résistance.
Ce qui frappe, c'est l'écriture quasi chaotique : phrases courtes, parfois lapidaires.
Ce récit n'a rien de progressif ; il est plutôt thématique. Chaque chapitre constitue une entrée sur des sujets simples ; la vie de tous les jours où la cruauté est sans cesse rappelé.
Ce qui frappe également, c'est l'aspect impersonnel des souvenirs. Ici, il figure assez peu d'évocations nominatives. Les faits sont décrits de manière assez synthétiques, presque sans affect ;
Chaque évocation des camps est unique. Chaque témoignage est chargé de sa propre charge émotionnelle, sa propre richesse. Il ne saurait être question de graduer les récits.
Sans aucun doute, d'autres voix m'ont davantage parlé que celle-ci ; cela ne tient pas à son contenu, mais plutôt au caractère particulier de cette voix : une certaine désincarnation, une distance accentuée par ce style particulier qui n'incite guère à "entrer" plus intimement dans l'ouvrage.
Malgré ces quelques réserves, je lirai les deux autres volets de ce récit.
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