Citations sur À jamais, tome 5 : Aime-moi (11)
Je les scrute encore une fois, puis écarquille les yeux en repensant à notre fenêtre que j’ai laissée ouverte à cause de l’odeur immonde de la bougie. J’ai complètement oublié de la refermer, et avec nos corps en sueur, cette idée nous a totalement échappé.
— Franchement, si quelqu’un doit se plaindre, c’est bien nous ! renchérit *******. Même avec le coussin sur les oreilles, je t’entendais grogner. Sérieusement, tu te transformes en quel animal quand tu passes la nuit avec une femme pour émettre des sons pareils ? Et sérieux, cinq fois ? Tu voulais achever ma Callie jolie ou quoi ?
Hier, nous étions des hommes. Aujourd’hui, nous sommes des barbares. Demain, peut-être serons-nous morts. Dans tous les cas, on entendra parler de nous ces vingt prochaines années.
La douleur est insoutenable. Je sens mon dos se déchirer à chaque morsure du cuir sur ma peau. Le sang coule, le malaise est proche, mais je tiens. De toute façon, je n’ai pas le choix. Je ne pensais pas ressentir un jour la souffrance atroce d’Aleyna, mais maintenant, je sais. Nous avons toujours été liés. Notre amour, nos corps, notre esprit, notre compréhension… désormais, nous partageons également cette torture.
— Tu es à moi ! répété-je en le pinçant durement.
Elle crie de surprise, mais elle se cambre automatiquement, la douleur étant maintenant remplacée par une vague de plaisir. Comme pour la faire réagir, je place mon autre pouce sur son clitoris.
Je me retourne en l’appelant une dernière fois, mais il ne me répond pas. Et juste dans l’embrasure de la porte, j’arrive à l’apercevoir.
Une fois.
Une dernière fois.
La dernière image que je vois, c’est lui, de dos, tête baissée, comprenant qu’ils ont gagné.
Quelques larmes s’échappent contre mon gré, menaçant d’exploser. Du coup, je la serre plus fort et plonge ma tête dans ses cheveux.
— Tu es mienne, tout comme moi, je t’appartiens pour l’éternité. Jamais personne d’autre que toi et moi.
En captant ma détresse, Aleyna relève la tête et me fixe. Je tourne la mienne et ferme les yeux pour qu’elle ne me voie pas aussi faible et qu’elle se sente coupable de quoi que ce soit.
— Diablesse ! Vipère ! grogné-je lorsque sa bouche englobe mon gland.
Elle n’attend pas plus longtemps et commence déjà à en lécher le contour avant de m’enfoncer plus profondément entre ses lèvres. Je presse les paupières et les mâchoires, à deux doigts de perdre la tête.
Je suis épuisée de cette journée, de cette vie. Lasse d’avancer d’un pas pour reculer de trois. Fatiguée de devoir puiser dans mes maigres forces pour maintenir la tête hors de l’eau.
Je n’y arrive plus, je n’en ai plus envie.
Petite coquille vide, je ne suis qu’une enveloppe de chair et de sang qui englobe le néant. Les horreurs défilent en boucle devant mes yeux, mais elles ne me font rien, à part m’emmurer dans la tristesse et la désolation, la violence et les cris.
Aleyna est devenue mon poignard. Elle m’a transpercé avec ses répulsions, elle m’a étouffé avec ses cris, et mon cœur s’est arrêté quand elle le suppliait de se réveiller.