Citations sur Les Jacarandas de Téhéran (18)
Sheida fixe sa mère, muette, abasourdie. C’est comme si son père venait tout juste de mourir, comme si des décennies n’étaient pas passées. Maryam est toujours là, dans cette vieille maison, en train de regarder son mari à qui on bande les yeux et qu’on emmène. Elle ne l’a jamais quitté, ne s’est jamais éloignée de ce moment. Elle s’est enterrée vivante au milieu de toutes les choses qui ont échoué, qui n’ont été qu’un anéantissement.
Comment le monde pourrait-il continuer de tourner si chaque enfant se voyait reprocher les fautes de son père ? Il ne faut pas qu'elle tombe dans les pièges que l'histoire tend partout, dans tous les coins. Il faut qu'elle les évite. Elle doit l'écouter lui, entendre ses explications.
La vie entre les murs de la prison n'était pas très différente de celle du dehors. Tous, au-dehors, portaient la peur comme une chaîne, dans les rues, sous l'ombre familière de la montagne, triste et magnifique. Et parce qu'ils portaient tous cette chaîne, ils ne l'évoquaient jamais. La peur se faisait impalpable, on n'en parlait pas. Elle régnait sur tous, invisible et omnipotente.
Elle était à présent une étrangère, entourée de gens qui la considéraient comme une ennemie à soumettre et à vaincre, qui voyaient sa seule existence comme un obstacle à leur pouvoir, à leur vision du Bien et du Mal, à leur morale. Des gens qui la haïssaient parce qu'elle refusait de considérer ce qu'ils proposaient comme son propre combat. Des gens qui voyaient en elle une adversaire parce qu'elle refusait de croire que leur Dieu puisse avoir toutes les réponses.
Les secrets vous dérobent votre enfance. Des histoires de mort, des histoires d’hommes et de femmes pendus à des gibets. L’enfance s’échappe en douce lorsque la mort s’installe. Reza ne sait pas cela. Il y a tant de choses qu’il ne sait pas. Peut-être ne connaît-il pas le parfum des fleurs du jacaranda
Il existait deux mondes parallèles, un dans lequel on ne cachait rien, ni les souvenirs, ni le mépris familial pour le régime, et un autre dans lequel tout était interdit, où les voix étaient étouffées et où les enfants héritaient d’une aptitude à détecter tout ce qui pouvait constituer un danger pour la famille, transportant avec eux, tel un sac de pierres qu’ils ne pouvaient jamais poser, les secrets de leurs parents.
Elle était à présent une étrangère, entourée de gens qui la considéraient comme une ennemie à soumettre et à vaincre, qui voyaient sa seule existence comme un obstacle à leur pouvoir, à leur vision du Bien et du Mal, à leur morale. Des gens qui la haïssaient parce qu’elle refusait de considérer ce qu’ils proposaient comme son propre combat. Des gens qui voyaient en elle une adversaire parce qu’elle refusait de croire que leur Dieu puisse avoir toutes les réponses.
Une fois encore le silence s’enroule autour d’eux, serrant de plus en plus fort comme un serpent, sur le point de leur broyer les os.
Je veux importer ton souffle dans la paume de ma main.
La vie, ce peut être de décider de se rendre ou non à l’Opéra, de mettre de l’argent de côté. La vie peut être amusante, dénuée de peur et d’horreur. Une existence où l’on n’est pas forcé de toujours se battre, de résister, de se débattre, où l’on n’est pas perpétuellement obligé de tester les limites de son courage, de sa lâcheté. La vie ce peut être simplement boire une bière dans un café une après-midi de printemps, entendre une soprano qui répète pour un concert.