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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1983 : à l'ombre des majestueux jacarandas d'Iran, des familles subissent de plein fouet la répression politique. Omid, Sara, Neda ou encore Forugh, enfants en bas âge ou nés en prison, sont alors élevés par leur grand-mère Maman Zinat et leur tante Leïla jusqu'à la libération de leurs mères...
Ce roman émouvant retrace des tranches de vie de cette famille iranienne de 1983 à 2011, lorsque la Révolution gronde à nouveau. Chacun a tracé son chemin, à Téhéran ou à l'étranger. Mais ces enfants, marqués dans leur enfance, voudront-ils s'engager à leur tour dans un combat commencé par leurs parents ?
Je dois dire que j'ai été chamboulée par cette lecture, sachant que Sahar Delijani s'est inspirée de sa propre histoire pour l'écrire. Elle est elle-même née en prison car ses parents étaient des activistes politiques.
Son écriture juste et sensible donne à lire une fresque poignante sur l'histoire de l'Iran.
Un vrai coup de coeur !
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Nous avons tous un arbre en nous

Sahar Delijani pourrait être une de nos filles. Sauf qu'elle est née à Téhéran, en prison, en 1983. le roman autobiographique qu'elle vient d'écrire possède un souffle évocateur et purificateur puissant qui condamne toute tyrannie. C'est une tentative courageuse et bouleversante de faire la lumière sur la sombre histoire iranienne récente, sur les purges, la torture, la prison et la mort. Et de donner la parole aux victimes des atrocités du régime, ainsi qu'à leur famille et leur descendance. En 1988, des dizaines de milliers de prisonniers politiques ont été assassinés en Iran dont l'oncle de Sahar Delijani, ses parents ayant eu la chance d'avoir été libéré de prison juste avant la "purge".

le titre du roman en anglais sonne plus juste : « The Children of the Jacaranda Tree ». le titre français ne reflète pas vraiment combien cet arbre, le Jacaranda du jardin familial peut être mythique. C'est là en effet qu'une généreuse grand-mère et l'une de ses filles, Leila, ont élevé ces enfants spoliés de leurs parents après les arrestations qui ont envoyé les jeunes dissidents pourrir dans les geôles iraniennes surpeuplées. Cet arbre familial a une valeur symbolique pour l'auteur, et les métaphores liées à la nature et particulièrement aux arbres abondent au cours des différents récits. Il représente un lien indissoluble. Il s'agit certes, d'un arbre parmi tant d'autres qui fleurissent la ville de Téhéran. Il est chargé de douces et lourdes fleurs violettes, mais il est aussi l'arbre de vie, l'arbre généalogique, l'arbre de l'harmonie entre humains dignes de ce nom symbole de nature et de sacré. Il s'élance vers le ciel et l'espoir alors que passent et repassent les impitoyables sandales de plastique des Gardiens de la révolution qui traquent une population consumée de terreur.

le premier chapitre s'ouvre sur l'histoire d'Azar, jeune prisonnière politique qui donne naissance à la prison d'Evin, à Téhéran dans des conditions plus qu'inhumaines. Elle redoute ainsi que ses compagnes chez qui l'espoir est revenu grâce à la présence de l'enfant, que sa petite fille Neda ne lui soit bientôt ôtée. On fait connaissance avec plusieurs détenues et leurs invisibles parents. Ceux-ci, quoi que hors des murs de la prison sont tout aussi prisonniers ou victimes de la haine, de la délation et du système. Parmi elles, Firoozeh, ne résiste pas à la délation en échange de privilèges de la prison. Parisa, qui a déjà un enfant qui grandit recueillie par la grand-mère, est enceinte d'un deuxième. Il y a aussi une gardienne de la révolution bien campée, amoureuse d'un certain Mizieh.

Résilience de la nature humaine: les histoires se croisent et tous ces enfants de dissidents apprennent à survivre sans leurs parents, auprès de leurs proches. Les jeux et les rires d'enfants renaissent. La vie quotidienne s'arrange d'expédients. Mais au cours des chapitres qui couvrent trois générations, un poignant récit de la douleur émerge à chaque instant. La douleur de la séparation des couples, celle des arrestations et des exécutions arbitraires, celle de l'abandon forcé des enfants, celle de la parole confisquée, et du silence imposé entre les membres d'une famille pour se protéger. Ce livre décrit aussi la douleur pour la grand-mère et la tante nourricière quand elles doivent « rendre » aux « vraies mères » sorties de prison, un à un les enfants auxquels elles se sont attachées.

Il y a aussi le thème récurrent du choix douloureux entre faire toute la vérité sur un passé familial douloureux et l'occulter pour préserver les enfants à qui on veut donner les meilleures chances d'épanouissement, loin des souvenirs tragiques. Il y a pour les enfants, devenus adultes, la douleur de la révélation des vérités dissimulées. Il y a la douleur de l'exil à l'étranger, celle des amours contrariées, et celle du retour dans un pays que l'on ne reconnait plus ou qui ne vous reconnait pas. Il y a la question de l'identité.

Malgré de lourds sacrifices, des histoires d'amour ont fleuri avec la ténacité du Jacaranda, en dépit des bombardements et de la guerre civile. Les femmes en tchador sont d'un courage inouï, elles sont étonnante de détermination, d'énergie et de séduction. On les voit passionnées, avec une féminité assumée lorsqu'elles se sont éprises d'un homme. On découvre chez elle un élan vital que nul homme, nulle violence ne peut étouffer. Des femmes-arbres. Jacarandas?

Ainsi, une deuxième génération pleine d'espoir de changement se retrouve dans les rues pour la « révolution verte» de l'Iran de 2009 et fait face aux représailles violentes comme leurs parents, 20 ans plus tôt. Dans le dernier chapitre, Neda - qui était le bébé dont la naissance ouvre le roman - est en Italie, son pays d'adoption. Elle rencontre un iranien fraîchement immigré, Reza, qui vient d'arriver à Turin. C'est un nouveau choc amoureux et une pénible épreuve de vérité. Qui furent les oppresseurs, qui furent les victimes ? Des familles peuvent-elles rêver de paix après tant de brutalités? A quel prix le présent peut-il être reconstruit? Heureusement, il y a le parfum des fleurs de Jacaranda.


Voici donc une oeuvre de mémoire viscérale, très captivante. L'écriture vous prend à la gorge. Des balbutiements du débuts jusqu'à la voix mûre et assurée de la jeune femme qui écrit, les histoires et les souvenirs des morts et des survivants sont enlacés pour toujours et ne doivent jamais être oubliés. Une auteure courageuse et déterminée, comme le fut son attachante grand-mère.


Lien : http://www.albin-michel.fr/L..
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En 1983, Neda née dans une prison de Téhéran, est arrachée à sa mère quelques mois plus tard. Omid, à trois ans est le témoin de l'arrestation de ses parents. Recueilli par sa tante et sa grand-mère, il vit avec sa sœur et sa cousine, dont les parents sont aussi en prison. Leur destin est similaire, des parents prisonniers politiques, élevés par des proches, comme beaucoup d'autres enfants de cette génération qui paye les pots cassés d'une révolution contesté qui a mené à la terreur. Vingt ans plus tard, qu'ils soient encore à Téhéran, partis en Europe ou aux Etats-Unis, ils se souviennent et portent les séquelles de cette sombre histoire qui est la leur. Alors comment se construire ? Chacun le fait à sa manière en cherchant des réponses parfois bien enfouies.

Ce roman, qui est aussi autobiographique et biographique est bouleversant. Combien d'hommes et de femmes ont vécus des histoires semblables ? S'en est terrifiant ! J'avoue j'ai parfois été perdu, parmi les faits historiques, les nombreux personnages, les liens parentaux... Mais ce mélange d'informations est aussi ce qui fait le charme de ce roman choral. Chacun raconte l'Histoire qui a pris le pas sur son histoire. Chacun dévoile une partie d'une fresque géante qui les dépasse. Tous les personnages ont vécu les mêmes évènements de façon différentes, ils essaient de les expliquer chacun à sa manière, empli de colère, de doute, d'incompréhension, de tristesse, chacun y a laissé une partie de lui-même. Ce roman est aussi très bien écrit, l'auteur ne ménage pas son lecteur et c'est tant mieux ! On se prend des claques, on est baladé entre les larmes et parfois quelques sourires. La résistance des personnages est belle, ils s'obstinent à vivre alors qu'on se demande si c'est encore possible dans ce chaos. Ce roman m'a bouleversé par sa réalité, j'en savais tellement peut sur ce pays et cette période, j'ai aimé apprendre en même temps que ces enfants, que ces ados et jeunes adultes qui grandissent comme ils peuvent.
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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