Citations sur L'homme-chevreuil (56)
Le chevreuil n'est pas un animal connu pour son sens du contact. Néanmoins, lorsque deux individus s'apprécient, il n'est pas rare de les voir se toiletter mutuellement. (p. 92)
Les indiens d'Amérique racontent que lorsqu'on chasse le chevreuil, il ne faut pas trop penser à lui, car l'animal sentira les pensées et prendra la fuite. Les pensées se transforment en humeur et les humeurs en odeurs. Je m'efforce donc d'avoir des pensées positives, dans l'espoir de faire durer ce dialogue silencieux avec Daguet.
Epilogue
La forêt est féconde, elle nous apporte nourriture et médicaments. Sans elle, nos paysages ne seraient que désolation et la vie serait réduite au silence le plus complet. C'est elle qui purifie l'atmosphère et nous permet de respirer l'oxygène, indispensable à tous les êtres vivants. Sans la forêt, il n'y a pas de vie animale, alors respectons-la, respectons les animaux qui y vivent et n'oublions pas, par égoïsme, cette dette que nous avons envers elle. (...) Au fil de mon aventure, je me suis intéressé à notre petite histoire dans la grande histoire naturelle. (p. 251)
Prologue
Comme eux [animaux ], je suis devenu très territorial. Quiconque entre sur mon territoire est considéré comme un danger potentiel. J'ai l'impression que l'on viole mon intimité. Mon secteur fait un rayon de cinq kilomères. Dès que je vois quelqu'un, je le suis, je l'épie, je me renseigne. S'il revient trop souvent, je vais tout faire pour le faire fuir.
(...) alors que je remonte le petit chemin forestier, je prends conscience que je n'ai plus adressé la parole à un être humain depuis des mois. Cela fait sept ans que je vis dans la forêt, que je ne communique qu'avec des animaux. Les premières années, je faisais des allers-retours entre la société humaine et le monde sauvage, mais avec le temps j'ai fini par définitivement tourner le dos à ce qu'ils appellent la "civilisation" pour rejoindre ma vraie famille: les chevreuils. (p. 8)
Les chevreuils ont cette capacité à ressentir les émotions, à faire la différence entre le bien et le mal ou entre ceux qui leur veulent du bien et ceux qui leur veulent du mal. Dégoûté par ma propre espèce qui tue sauvagement mes amis, détruit leur environnement, manque de respect à la forêt, et blessé par l'attitude de mon entourage, je décide, à partir de ce moment, de rester le plus longtemps possible en complète autonomie, à vivre de la forêt sans retourner dans ce monde humain, inhumain, que je ne comprends décidément pas. (p. 186)
Les chevreuils qui composent un groupe ont tous en commun d'être interindépendants. Ils sont à la fois profondément autonomes et très dépendants les uns des autres, et chacun remplit son rôle de façon individuelle. La vie devient plus instinctive et en lien direct avec la nature. Les échanges d'informations se font d'un chevreuil à l'autre, mais la première des préoccupations est de rester en vie et de s'occuper de son équilibre propre. Il n'y a ni individus inférieurs ni individus esclaves. Chaque chevreuil est un individu à part entière, qui fait des choix, et la somme de ces choix individuels permet la cohésion de la troupe. (p. 127)
Nous nous fixons l'un l'autre quelques minutes qui me paraissent durer des heures. Il regarde sur le côté comme pour m'inviter à découvrir la forêt avec lui. Il se détourne lentement, avec élégance et s'enfonce dans le taillis. Je viens d'être touché par quelque chose de plus fort que moi. J'ai senti l'Appel de la forêt.
Dans cette histoire, finalement c'est moi l'animal de compagnie et c'est moi qui marche derrière les animaux sauvages, pas l'inverse. (p. 152)
La nature n’est pas un gisement, c’est un bien commun à tous les animaux, Homme compris.
Vivre le moment présent, à l’image des animaux de la forêt, me remet à ma vraie place dans l’ordre des choses.