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Citations sur Classer, dominer : Qui sont les autres ? (28)

La description des légumes n’a pas les caractères d’une ordination : choux-fleurs, carottes, auber­gines, poivrons, ne sont pas distingués dans un souci hiérarchique. En revanche, quand cette caté­ gorisation est à la fois dichotomique et exhaustive, quand tous les légumes ou tous les êtres humains sont classés dans une catégorisation qui ne com­prend que deux termes, et dont aucun légume ou être humain ne peut sortir car ne pas appartenir à une catégorie implique nécessairement d’appar­tenir à l’autre, cette catégorisation est faite dans le but de les hiérarchiser : l’une des catégories est for­cément supérieure à l’autre et l’autre forcément inférieure à la première.
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Il est urgent de revoir nos façons de penser l'ar­ticulation et l'imbrication du patriarcat et du racisme, ainsi que nos façons de faire militantes. Le mouvement féministe ne peut vivre que s'il devient réellement universel et prend en compte toutes les femmes, toutes leurs situations et toutes les révoltes.
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L’autre aspect de ce refus, c’est qu’en les nommant, l’Autre, l’inférieur, le Noir, la femme, le pédé, la gouine usurpent leur privilège. Et leur privilège, c’est justement de nommer les indivi­dus, de les rassembler en catégories indépendam­ment de ce que les intéressés disent ou veulent, de les classer. Parce que classer, c’est hiérarchiser. Parce qu’aucun nom n’est neutre: «homo­sexuelle », ce n’est pas une description, c’est le nom d’une catégorie sociale inférieure. C’est ce qu’on fait à l’Autre. C’est comme ça qu’on signale que l' Autre est Autre.
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Le mystère de l’Autre se trouve résolu. L’Autre c’est celui que l’Un désigne comme tel. L’Un c’est celui qui a le pouvoir de distinguer, de dire qui est qui : qui est « Un », faisant partie du « Nous », et qui est « Autre » et n’en fait pas partie ; celui qui a le pou­voir de cataloguer, de classer, bref de nommer.
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Aucun indi­vidu ne peut exister en dehors de la société. Il ne peut exister d’être humain sans société, il ne peut exister de pensée sans langage ; une collectivité, même réduite à quelques dizaines de personnes, est indispensable pour que des individus existent.
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Le regroupement des homos, c'est du com-mu-ta-ris-me, ni plus ni moins. Personne ne sait exactement ce que c'est - c'est la fonction du mot politique que d'être flou et plein de menaces d'autant plus terribles qu'elles sont moins précises. On craint le pire.

Un État gay en Ariège, peut-être ?

Cette hystérie est surprenante, et son prétexte plus encore. Le communautarisme, le vrai, c'est la coexistence dans un même État de règles différentes pour des segments différents de la population, qu'on appelle alors des communautés. C'est le cas au Liban, où les Druzes ont un droit civil différent des Maronites, qui ont un droit civil différent des musulmans. C'est le cas en Israël, en Inde (entre autres pays), où des « codes de statut personnel » règlent le mariage, la succession, etc., selon l'appartenance religieuse des gens. Ce n'est pas, à ma connaissance, ce que demandent les mouvements homo, ni ici ni ailleurs. En fait, ils demandent très exactement le contraire : ils demandent à ce que la loi commune leur soit appliquée ; à ce que soient abrogées les exceptions et dérogations qui les constituent en catégorie spécifique. C'est la situation présente qui constitue un communautarisme de fait ; pas leur fait, mais celui de la société qui les traite de façon discriminatoire. Et ils veulent la fin de cette situation. (p. 84-85)
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[Le « modèle français »] a érigé le genre dominant en modèle, ce qui était facile tant que celui-ci était le seul. Dans un deuxième temps, sommé par le genre dominé de lui faire une place, il lui dit : « Entrez et faites comme chez moi. » Il demande au dominé de se conformer à son modèle, d'être comme lui. C'est évidemment impossible, car les hommes ne sont des hommes que dans la mesure où ils exploitent des femmes. Les femmes ne peuvent donc pas, par définition, faire comme les hommes, 1) parce qu'elles n'ont personne à exploiter ; 2) parce qu'il faudrait qu'elles cessent d'être exploitées elles-mêmes pour pouvoir être à égalité avec les hommes, et 3) parce que si les hommes n'avaient plus de femmes à exploiter, ils ne seraient plus des hommes. C'est pourquoi les femmes ne peuvent pas être les égales des hommes tels qu'ils sont aujourd'hui, car « tels qu'ils sont aujourd'hui » présuppose la subordination des femmes. (p. 67-68)
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Quand un bébé naît her­maphrodite, ce qui arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le pense et prend beaucoup plus de formes qu’on ne l’imagine, on «rectifie» son sexe chi­rurgicalement, au prix de beaucoup d’opérations et de souffrance pour les enfants, afin que ce sexe ressemble à un sexe «normal», soit de l’un soit de l’autre (sexe).
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Accepter la notion même de discrimination, c’est-à-dire qu’une femme ou un Noir devraient être pris en compte à l’égal d’un homme ou d’un Blanc, que c’est la nouvelle norme, représente pour la population française blanche et la population masculine une mutation culturelle : c’est tout sim­plement «le monde à l’envers». Mais cette nou­velle norme n’est pas seulement un bouleversement culturel : elle annonce la perspective pour cette population masculine et blanche de perdre les bénéfices qu’elle retire de la discrimination.
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Nous vivons dans un univers où il est non seulement normal de pré­férer un individu à un autre, un parent à un étran­ger, un homme à une femme, un «vrai » Français à un Arabe (dit aussi « Français de papier ») ; mais où cela fait partie des prérogatives de tout patron, et où il a raison de suivre ces préférences qui assu­rent que chacun-e est à sa place, que l’ordre social
est respecté: les Arabes faisant du «travail d’Arabe », les femmes du « travail de femme ». Tout à coup, on leur dit que ce qu’ils font, avec un fort
sentiment de leur bon droit et de leur utilité sociale, est non seulement moralement, mais peut-être même juridiquement répréhensible.
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