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Citations sur L'ennemi principal, tome 1 : Economie politique du pa.. (12)

[...] la plupart des marchandises sont produites sur le mode industriel ; les services domestiques, l'élevage des enfants et un certain nombres de marchandises sont produites sur le mode familial.
Le premier mode de production donne lieu à l'exploitation capitaliste. Le second donne lieu à l'exploitation familiale, ou plus exactement patriarcale.
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Notre hypothèse est que la raison pour laquelle le travail ménager n'est pas considéré comme productif et comptabilisé est qu'il est effectué - dans le cadre du ménage - gratuitement : il n'est pas rémunéré, ni échangé d'une façon générale. Et ceci, non en raison de la nature des services qui le composent - puisqu'on les trouve tous sur le marché - ni en raison de la nature des personnes qui le fournissent (puisque la même femme qui cuit gratuitement une côtelette dans son ménage est rémunérée dès qu'elle le fait dans un autre ménage) mais en raison de la nature particulière du contrat qui lie la travailleuse - l'épouse - au ménage, à son « chef ». (p. 63)
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On m'accordera que le premier empêchement à lutter contre son oppression, c'est de ne pas se sentir opprimée. Donc le premier moment de la révolte ne peut consister à entamer la lutte mais doit consister au contraire à se découvrir opprimée : à découvrir l'existence de l'oppression. L'oppression est découverte d'abord quelque part. Dès lors son existence est établie, certes, mais non son étendue. C'est à partir de la preuve qu'elle existe qu'on la cherche ensuite ailleurs, ici, là, en progressant de proche en proche. La lutte féministe consiste autant à découvrir les oppressions inconnues, à voir l'oppression là où on ne le voyait pas, qu'à lutter contre les oppressions connues. (p. 164)
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Le retournement de l'accusation de racisme est une réaction classiquement défensive et une défense classiquement réactionnaire. Et cela fait quelque temps déjà que l'on voit les femmes accusées de sexisme par des gens qui souvent n'en connaissent même pas le sens originel, mais qui ont l'excuse de ne pas poser aux « révolutionnaires », encore moins aux « féministes ». L'accusation de « contre-racisme » ou de « sexisme à l'envers » est typiquement réactionnaire ; elle l'est déjà a priori, avant tout examen, en cela seul qu'elle pose implicitement une symétrie entre oppresseurs et opprimés. Il est incroyable qu'on ose proférer de telles choses à propos des Noirs, dont le mouvement est plus ancien, plus connu et plus reconnu, que celui des femmes. Il est incroyable que quiconque se prétendant non seulement au courant des luttes, mais de surcroît « spécialiste », fasse preuve d'une telle ignorance, au sens premier d'absence d'information ; et que quelqu'un qui ignore des faits élémentaires de l'histoire contemporaine ose aborder le sujet. En effet, le « concept » de « contre-racisme » a été démystifié depuis longtemps pour ce qu'il est : une tentative d'intimidation. (p. 161)
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L'« amitié » de nos amis est du paternalisme : une bienveillance qui comporte nécessairement une bonne dose de mépris, mieux, une bienveillance qui ne s'explique que par le mépris. Ils se mêlent de nos affaires parce qu'ils nous estiment incapables de nous en occuper. Mais « ce n'est pas tout » : la vérité - une autre vérité - c'est qu'ils ne peuvent se résigner, eux qui sont les premiers partout, à ne plus l'être aussi là ; or, là, ils ne peuvent manifestement pas l'être. Leur bienveillance n'est qu'une tentative de garder une place, de n'être pas exclus. Il existe une raison objective et majeure à leur tentative de contrôler la direction des mouvements : la peur qu'ils ne se dirigent contre eux ; mais de surcroît une tendance imprimée en eux dès leur naissance, et devenue une seconde nature, est plus forte qu'eux : il faut que cette place soit leur place, et leur place c'est devant. (p. 154)
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On est en face d'un paradoxe : d'une part le mariage est le lieu - institutionnel - d'une exploitation pour les femmes, d'un part, précisément en raison de cette exploitation, leur situation potentielle (celle de toutes les femmes et pas seulement celle des femmes effectivement mariées) est si mauvaise que le mariage est encore la meilleure carrière - économiquement parlant - pour elles. Si une situation initiale ou potentielle est mauvaise, l'état de mariage ne fait ensuite qu'aggraver cette situation, et renforce donc sa propre nécessité. (p. 126)
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La non-valeur de ce travail [ménager] est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus précisément c'est un contrat par lequel le chef e famille - le mari - s'approprie tout le travail effectué dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marché comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement le travail de la femme est sans valeur parce qu'il ne peut pas être porté sur le marché, et il ne peut l'être en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriée par son mari. Cependant, le tiers environ des femmes mariées travaillent à l'extérieure. On constate que ceci va de pair avec l'extension de la production industrielle - et donc du salariat - et la diminution de la production familiale, artisanale ou commerciale. Dès lors que la production destinée à l'échange (au marché) est effectuée hors de la famille, sur le mode du salariat, dès lors que l'homme ne vend plus un produit mais son travail, la production marchande ne peut plus incorporer le travail gratuit des femmes. Celui-ci ne peut plus être utilisé que dans la production destinée à l'autoconsommation : la production de services domestiques et d'élevage des enfants. (p. 123-124)
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Si un divorce est la fin d'un mariage en tant qu'institution. Il n'a pas été créé pour détruire le mariage puisqu'il ne serait pas nécessaire si le mariage n'existait pas. En ce sens, comme bien des auteurs l'ont montré, même la fréquence des divorces peut être interprétée non comme un signe que l'institution du mariage est malade, mais au contraire comme un signe qu'elle est florissante. (p. 122)
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Dans le modèle méritocratique, l'accès individuel aux positions sociales n'est pas fondé sur l'association individuelle avec les détenteurs par la filiation ou la cooptation, mais sur l'application de critères formels et, en langage parsonien, « universalistes », de capacités. Les thèses de Bernstein, Bourdieu, Passeron, et de leurs écoles, se fondant implicitement sur ce modèle pour critiquer le fonctionnement réel de l'École, non seulement ne mettent pas en cause le système de classes, mais d'une certaine façon le valident, comme le fait le modèle méritocratique qui loin de critiquer la hiérarchie, tend au contraire à la rationaliser et à la justifier. (p. 101)
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Alors que le salarié dépend du marché (d'un nombre théoriquement illimité d'employeurs), la femme mariée dépend d'un individu. Alors que le salarié vend sa force de travail, la femme mariée la donne : exclusivité et gratuité sont intimement liées. (p. 47)
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