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Citations sur La haine du monde : Totalitarismes et postmodernité (14)

Le jardinier qui travaille sous ma fenêtre est un admirateur du monde. Il n'imagine pas qu'il pourrait produire quelque plante. Il cultive. Autrement dit, il aide à croître ce qui existe sans lui. Il ne crée pas, il ne fabrique pas : il prend soin. D'où l'humilité.
...
Constamment il se sent dépassé : il n'en ressent pas de honte ni d'aigreur, mais plutôt une dignité d'appartenance.
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L’époque moderne sait, d’une manière plus ou moins consciente et plus ou moins avouée, que le programme d’émancipation des Lumières se déploie en ces deux siècles par toutes sortes de moyens, et singulièrement, que les totalitarismes communistes et apparentés sont des réalisations (ou plutôt des tentatives de réalisation) violentes de ce même programme. Mais le sentiment encore diffus d’analogie et de fraternité entre les démocraties modernes et le totalitarisme émancipateur, n’apparaît qu’au moment où le Mur de Berlin s’effondre. Alors, les deux mondes auparavant séparés se regardent face à face : et ils se voient semblables. Il n’est pas surprenant d’observer que la plupart des écrivains qui ont perçu cette ressemblance troublante entre le communisme et l’Occident postmoderne, sont des écrivains dissidents de l’Est et du Centre-Est européen. Ceux-ci ont ressenti l’analogie non dans le concept, mais dans la chair de la société, sa réalité crue, son existence du matin au soir. Souvent cela se passe quand, après de longues années d’obscurité, ils surgissent dans ce qu’ils espèrent être la lumière occidentale. Et ils sont affreusement déçus. Car le monde qu’ils trouvent ressemble obstinément au monde qu’ils ont laissé.
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Quand une situation est devenue insupportable à beaucoup, alors n'importe quoi peut arriver, y compris le pire: "il faut que quelque chose arrive", répétaient les Allemands à la fin des années vingt. (p. 68)
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les Lumières françaises s'instaurent comme rupture totale - l'ancien monde est entièrement mauvais. La totalitarisme a commencé là. (p.32)
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Ce n’est pas la Modernité elle-même qui est en cause, ce sont ses excès. Ce n’est pas l’émancipation qui est en cause, mais la volonté persistante, inique, et en définitive inutile parce que l’œuvre est impossible, de supprimer l’enracinement pour laisser place à l’émancipation absolue, triomphante et sans barrières.
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On ne peut, paraît-il, appliquer à la grandeur la mesure du bien et du mal. Pour celui qui est grand rien n’est mal. Aucune abomination ne peut lui être imputée. « C’est grand ! », disent les historiens, et alors il n’y a plus ni bien ni mal, il y a ce qui est « grand » et ce qui « n’est pas grand ». Ce qui est grand est bien, ce qui n’est pas grand est mauvais.
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En général la violence monstrueuse est proportionnée alors à l’ampleur du ressentiment – aujourd’hui nous avons ceux qui découpent la tête de leur ennemi et la présentent sur les réseaux sociaux. Mais le cas de la démiurgie dont je parle est beaucoup plus profond, on pourrait dire qu’il est philosophique et pas seulement culturel. Il s’agit d’une volonté de quitter le monde au sens où l’on souhaite non pas changer de pays ou de culture – mais se défaire ou se débarrasser du mode d’existence de l’humanité telle qu’il a toujours été. Il s’agit d’une volonté à la fois de récuser et de refaire entièrement le monde humain.
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Autrement dit, vouloir défendre et protéger le monde ne signifie pas vouloir en bloquer l’évolution, l’immobiliser en l’état. Car la nature même de notre monde est de quêter son amélioration incessante. Défendre et protéger le monde signifie prendre la réalité au sérieux ; croire que le monde naturel et humain comporte une structure et des lois que nous devons connaître et respecter. Et que l’on ne peut pas tromper la réalité :
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.
CAMUS.
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Il ignore le mépris, le dénigrement et la dérision. La fleur la plus simple lui est bonheur. Il aime ce monde qui le dépasse et dont il participe à l’élévation. Il s’étonne de cet ordre qui surgit, armé déjà, devant son regard, en même temps qu’il s’extasie devant ses propres prouesses.
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