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Citations sur Pièces détachées (14)

Au moment où a été découvert le corps du docteur Pellegrin, nous nous trouvions à Garges-lès-Gonesse, où un petit dealer s'était fait trancher la gorge : on l'avait trouvé baignant dans son sang, dans un escalier d'une HLM de La Muette. Les sixcollègues du commissariat local avaient toutes les peines du monde à écarter les curieux de toutes les couleurs qui se pressaient devant l'immeuble. Les mômes du quartier défilaient l'un derrière l'autre en racontant qu'ils habitaient le bâtiment, pour convaincre le gardien en uniforme placé devant la porte de les laisser monter. A mon arrivée, le gardien en question m'a donc pris moi aussi pour un touriste et a commencé par m'engueuler.
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On a beau être plus ou moins blasé, il y a des jours où on a vraiment envie de vomir. J'avais déjà, avant cette affaire, un point de vue assez peu optimiste sur la nature humaine, mais cette fois je crois bien avoir été définitivement vacciné. Nous en voyons de toutes sortes à la Brigade criminelle, pourtant je peux vous dire que lorsque nous avons bouclé ce dossier, je n'étais pas le seul à avoir la nausée. Mais mieux vaut vous raconter l'histoire depuis le début.
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Dans les immeubles voisins, il y avait aussi des Ghanéens, des Indiens, des Cambodgiens, des Portugais et bien entendu des Arabes. Une demi-douzaine d'interprètes n'auraient pas été de trop pour mener cette enquête dans de bonnes conditions, mais il aurait fallu huit jours pour les obtenir, et de toute façon, personne n'avait rien vu ni entendu.
– Il y a en tout vingt-huit ethnies à Garges-lès-Gonesse, nous expliqua doctement un instituteur barbu. Dans ma classe, j'ai des mômes qui ne comprennent pas un traître mot...
– Beaucoup de bagarres ?
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Le bonhomme fit rentrer son monstre dans l'appartement, l'enferma dans une pièce, et revint nous inviter à le suivre à l'intérieur. Ça sentait le renfermé. Il nous désigna des fauteuils mais nous préférâmes rester debout : il y avait des poils de chien partout.
– Toute cette merde, c'est de votre faute : on ne vous voit jamais, attaqua le locataire des lieux. Et de la faute du proprio, ça fait un an qu'on réclame des interphones. S'il y avait des interphones, les mômes ne rentreraient pas comme ça.
Il se lança dans un discours, que nous interrompîmes pour essayer de le ramener dans le vif du sujet, mais il ne savait rien et n'avait rien vu. Il parut déçu par la brieveté de l'entretien et essaya de nous retenir.
– Nous avons une foule de gens à voir, fit Roland, en grattant la tête du chien qui avait réussi à s'échapper.
– Ce salopard arrive à ouvrir la clencheavec sa patte, expliqua le bonhomme, une lueur attendrie dans l'œil.
Il nous raccompagna sur le palier.
– Au-dessus, vous avez des Turcs, et encore au-dessus des Chinois et des Malgaches, annonça-t-il, mais eux ils parlent français.
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A notre arrivée sur le palier, une porte s'entrebâilla et une tête apparut. Je m'approchai, en souriant, la porte se referma aussitôt et des verrous cliquetèrent. Cette porte était peinte en vert, percée d'un œilleton et encadrée d'une cornière métallique. Je frappai, en vain. De l'autre côté, on devait nous observer au travers de l'œilleton.
– Vous n'avez rien à craindre, c'est la police, criai-je.
Un chien aboya et une autre porte s'ouvrit, dans notre dos. Je me retournai à temps pour repousser l'animal qui était gros et envahissant mais n'avait apparemment pas d'intentions agressives.
– Vous n'en tirerez rien, ce sont des Sri-Lankais, ils ne causent pas un mot de français, déclara le propriétaire du chien.
– C'est à nous d'en juger, dis-je, et soyez assez aimable pour rappeler votre chien.
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J'échangeai un regard avec Roland. Le taf, dans l'immédiat, ça consistait pour nous à interroger les voisins. Tous les voisins, et les voisins des voisins. Autrementdit, le porte-à-porte dans les tours du secteur. Ce boulot peut prendre plusieurs jours. C'est ce qu'on appelle, dans notre jargon, l'enquête de proximité. Ce sont les derniers arrivés dans l'équipe qui se la coltinent. Donc Roland et moi.
– Sans déconner, reprit Roland en s'engageant dans l'escalier derrière moi, ce sont des vraies Tony Lama. Et, si ça se trouve, on a saigné ce môme pour une dose de dope qui vaut quatre fois moins. Des Tony Lama, ça se revend très bien...
Quand Roland a une idée, il la suit jusqu'au bout. A la limite de l'obsession. Si personne ne l'arrête, il peut parler pendant des heures sur le même sujet. Une nuit, pendant une planque, il m'a fait un cours magistral sur la fabrication du fromage grec. Travailler avec lui présente tout de même certains avantages pour moi qui ne suis ni très grand ni très épais : il mesure près d'un mètre quatre-vingt-cinq et doit peser dans les quatre-vingt-dix kilos. Il n'a pas besoin d'élever la voix, les clients secalment très vite quand il se pointe quelque part.
– Il n'en a pas profité longtemps, de ses tatanes, observai-je pour donner la réplique à Roland.
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Il continuait à examiner le cadavre et à prendre des notes tout en dissertant sur le prix des godasses. Ce type est un surdoué qui a raté sa vocation et devrait écrire des romans. Un des hommes de l'I.J. lui toucha l'épaule.
– Ça t'ennuierait de te pousser, coco, nous aussi, faut qu'on bosse.
Il fit crépiter son flash puis entreprit de démonter son zoom.
– Ce type aurait pu se faire buter dans un endroit plus large. Ça manque de recul. Je vais prendre mon vingt-quatre.
– Ils ont des chouettes autofocus, ces salauds, remarqua Roland, toujours adossé au mur.

– Bon, vous n'allez pas causer de pompes et d'appareils photo toute la journée, coupa Josiane. Si vous vous mettiez au taf, les copains ?
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Je gravis les dernières marches pour m'approcher du théâtre des opérations. Rinaldi, le procédurier, griffonnait fébrilement sur son carnet, accroupi à côté ducadavre. La victime était un jeune type brun, un Beur probablement, à qui on avait ouvert la gorge jusqu'aux oreilles. Le sourire kabyle. Le sang imprégnant son tee-shirt dissimulait le cinq et le zéro du nombre 501 qui barrait sa poitrine.
Il s'était recroquevillé sur lui-même pour crever dans un angle du palier. Je remarquai la semelle ferrée et presque neuve de ses bottines à bouts carrés.
– Ce sont des vraies, dit Rinaldi, constatant que je regardais les pieds du gars.
– Des vraies quoi ?
– Des vraies Tony Lama en autruche, pas des imitations, ça vaut dans les trois cents sacs, peut-être plus, précisa Roland, qui se tenait appuyé contre le mur, les mains dans les poches de son parka.
– Comment le sais-tu ?
– Dans ma jeunesse, je fantasmais sur des pompes comme ça...
– Moi, je ne mets jamais plus de cinq cents balles dans mes pompes, déclara sentencieusement Rinaldi. Au-dessus, c'est la marque que tu paies...
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Josiane secoua la tête, d'un air entendu, puis reprit sa discussion avec le proc. C'est une petite bonne femme qui n'a l'air de rien du tout, mais qui dirige le groupe avec beaucoup de diplomatie. Il en faut pour supporter cinq gus comme nous. La première fois que je l'ai rencontrée, j'ai cru avoir affaire à une vague secrétaire ou à une dactylo chargée de taper les rapports. Il m'a fallu un moment pour me remettre et saisir qu'on m'avait placé sous les ordres d'une chef, et non d'un chef, et que cette chef, c'était elle. Par la suite, j'ai aussi compris que, même à la Crim, les dactylos, c'est nous...
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La grimpette m'avait essoufflé. J'écartai les bras en signe d'impuissance, sans répondre. Il n'y avait rien à répondre : je m'étais égaré. Garges-lès-Gonesse, ce n'est pas la porte à côté, et ce n'est pas si facile que ça à trouver quand on vient d'une autre banlieue, ce qui était mon cas. J'habite Pantinet, sur le coup de huit heures, on m'avait tiré du lit où je faisais la grasse matinée avec ma compagne qui, elle, ne travaille pas le dimanche. J'avais essayé de prendre un raccourci pour ne pas remonter jusqu'au périphérique et m'étais planté.
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