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Citations sur La Poésie symboliste : anthologie (18)

Tristan Corbière:

Petit mort pour rire

Va vite, léger peigneur de comètes!
Les herbes au vent seront tes cheveux;
De ton oeil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...

Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...

Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort - Les bourgeois sont bêtes -
Va vite, léger peigneur de comètes!
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AME EN SERRE

Je vois des songes dans mes yeux ;
Et mon âme enclose sous verre,
Eclairant sa mobile serre,
Affleure les vitrages bleus.

O les serres de l'âme tiède,
Les lys contre les verre clos,
Les roseaux éclos sous leurs eaux,
Et tous mes désirs sans remède !

Je voudrais atteindre, à travers
L'oubli de mes pupilles closes,
Les ombrelles autrefois roses
De tous mes songes entr'ouverts ...

J'attends pour voir leurs feuilles mortes
Reverdir un peu dans mes yeux ;
J'attends que la lune aux doigts bleus
Entr'ouvre en silence les portes.

(Maurice Maeterlinck)
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Il est d'étranges soirs ....

(...........................................)
Il est de mornes jours, où las de connaître
Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint,
Où s'agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours là, je vais courbé comme un ancêtre.

Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Où l'âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l'infini terrible suspendue,
Seul le vent de l'abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord.
Et, ces nuits là, je suis dans l'ombre comme un mort.

(Albert Samain)
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L'Extase

La nuit était venue, la lune émergeait de l'horizon,
étalant sur le pavé bleu du ciel sa robe couleur soufre.
J'étais assis près de ma bien-aimée, oh! bien près !
Je serrais ses mains, j'aspirais la tiède senteur de son
cou, le souffle enivrant de sa bouche, je me serrais
contre son épaule, j'avais envie de pleurer ; l'extase
me tenait palpitant, éperdu, mon âme volait à tire d'aile
sur la mer de l'infini.
Tout à coup elle se leva, dégagea sa main, disparut
dans la charmoie, et j'entendis comme un crépitement
de pluie dans la feuillée.
Le rêve délicieux s'évanouit ... ; je retombais sur la
terre, sur l'ignoble terre. O mon Dieu ! c'était donc
vrai, elle, la divine aimée, elle était, comme les autres,
l'esclave de vulgaires besoins.

(Le Drageoir à Epices - Joris-Karl Huysmans)
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Ce matin

/............................../

Cette fureur d'aimer que je soupçonnais morte,
La voici de nouveau qui s'éveille, et m'emporte
Si violemment que je ne puis me ressaisir !

Exaspéré d'autant par cette solitude,
Où je reste comme hébété de lassitude,
Sans avoir été jusqu'au bout de mon désir.

(Ernest Raynaud)
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Nocturne (extrait)

Sur le banc vert où dort la pluie
C'est là que va s'asseoir ma peine,
Vers le milieu de la nuit .......

( Henry Bataille)
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Tristan Corbière : Rondels pour après

Rondel

Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!
Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jour;
Dors... en attendant venir toutes celles
Qui disaient: jamais! qui disaient: toujours!

Entends-tu leur pas?... ils ne sont pas lourds :
Oh! les pieds légers! - l'Amour a des ailes...
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!

Entends-tu leurs voix?...Les caveaux sont sourds.
Dors : Il pèse peu, ton faix d'immortelles;
Ils ne viendront pas, tes amis les ours,
Jeter leur pavé sur tes demoiselles...
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles
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Jules Laforgue:

Dimanches
HAMLET : Have you a daughter ?
POLONIUS : I have, my lord.
HAMLET : Let her not walk i’ the sun ;
conception is a blessing ; but not as
your daughter may conceive.

Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve...

Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.

Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles.

Passe un pensionnat (ô pauvres chairs !)
Plusieurs ont déjà leurs manchons d’hiver.

Une qui n’a ni manchon, ni fourrures
Fait, tout en gris, une pauvre figure.

Et la voilà qui s’échappe des rangs,
Et court ! ô mon Dieu, qu’est-ce qu’il lui prend ?

Et elle va se jeter dans le fleuve.
Pas un batelier, pas un chien Terr’ Neuve.

Le crépuscule vient ; le petit port
Allume ses feux. (Ah ! connu, l’ décor !).

La pluie continue à mouiller le fleuve,
Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve.

("Des fleurs de bonne volonté")

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Jean Moréas: Les Cantilènes

Nevermore

Le gaz pleure dans la brume,
Le gaz pleure, tel un oeil,
-Ah! prenons, prenons le deuil
De tout cela que nous eûmes.

L'averse bat le bitume,
Telle la lame l'écueil;
-Et l'on lève le cercueil
De tout cela que nous fûmes;

O n'allons pas, pauvre sœur,
Comme un enfant qui s'entête,
Dans l'horreur de la tempête

Rêver encor de douceur,
De douceur et de guirlandes,
-L'hiver fauche dans les landes.
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Hommage à Mallarmé, de Edouard Dujardin (1861-1949)

(Souvenir du voilier de Valvins)

Dans la barque, au ras des eaux, qui s’assoupit,
La voile large tendue parmi l’espace et blanche,
Tandis que le jour décroît, que le soir penche,
Le bon nocher vogue sur le fleuve indéfini.

A pleine voile, aussi, le soir, l’idée luit,
Au-dessus de la vie et du tourbillon et de l’avalanche,
Blanche en un encadrement de sombres branches,
Là-bas à l’horizon vague de l’esprit.

Maître,
Sur la rive d’où je vois votre voile apparaître.
Et dans mon âme que réconforte la clarté,

Je regarde et j’adore
Le rayonnement argenté
Qui dans le crépuscule semble une aurore.

1506 - [p. 208]
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