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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre est un récit du désespoir. Pas le désespoir pur et dur à la suite d'une tragédie, non, le désespoir chronique, à la suite de la perte de tout ce qui avait permis d'espérer.
Nous sommes en république Tchèque, l'une des deux nations qui formaient autrefois la Tchécoslovaquie. Il est loin, le printemps de Prague – et personne ne semble s'en souvenir. Surtout pas les touristes, pour qui Prague n'est qu'une étape. Il ne s'agit pas de visiter les monuments, les musées, de déguster des spécialités locales. Disons que cela dépend ce que l'on appelle "des spécialités". A l'Est, on peut découvrir des filles qui ne savent pas encore ce qu'est le féminisme, des filles "faciles", dirait-on, et des touristes tout aussi faciles à embobiner.
Et les Tchèques, dans tout cela ? Tous n'ont pas la chance d'avoir profité de l'ouverture des frontières, comme Marek. Est-ce vraiment une chance que d'être Marek, ce personnage désabusé, désincarné, qui n'est plus d'ici, mais d'ailleurs ? Qui ne retrouve ni la ville telle qu'il l'a connue, ni ses amis ? de Katarina, son grand amour, il est à peine question. Nous la croisons, silhouette désincarnée, au détour d'une rencontre avec un touriste, moins vivante que dans les souvenirs de Marek ou dans les désirs de Jakub. Lui aussi a beaucoup changé – dégringolé devrai-je dire, tant il est ravagé par l'alcool, la drogue, la perte de ses rêves et de son amour. Dans sa déchéance même, il est pourtant le personnage dont je me souviendrai le plus, fantôme errant dans une ville uniformisée.
Prague Faubourg est un premier roman désenchantée.
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Ah! Prague ! La ville aux cent clochers !
Arpenter ses rues est comme un enchantement : La place Venceslas, l'Hôtel de Ville, le château, le pont Charles, les façades colorées, rien que çà pour vous en mettre plein la vue. Comme beaucoup le disent, Prague est un Musée à ciel ouvert.
Pour les touristes, oui... pour d'autres moins. En effet, si on gratte un peu le crépis de la ville idyllique, on se rend compte qu'il y règne (notamment dans les marges du centre-ville) un système de débrouille, une économie souterraine faite de drogue, de filles faciles et une petite délinquance notoire.
Aux éditions Asphalte (et comme son nom l'indique), on aime à dénicher des auteurs qui vous donnent à voir la vie citadine en dehors des clichés habituels. Chez eux, on est plus proche du trottoir et du pavé que des beaux immeubles chics et des lieux branchés.
Dans le présent ouvrage, l'auteur Timothée Demeillers, nous guide vers une sorte de mélasse Pragoise avec Marek, revenu en Tchéquie après un long séjour Etasunien. Il vient retrouver son ami Jakub, et revoir ces lieux qui au début des années 90 avaient un avenir radieux. La situation n'est donc plus la même aujourd'hui. Les codes occidentaux sont devenus la norme, et les espoirs hérités du renouveau post-soviétique sont tombés bien bas.
Peu de perspective, donc, dans cet ouvrage qui rebuterait le moindre touriste souhaitant s'y rendre.
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Lecture commune pour ce livre, mon ami Éric, par ailleurs co-blogueur sur les huit plumes et moi-même avons donc lu ce roman paru chez Asphalte.
Roman à trois voix. Chaque narrateur intervient trois fois, soit neuf chapitres. D'abord Marek, nostalgique absolument plus en phase avec son pays, mais plein des souvenirs et très envieux de retrouver ces moments perdus ; une belle langue, pleine de phrases longues, qui raconte la vie de rapines et de deals que menèrent Jakub et Marek. C'est un véritable plan à arnaques dans lesquelles ne pas tomber lorsqu'on est touriste ! A emporter lorsqu'on voyage ! Marek parle du Prague des années 90 au sortir du joug russe, l'ouverture au monde occidental, le rêve de l'abondance, de la consommation qui tourne vite au cauchemar de l'inflation, du capitalisme et des salaires qui ne suivent pas et donc de la frustration, puis des économies parallèles pour s'en sortir : prostitution, drogue, alcool, …
Ensuite, Scott, un touriste états-unien qui fait une virée entre potes pour se payer des filles de l'est soi-disant faciles, qui ne devraient faire aucune difficulté pour tomber sous les charmes des Américains, surtout ceux des billets verts. Scott décrit la Prague actuelle, celles des bouges, des rades miteux, des lupanars, décevante forcément, sauf peut-être pour ceux venant chercher du sexe.
Enfin, Jakub, l'ami délaissé, désabusé qui use d'une langue totalement pessimiste voire mortifère, violente et crue, revendicatrice, bourré de points d'exclamation. Jakub le trahi qui se défonce encore plus qu'avant, qui ne voit même plus sa ville, qui ne la reconnaît plus, mais qui reconnaîtrait-il, lui devenu un quasi clochard alcoolique et toxico au dernier degré ?
Le livre de Timothée Demeillers est sombre, carrément noir, pas une once d'espoir, il me couperait même mes envies de visiter Prague, moi qui en parlais encore récemment avant d'avoir lu ce roman. Maintenant, je me questionne, la place Venceslas est pleine de drogués et de dealers, le pont Charles n'est pas mieux… C'est le point noir de ce bouquin, je le trouve vraiment démoralisant, mais je dois dire que je ne connais pas la ville et que T. Demeillers, lui, la connaît, et que je suis sans doute très naïf !
Par contre, il y a en son sein de très bons points, le fait que pour chaque narrateur, l'auteur prenne un ton et un style particuliers qui font que si l'on pose le livre et qu'on le reprend en ayant oublié avec lequel on était, on le sait dès les premières lignes. Une belle maîtrise de la langue et du déroulement narratif qui laisse si ce n'est du suspense un intérêt jusqu'à la toute fin.

Asphalte publie là son premier roman français, et coup double, Timothée Demeillers signe là son premier roman, pour lequel j'émets quelques réserves quant à la noirceur mais qui fait preuve de promesse plus qu'engageantes. Assurément, Asphalte doit garder cet auteur que je suivrai avec plaisir et curiosité.

Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Ce livre montre Prague sous un nouveau jour. En le lisant, nous perdons l'envie de visiter Prague et la Tchéquie en général.

Le communisme a fait place au tourisme sexuel. Un fléau en à remplacer un autre. Depuis toujours, on nous vend les bienfaits du tourisme, mais ce livre nous livre la réalité des choses, nous montre les ravages que peut faire le tourisme.

Nous découvrons, au fur et à mesure de notre lecture que l'espoir qu'avait les Praguois en faisant tomber le régime communiste, l'espoir de jours meilleurs , a finit par disparaître avec l'ouverture de la Tchéquie aux touristes.

Trois personnages principaux:
- Marek: a quitté la Tchéquie pour un meilleur avenir au Etats-unis, son retour pour les obsèques de son père, lui prouve qu'il ne fait plus partie de cette vie Praguoise.
Scott: un touriste américain, qui visite l'Europe avec des amis. Dès le départ de son récit le ton est lancé, le but de leurs voyages est sexuel, ils veulent coucher avec le plus de belles jeunes filles possibles. On leurs avaient dit qu'ils rencontreraient des filles faciles et sexy à Pragues.
-Jakub: l'ancien meilleur ami de Marek, qui lui est resté à Pragues, où il a perdu tout espoir d'une vie meilleure. Depuis la chute du communisme, il vit une descente en enfer.

Ce livre est sombre, mais montre la réalité, derrière les artères colorées de cette vieille ville se cache des fléaux (drogue, alcool, tourisme sexuel,...). Ce livre nous ouvre les yeux, sur notre monde.
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Timothée Demeillers nous livre un roman sombre loin des clichés d'une ville romantique héritière du charme du vieux continent.
C'est l'espoir d'un pays qui est ici dissout page après page. Les rêves d'accomplissement qui se dissolvent, l'amertume qui règne et la débauche qui s'inscrit dans le patrimoine d'une ville.

Dans ce roman en trois phases nous appréhendons des visions différentes d'une ville en mutation.
Prague oubliée au coeur d'un souvenir nostalgique, Prague pervertie, berceau de prostitution, Prague ingrate, violente envers les siens.

L'auteur décide de nous faire errer entre le fantôme d'une ville bohème, dépossédée de tout et fort riche de sens jusqu'à l'émancipation nocive de modernité. On se demande alors si le progrès n'est pas synonyme de régression quand il perd tout en chemin.

Les émotions sont vives et pénétrantes, laissant le lecteur en perdition face à une découverte brutale des coulisses d'une ville vendue en agence sur papier glacé.

Ce livre agit comme une piqure de rappel sur une Europe à plusieurs vitesses, sur une intégration dans une Europe dite moderne drainant de nombreux dommages collatéraux et surtout une perte identitaire, quand la vieillesse regrette et la jeunesse digère ses illusions.

Je remercie Babélio et les éditions Asphalte de m'avoir permis de découvrir cet auteur au talent certain qui transmet de manière directe le désarroi des hommes. Un livre court, percutant.
Lien : http://labibliothequedejune...
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