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Critique de mariecesttout


"Je n'ai aucun problème avec la lecture. j'ai un problème avec les livres.
Il me faudra plus de dix ans ( ce qui, en début de vie, est comparable à l'éternité) pour le résoudre."

Plus de dix ans, en fait, car Agnès Desarthe , normalienne, agrégée d'anglais, romancière et traductrice a quand même réussi à intégrer l'ENS sans avoir lu aucun livre du programme..
"La bibliographie qu'on nous remet à la rentrée compte ( rien que pour le français) une soixantaine de titres. Il m'apparaît, en toute logique, qu'on ne peut pas lire autant d'ouvrages en une année, surtout lorsque, comme moi, on est atteint de " livrophobie". Je décide donc de n'en lire aucun par souci d'équité, par esprit de justice."

Arnaud Viviant , assez méchant par ailleurs- il ne se cachait pas de ne pas aimer Agnès Desarthe : c'est une bourge, suprême insulte- a reconnu, au Masque , que c'était tout à fait possible.

Et c'était une vraie phobie: Il est hors de question que cela pénètre en moi.
Mais pas pour tous les livres.. et ceci dès l'enfance, mais peut être plus intéressant à l'adolescence:
"Ainsi puis-je expliquer pourquoi Phèdre me parle alors que Madame Bovary me navre. nous lisons ces deux oeuvres en classe de seconde. L'une m'enchante, l'autre m'assomme.
Une femme mûre ( elle a l'âge de nos mères, autant dire qu'elle est vieille) est amoureuse d'un homme qui n'est pas son mari.. Je considère, à l'époque, que ce genre d'histoire devraient être interdites aux moins de dix-huit ans. Non parce qu'elles sont immorales ou choquantes, mais parce qu'elles ne nous intéressent pas; nous n'avons pas envie d'échafauder quelque rêverie que ce soit sur la sexualité de nos mères..
Avec Phèdre, c'est la même chose, mais c'est différent. Une femme mariée tombe amoureuse, mais cette fois-ci, ce n'est pas une bourgeoise pleurnicheuse, ce n'est pas une vieille qui a des regrets, ce n'est pas une histoire, c'est La Jeune Fille et la Mort de Schubert. de la musique."
En fait, elle résiste au contenu, elle ne tolère que la forme.

C'est un livre très personnel , enquête sur son propre trajet par rapport à la lecture, qui renvoie bien sûr à d'autres choses, les origines, les traumatismes en tous genres dans les parcours scolaires ( notamment rencontrés par les petites filles dans certaines cours de récréation), les programmes, une ode à certains enseignants qui font qu'un jour , un déclic se fait.
J'ai beaucoup aimé tout ce qui concerne l'enfance et l'adolescence, ce qu'elle écrit sur la traduction. La découverte des causes réelles de ce rejet de la lecture est un peu plus, à mon sens , laborieusement amenée.
Et j'aime beaucoup la dernière phrase:
"A présent que lire est devenu mon occupation principale, mon obsession, mon plus grand plaisir, ma plus fiable ressource, je sais que le métier que j'ai choisi, le métier d'écrire n'a servi et ne sert qu'une seule cause: accéder enfin et encore à la lecture, qui est à la fois le lieu de l'altérité apaisée et celui de la résolution, jamais achevée, de l'énigme que constitue pour chacun sa propre histoire."








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