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Citations sur Comment j'ai appris à lire (37)

Je crains plus que tout l'ordinaire, et voilà justement ce que la poésie n'est pas.
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Je veux m'intégrer. Je veux être comme eux. Vais-je me mettre à lire ? En même temps, j'adore la marge, je veux être différente, (...)
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A présent lire est devenu mon occupation principale, mon obsession, mon plus grand plaisir, ma plus fiable ressource, je sais que le métier d'écrire, n'a servi et ne sert qu'une cause : accéder enfin et encore à la lecture, qui est à la fois le lieu de l'altérité et celui de la résolution, jamais achevée, de l'énigme que constitue pour chacun sa propre histoire.
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Je repense à certains clichés qui courent sur la lecture à l’école ; j’ai fréquemment entendu, ou lu, que le plaisir de lire, justement parce que c’était un plaisir, ne pouvait être prescrit. On nous explique que la contrainte scolaire et les enjeux de réussite qui y sont attachés bloquent, inhibent, voire abîment la relation individuelle du jeune lecteur à l’ouvrage dont il sait qu’il va devoir le décortiquer, le régurgiter sous la forme de contrôle noté. Comme souvent, et c’est le terrible problème des clichés, il y a une grande part de vérité dans cette analyse. Je ne pense pourtant pas qu’elle s’applique dans mon cas.
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Parfois quand on écrit un livre, on exprime sans le vouloir, sans le savoir, sans s'en rendre compte sur le moment, une vérité sur soi-même qui, généralement, a peu de liens avec le déroulement de l'oeuvre, son objectif, son esthétique. J'ignore comment ces jaillissements ont lieu. Cela tient peut-être à la valeur médiumnique de l'écriture. Cela advient par surprise, dans la gratuité du geste, dans l'inconscience du propos. La plupart du temps on ne repère cet heureux accident qu'à la relecture, et le plus souvent, lors d'une relecture tardive.
Il existe un lien pour moi entre exil et lecture, entre déportation et lecture, entre persécution et lecture, entre humiliation sociale et lecture, entre le mot "juif" et le mot "livre". Des années durant j'ai refusé de lire parce que mon grand-père maternel avait été déporté, parce que la famille de mon père avait été contrainte de quitter la Libye, puis l'Algérie, parce que malgré nos efforts, nous n'étions jamais suffisamment français, parce que la lecture par un malheureux jeu de passe-passe, avait été associée à la France, la France au terroir, le terroir à ce que je ne connaîtrais, ne posséderais jamais.
La lecture c'était un autre genre d'effraction, la pénétration d'un cerveau dans le mien. Cela expliquerait ma réticence, entre vingt et quarante ans, alors même que j'étais devenue une lectrice vorace à lire Marcel Proust. "Je ne peux pas avoir ce type installé comme ça dans ma psyché vingt-quatre heures, sur vingt-quatre, déclarais-je. Il est trop présent, trop encombrant."
Il s'agit pour l'écrivain de confier au langage le soin de transmettre au lecteur une impression qui, à l'origine, n'était pas faite de mots. L'objet à apprivoiser, à cerner, à décrire est fait de lumière, d'intensité, de parfum, d'épaisseur, de saveur, il évolue, se transforme, se dérobe à l'analyse.
Ecrire n'est pas un choix, c'est une nécessité, mais cela n'a jamais aidé personne à vivre, et surtout pas l'auteur lui-même. La fatigue que génère cette activité contrebalance et, la plupart du temps, annule les moments d'euphorie liés à la trouvaille, à l'adéquation, même illusoire, même passagère, entre ce qui précède les mots et ce que ces derniers parviennent, toujours très mal, à exprimer.
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J’ai conçu à partir de là une véritable théorie de la traduction. Je ne soupçonnais pas alors que je deviendrais moi-même, un jour, traductrice (et encore moins que j’adopterais dans ma pratique la théorie diamétralement opposée). Mon idée était que le texte d’arrivée devait laisser affleurer les structures et le génie de la langue d’origine, qu’ainsi on offrait au lecteur la possibilité de goûter deux langues pour le prix d’une.
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On nous distribue des livres de lecture. Il s’intitule Daniel et Valérie. Sur la couverture, il y a un garçon et une fille. Je ne connais aucun garçon qui s’appelle Daniel. Aucune fille qui s’appelle Valérie. Ils ont un chien qui, je l’apprendrai bientôt, s’appelle Bobi. Je n’ai pas de chien. Ça commence mal.
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Si tu y tiens vraiment, ai-je repris, je vais essayer de décrire les choses plus précisément. Imagine que tu as une bague. Ce bijou est non seulement remarquablement beau, mais encore unique. Il est orné de pierres précieuses rarissimes, serti de l’or le plus fin et, surtout, il t’a été donné par ta mère, qui, elle-même le tenait de sa mère, qui elle-même, et cætera sur plusieurs générations.
Eh bien, quand tu écris, c’est comme si tu retirais cette bague de ton doigt, cette bague qui est à la fois précieuse, belle et chargée de souvenirs, et que tu la jetais, le plus loin possible, de toutes tes forces. Tu la jettes même si loin que tu ne l’entends pas retomber. Tu ne sais même pas si quelqu’un la trouvera. Peut-être est-elle au fond de l’océan, peut-être s’est-elle enfouie dans le sable d’un désert, dans une meule de foin. Voilà c’est ça écrire. C’est pour cette raison que c’est absurde, que ça fait mal et qu’on se sent bête.
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« Comment fais-tu pour connaitre autant de mots ? » « je lis », répond Judith. « Tu lis ? Mais je ne t’ai jamais vu avec un livre à la main. » « Je lis en cachette », murmure la petite. « En cachette de qui ? » « De moi-même », dit-elle encore plus bas.
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Combien de paroles, en particulier lorsqu'elles sont blessantes, demeurent inscrites pour toujours dans le coeur, dans l'esprit, dans le corps? L'impact est directement lié à la présence physique du locuteur, son intention.
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