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Citations sur Poésies (89)

Ô douce Poésie !
Couvre de quelques fleurs
La triste fantaisie
Qui fait couler mes pleurs.
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Dans le casque de la Victoire
L’une, heureuse, a couvé ses œufs,
Qui, tout ignorants de l’histoire,
Éclosent fiers comme chez eux.
[Un arc de triomphe - extrait]
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Vous demandez pourquoi je suis triste : à quels yeux
Voyez-vous aujourd'hui le sourire fidèle ?
Quand la foudre a croisé le vol de l'hirondelle,
Elle a peur et s'enferme avec ses tendres œufs.

Jugez s'ils sont éclos ! jugez si son haleine
Passe dans le duvet dont se recouvre à peine,
Leur petite âme nue et leur gosier chanteur.
Pressé d'aller aux deux saluer leur auteur !

Et quand le plomb mortel fait trembler chaque feuille,
Et les nids et l'orchestre et les hymnes d'un bois ;
Jugez comme l'oiseau dont l'instinct se recueille,
Retient avec effort ses ailes et sa voix !

Enfin, si dans son arbre on voit bouger sa tête,
Si pour ne pas mourir il chante encor son cœur,
Poète ! étonnez-vous que l'humaine tempête,
Ait trempé tout ce chant d'une étrange douleur !

Sous quelques rameaux verts, jardin de ma fenêtre,
Ma seule terre à moi qui m'ait donné des fleurs.
Rêveuse aux doux parfums qu'avril laissait renaître,
J'ai vu d'un noir tableau se broyer les couleurs :

Quand le sang inondait cette ville éperdue,
Quand la tombe et le plomb balayant chaque rue,
Excitaient les sanglots des tocsins effrayés,
Quand le rouge incendie aux longs bras déployés,
Etreignait dans ses nœuds les enfants et les pères,
Refoulés sous leurs toits par les feux militaires,
J'étais là ! quand brisant les caveaux ébranlés,
Pressant d'un pied cruel les combles écroulés,
La mort disciplinée et savante au carnage.
Etouffait lâchement le vieillard, le jeune âge,
Et la mère en douleurs près d'un vierge berceau,
Dont les flancs refermés se changeaient en tombeau,
J'étais là : j'écoutais mourir la ville en flammes ;
J'assistais vive et morte au départ de ces âmes.
Que le plomb déchirait et séparait des corps,
Fête affreuse où tintaient de funèbres accords :
Les clochers haletants, les tambours et les balles ;
Les derniers cris du sang répandu sur les dalles ;
C'était hideux à voir : et toutefois mes yeux
Se collaient à la vitre et cherchaient par les deux,
Si quelque âme visible en quittant sa demeure,
Planait sanglante encor sur ce monde qui pleure ;
J'écoutais si mon nom, vibrant dans quelque adieu,
N'excitait point ma vie à se sauver vers
Dieu :
Mais le nid qui pleurait ! mais le soldat farouche.
Ilote, outrepassant son horrible devoir,
Tuant jusqu'à l'enfant qui regardait sans voir,
Et rougissant le lait encor chaud dans sa bouche...
Oh ! devinez pourquoi dans ces jours étouffants.
J'ai retenu mon vol aux cris de mes enfants :
Devinez ! devinez dans cette horreur suprême,
Pourquoi, libre de fuir sous le brûlant baptême.
Mon âme qui pliait dans mon corps à genoux.
Brava toutes ces morts qu'on inventait pour nous !

Savez-vous que c'est grand tout un peuple qui crie !
Savez-vous que c'est triste une ville meurtrie.
Appelant de ses sœurs la lointaine pitié,
Et cousant au linceul sa livide moitié, Écrasée au galop de la guerre civile !
Savez-vous que c'est froid le linceul d'une ville !
Et qu'en nous revoyant debout sur quelques seuils
Nous n'avions plus d'accents pour lamenter nos deuils !

Écoutez, toutefois, le gracieux prodige,
Qui me parla de
Dieu dans l'inhumain vertige ; Écoutez ce qui reste en moi d'un chant perdu.
Succédant d'heure en heure au canon suspendu :
Lorsqu'après de longs bruits un lugubre silence,
Offrant de
Pompéï la mome ressemblance,
Immobilisait l'âme aux bonds irrésolus ;
Quand
Lyon semblait morte et ne respirait plus ;

Je ne sais à quel arbre, à quel mur solitaire,
Un rossignol caché, libre entre ciel et terre,
Prenant cette stupeur pour le calme d'un bois,
Exhalait sur la mort son innocente voix !

Je l'entendis sept jours au fond de ma prière ;
Seul requiem chanté sur le grand cimetière :

Puis, la bombe troua le mur mélodieux,
Et l'hymne épouvantée alla finir aux deux !

Depuis, j'ai renfermé comme en leur chrysalide,
Mes ailes, qu'au départ il faut étendre encor,
Et l'oreille inclinée à votre hymne limpide,
Je laisse aller mon âme en ce plaintif accord.
[A monsieur A.L.]
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Au chemin déjà solitaire,
Où deux êtres unis marchaient.
Les voilà séparés... mystère !
On a jeté bien de la terre
Entre deux cœurs qui se cherchaient !

Ils ne savent plus se comprendre ;
Qu'ils parlent haut, qu'ils parlent bas,
L'écho de leur voix n'est plus tendre ;
Seigneur ! on sait donc mieux s'entendre,
Alors qu'on ne se parle pas ?
[Au christ - extrait]
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[...]
Que tes cheveux sont doux ! étends-les sur mes larmes,
Comme un voile doré sur un noir souvenir.
Embrassons-nous !… Sais-tu qu'il reste bien des charmes
A ce monde pour moi plein de ton avenir ?
[...]
[Ma fille]
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Je veux aller mourir aux lieux où je suis née ;
Le tombeau d’Albertine est près de mon berceau ;
Je veux aller trouver son ombre abandonnée ;
Je veux un même lit près du même ruisseau.

Je veux dormir. J’ai soif de sommeil, d’innocence,
D’amour ! d’un long silence écouté sans effroi,
De l’air pur qui soufflait au jour de ma naissance,
Doux pour l’enfant du pauvre et pour l’enfant du roi.

J’ai soif d’un frais oubli, d’une voix qui pardonne.
Qu’on me rende Albertine ! elle avait cette voix
Qu’un souvenir du ciel à quelques femmes donne ;
Elle a béni mon nom... autre part... autrefois !

Autrefois !... qu’il est loin le jour de son baptême !
Nous entrâmes au monde un jour qu’il était beau :
Le sel qui l’ondoya fut dissous sur moi-même,
Et le prêtre pour nous n’alluma qu’un flambeau.

D’où vient-on quand on frappe aux portes de la terre ?
Sans clarté dans la vie, où s’adressent nos pas ?
Inconnus aux mortels qui nous tendent les bras,
Pleurants, comme effrayés d’un sort involontaire.

Où va-t-on quand, lassé d’un chemin sans bonheur,
On tourne vers le ciel un regard chargé d’ombre ?
Quand on ferme sur nous l’autre porte, si sombre !
Et qu’un ami n’a plus que nos traits dans son cœur ?

Ah ! quand je descendrai rapide, palpitante,
L’invisible sentier qu’on ne remonte pas,
Reconnaîtrai-je enfin la seule âme constante
Qui m’aimait imparfaite et me grondait si bas ?

Te verrai-je, Albertine ! ombre jeune et craintive ?
Jeune, tu t’envolas peureuse des autans :
Dénouant pour mourir ta robe de printemps,
Tu dis : « Semez ces fleurs sur ma cendre captive. »

Oui ! je reconnaîtrai tes traits pâles, charmants,
Miroir de la pitié qui marchait sur tes traces,
Qui pleurait dans ta voix, angélisait tes grâces,
Et qui s’enveloppait dans tes doux vêtements !

Oui, tu ne m’es qu’absente, et la mort n’est qu’un voile,
Albertine ! et tu sais l’autre vie avant moi.
Un jour, j’ai vu ton âme aux feux blancs d’une étoile ;
Elle a baisé mon front, et j’ai dit : « C’est donc toi ! »

Viens encor, viens ! j’ai tant de choses à te dire !
Ce qu’on t’a fait souffrir, je le sais ! j’ai souffert.
Ô ma plus que sœur, viens ! ce que je n’ose écrire,
Viens le voir palpiter dans mon cœur entrouvert !
[Le mal du pays]
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L'été, le monde ému frémit comme une fête ;
La terre en fleurs palpite et parfume sa tête ;
Les cailloux plus cléments, loin d'offenser nos pas,
Nous font un doux chemin ; on vole, on dit tout bas :
"Voyez ! tout m'obéit, tout m'appartient, tout m'aime !
"Que j'ai bien fait de naître ! et Dieu, car c'est Dieu
"Est-il assez clément de protéger nos jours, même,
"Sous une image ardente à me suivre toujours !"

Que de portraits de toi j'ai vus dans les nuages !
Que j'ai dans tes bouquets respiré de présages !
Que de fois j'ai senti par un nœud doux et fort.
Ton âme s'enlacer à l'entour de mon sort !
Quand tu me couronnais d'une seconde vie,
Que de fois sur ton sein je m'en allais ravie.
Et reportée aux champs que mon père habitait.
Quand j'étais blonde et frêle, et que l'on me portait !
Que de fois dans tes yeux j'ai reconnu ma mère !
Oui ! toute femme aimée a sa jeune chimère,
Sois-en sûr ; elle prie, elle chante, et c'est toi
Qui gardais ces tableaux longtemps voilés pour moi.
Oui ! si quelque musique à mon âme cachée.
Frappe sur mon sommeil et m'inspire d'amour,

C'est pour ta douce image à ma vie attachée.
Caressante chaleur sur mon sort épanchée,
Comme sur un mur sombre un sourire du jour !
Mais par un mot changé troubles-tu ma tendresse,
Oh ! de quel paradis tu fais tomber mon cœur !
D'une larme versée au fond de mon ivresse,
Si tu savais le poids, ému de ta rigueur,
Penché sur mon regard qui tremble et qui t'adore,
Comme on baise les pleurs dont l'enfant nous implore,
À ton plus faible enfant, tu viendrais, et tout bas :
"J'ai voulu t'éprouver, grâce ! ne pleure pas..."

Parle-moi doucement ! sans voix, parle à mon âme ;
Le souffle appelle un souffle, et la flamme une flamme.
Entre deux cœurs charmés il faut peu de discours,
Comme à deux filets d'eau peu de bruit dans leur cours.

Ils vont ! aux vents d'été parfument leur voyage :
Altérés l'un de l'autre et contents de frémir,
Ce n'est que de bonheur qu'on les entend gémir.
Quand l'hiver les cimente et fixe leur image,
Ils dorment suspendus sous le même pouvoir,
Et si bien emmêlés qu'ils ne font qu'un miroir.

On a si peu de temps à s'aimer sur la terre !
Oh ! qu'il faut se hâter de dépenser son cœur !
Grondé par le remords, prends garde ! il est grondeur,
L'un des deux, mon amour, pleurera solitaire.
Parle-moi doucement, afin que dans la mort
Tu scelles nos adieux d'un baiser sans remord.
Et qu'en entrant aux deux, toi calme, moi légère.
Nous soyons reconnus pour amants de la terre.
Que si l'ombre d'un mot t'accusait devant moi, À
Dieu, sans le tromper, je réponde pour toi :

"Il m'a beaucoup aimée ! il a bu de mes larmes ;
"Son âme a regardé dans toutes mes douleurs ;
"Il a dit qu'avec moi l'exil aurait des charmes,
"La prison du soleil, la vieillesse des fleurs !"

Et Dieu nous unira d'éternité ; prends garde !
Fais-moi belle de joie ! et quand je te regarde,
Regarde-moi ; jamais ne rencontre ma main,
Sans la presser : cruel ! on peut mourir demain.
Songe donc ! crains surtout qu'en moi-même enfermée,
Ne me souvenant plus que je fus trop aimée,
Je ne dise, pauvre âme, oublieuse des deux,
Pleurant sous mes deux mains et me cachant les yeux :

"Dans tous mes souvenirs je sens couler mes larmes ;
Tout ce qui fit ma joie enfermait mes douleurs ;
Mes jeunes amitiés sont empreintes des charmes
Et des parfums mourants qui survivent aux fleurs."

Je dis cela, jalouse ; et je sens ma pensée
S'unir en cris plaintifs de mon âme oppressée.

Quand tu ne réponds pas, j'ai honte à tant d'amour,
Je gronde mes sanglots, je m'évite à mon tour,
Je m'en retourne à
Dieu, je lui demande un père.
Je lui montre mon cœur gonflé de ta colère,
Je lui dis, ce qu'il sait, que je suis son enfant,
Que je veux espérer et qu'on me le défend !

Ne me le défends plus ! laisse brûler ma vie.
Si tu sais le doux mal où je suis asservie,
Oh ! ne me dis jamais qu'il faudra se guérir ;
Qu'aimer use le cœur et que tout doit mourir ;
Car tu me vois dans l'âme : approche, tu peux lire ;
Voilà notre secret : est-ce mal de le dire ?
Non ! rien ne meurt.
Pieux d'amour ou d'amitié,
Vois-tu, d'un cœur de femme il faut avoir pitié !
[Révélation]
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Une Nuit de mon âme

[...] Jette donc loin tes colères
Contre d’innocents ingrats ;
Le flambeau dont tu t’éclaires
Te voit si tendre en mes bras.
Cesse d’essayer la haine,
Faite pour la mépriser :
C’est perdre à river ta chaîne
La force de la briser. [...]
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Jours d'été

[...] L'église, en ce temps-là, des vertes sépultures,
Se composait encor de sévères ceintures,
Et versant sur les morts ses longs hymnes fervents,
Au rendez-vous de tous appelait les vivants.
C'était beau d'enfermer dans une même enceinte,
La poussière animée et la poussière éteinte [...]
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Jours d'été

[...] Un frêle enfant manquait aux genoux de ma mère :
Il s'était comme enfui par une bise amère,
Et, disparu du rang de ses petits amis,
Au berceau blanc, le soir, il ne fut pas remis. [...]
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