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Yves Bonnefoy (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070322435
271 pages
Gallimard (12/10/1983)
4.06/5   108 notes
Résumé :
Vie éprouvante que la sienne, toute pétrie de tristesses et de privations, assumée au milieu des larmes et du labeur. Sa famille n’était pas, au départ, des plus pauvres ; mais dans les années mil sept cent quatre-vingt-dix, avec une industrie textile en crise, le métier d’ourdisseur, la peinture des armoiries et les ornements d’église – alors occupations de Félix Desbordes, le père – ne nourrissaient guère leur homme !

La voilà donc partie, aux côtés... >Voir plus
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Une belle voix poétique de femme du début du XIXème siècle ! Peut-être une des premières, essentielle.
Mélodieuse, attentive au sensible, sa poésie est tissée d'émotions, nimbée de nuages de mélancolie.

Lire un poème de Marceline, c'est se laisser bercer par une petite musique, romantique, souvent, mais jamais mièvre ni apprêtée. Les mots s'accordent entre eux avec une infinie grâce toute féminine, les mots d'une femme qui a aimé passionnément, souffert au plus essentiel de son être ( elle a entre autre perdu quatre enfants ).

C'est beau tout simplement.
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Les plus grands en ont parlé : Paul Verlaine en a fait l'un de ses poètes maudits, Baudelaire a célébré « [s]a chaleur de la couvée maternelle » et la considérait comme « la grande soeur des Romantiques », Lamartine lui consacra un poème, Sainte-Beuve écrivit « qu'elle a chanté comme l'oiseau chante, sans autre science que l'émotion du coeur, sans autre moyen que la voix naturelle », et Vigny ira jusqu'à dire qu'elle est « le plus grand esprit féminin de son temps » !

Marceline Desbordes-Valmore, toujours dans l'ombre de Victor Hugo et De Lamartine (poète qu'elle admire par ailleurs). Il est donc naturel que je ne la connaisse pas, ayant à peine entendu parler de Hugo et De Lamartine à l'école, alors vous pensez bien, Marceline Desbordes-Valmore ! Même pas sûre que mon prof de français savait de qui il s'agissait.

Mais pourquoi diable n'en parle-t-on pas plus? Eh bien très probablement parce que c'est une femme et qu'elle écrit comme une femme. Ses poèmes ont pour thème la famille, le sentiment maternel, l'enfance, l'amour, …. des thèmes généralement associés au genre féminin, alors même qu'ils recouvrent une réalité bien plus large. Ce sont en fait tout simplement des thèmes universels, que Victor Hugo lui-même n'a pas hésité à aborder dans nombreux poèmes. Et puis, comme trop souvent en art, les femmes sont considérées comme quantité négligeable par l'establishment, par la pensée dominante. Marceline Desbordes-Valmore elle-même doutera de sa légitimité, elle écrira d'ailleurs un terrible : « Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire » qui me heurte chaque fois que je lis. Dans un poème adressé à Monsieur de Lamartine, elle dira:

Car je suis une faible femme ;
Je n'ai su qu'aimer et souffrir ;
Ma pauvre lyre, c'est mon âme,
Et toi seul découvres la flamme
D'une lampe qui va mourir.

Devant tes hymnes de poète,
D'ange, hélas ! et d'homme à la fois,
Cette lyre inculte, incomplète,
Longtemps détendue et muette,
Ose à peine prendre une voix.

Je suis l'indigente glaneuse
Qui d'un peu d'épis oubliés
A paré sa gerbe épineuse,
Quand ta charité lumineuse
Verse du blé pur à mes pieds.

Un sentiment d'infériorité, profondément ancré en elle, comme c'est le cas pour beaucoup d'entre nous, femmes artistes ou pas. Je pense cependant que les lignes sont en train de bouger. Je l'espère en tout cas, pour nos filles et nos petites-filles, mais aussi pour l'humanité entière. Fin de la parenthèse politique. Retournons à la poésie.

Marceline est proche de nous. Alors oui, c'est une romantique, un courant qui n'est plus trop en vogue aujourd'hui, pour ne pas dire qu'il est complétement démodé. Elle laisse libre cours à ses émotions, à sa sensibilité ; elle parle avec nostalgie de l'enfance, cet âge de l'innocence, du bonheur, cet âge de la perfection, avec ce très beau cri : « Oh ! qui n'a souhaité redevenir enfant ! »

Elle évoque la fuite du temps, dans les poèmes « la fileuse » et « la fileuse et l'enfant », ou encore ses angoisses existentielles :

D'où vient-on quand on frappe aux portes de la terre ?
Sans clarté dans la vie, où s'adressent nos pas ?
Inconnus aux mortels qui nous tendent les bras,
Pleurants , comme effrayés d'un sort involontaire.
Où va-t-on quand, lassé d'un chemin sans bonheur,
On tourne vers le ciel un regard chargé d'ombre ?
Quand on ferme sur nous l'autre porte, si sombre !
Et qu'un ami n'a plus que nos traits dans son coeur ?

Marceline Desbordes-Valmore aborde aussi la perte, celle d'un enfant, de la mère ou d'un amant, de retrouvailles dans la mort. Ses mots sont un baume qui adoucit nos peines et panse nos plaies :

Je suis ta mère : un noeud nous a tenus ensemble ;
C'est l'aimant divisé que l'aimant cherchera ;
La terre ne rompt pas ce que le ciel assemble :
Sous la vie, hors la vie, il nous réunira !

Sans oublier encore le très beau poème « les séparés », « N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire … ».

Le tout s'exprime dans une communion avec la nature, où la poétesse retrouve l'exacte reflet de ses états d'âme. L'eau (source, ruisseau, rivière, puits,…) et les fleurs sont omniprésentes : « Dans les roses peut-être une abeille s'élance : je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs ! »

Mais Marceline est aussi résolument moderne quand elle rapporte les événements qui ont lieu lors de la révolte des Canuts à Lyon en 1834 (probablement la première révolte ouvrière du monde industrialisé), faisant entrer la question sociale dans la poésie. Elle joue alors, bien avant l'heure, le rôle de journaliste :

« Quand le rouge incendie aux longs bras déployés,
Etreignait dans ses noeuds les enfants et les pères,
Refoulés sous leurs toits par les feux militaires,
J'étais là ! quand brisant les caveaux ébranlés,
Pressant d'un pied cruel les combles écroulés,
La mort disciplinée et savante au carnage,
Etouffait lâchement le vieillard, le jeune âge,
Et la mère en douleurs près d‘un vierge berceau,
Dont les flancs refermés se changeaient en tombeau,
J'étais là : j'écoutais mourir la ville en flammes ; »

Son propos va plus loin que la simple et fidèle relation des faits, puisqu'elle le teinte de ses opinions politiques, à l'instar de Victor Hugo quelques dizaines d'années plus tard, clamant « Savez-vous que c'est grand tout un peuple qui crie ! », ou encore :

C'est la faim, croyez-en nos larmes,
Qui, fiévreuse, aiguisa leurs armes.
Vous ne comprenez pas la faim,
Elle tue, on s‘insurge enfin !
C'est la faim, croyez-en nos larmes,
Qui, fiévreuse, aiguisa leurs armes.
Vous ne comprenez pas la faim,
Elle tue, on s‘insurge enfin !

Elle va même jusqu'à certaines revendications, lorsque dans le Cantique des mères, elle n'hésite pas à interpeller la reine et à solliciter sa clémence où elle fait preuve d'un sentiment inédit : la sororité. Ainsi plusieurs fois elle prendra la parole au nom des femmes, au nom de ses semblables, et dénoncera la terrible condition des femmes et des mères en ce XiXème siècle . Comme dans ce choeur de femmes :

Prenons nos rubans noirs, pleurons toutes nos larmes ;
On nous a défendu d'emporter nos meurtris.
Ils n'ont fait qu'un monceau de leurs pâles débris :
Dieu ! bénissez-les tous, ils étaient tous sans armes !

La modernité de Marceline Desbordes-Valmore est présente jusque dans la forme : on est très loin du sonnet classique, des alexandrins, des rimes riches, du vocabulaire recherché. Non ici, on trouve des vers impairs et irréguliers, des rimes faciles ou pauvres, un vocabulaire simplissime (Zweig parlera du « frustre métal de la langue quotidienne »), qui rendent les poèmes très musicaux, certains sont d'ailleurs chantants (et ont été mis en musique). Cette musicalité rappelle la poésie du Moyen-Age, ou, annonce l'avènement de la chanson populaire.

À côté de cette musicalité des poèmes, il faut bien sûr évoquer la place essentielle de la voix dans la poésie de Desbordes-Valmore (il n'est d'ailleurs pas étonnant de retrouver l'un de ses poèmes dans l'anthologie « les voix du poème » de Christian Poslaniec et Bruno Doucey ). Cette voix, celle de de l'ami , celle de l'être aimé, ou celle de la mère est omniprésente :

Si ta marche attristée
S'égare au fond d'un bois,
Dans la feuille agitée
Reconnais-tu ma voix ?

Ou encore

Ciel ! où prend donc sa voix une mère qui chante,
Pour aider le sommeil à descendre sur le berceau ?
Dieu mit-il plus de grâce au souffle d'un ruisseau ?

Une poétesse à découvrir donc. Et à lire avec modération, néanmoins ! En dépit de la beauté et de la délicatesse de certains poèmes, en dépit des mots si doux que MDV pose sur la mélancolie et la perte, il faut savoir ne pas abuser des bonnes choses, au risque d'éprouver un certain sentiment de saturation.
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J'ai une tendresse particulière pour Marceline Desbordes-Valmore, pour au moins quatre raisons: d'abord elle a le même prénom, peu courant maintenant, que ma maman... Ensuite, elle est native du Nord, de Douai, près de chez moi. Et j'aime sa poésie sincère, délicate, d'un romantisme sans mièvrerie. Enfin, quelle vie aventureuse, tour à tour fileuse, comédienne, chanteuse, une vie semée de tragédies personnelles mais aussi de passions fortes, qui vibrent à travers ses vers!

Comme l'a fait remarquer justement Michfred dans sa critique, on ne connaît généralement que quelques textes de cette femme poète, toujours les mêmes :" Les séparés" ou "Les roses de Saâdi" et on la voit souvent comme une " Mater dolorosa" , selon Stefan Zweig, qui lui a consacré une biographie. Ou malheureusement comme une figure plaintive , une pâle copie féminine des grands hommes romantiques, comme Lamartine.

Je ne suis pas d'accord du tout! Elle a écrit tant de poèmes méconnus, exaltant la nature, le souvenir,l'amour et ses tourments, les morts aimés. C'est vrai qu'elle a perdu sa mère jeune, et quatre de ses enfants.Mais on ne doit pas la limiter à cette image de la pleureuse!

Elle a su renouveler le mètre, elle est une des premières à ne plus utiliser uniquement l'alexandrin et le sonnet classique.Elle réhabilite par exemple le vers de 11 syllabes, et bien avant Verlaine ( qui s'est étonné de ce modernisme chez elle), donne un aspect chantant, mélodieux, à ses poèmes, avec des vers en échos, comme des refrains.

" C'est beau la vie
Belle par toi,
de toi suivie,
Toi devant moi!
C'est beau, ma fille,
Ce coin d'azur
Qui rit et brille,
Sous ton front pur !"

Et elle a écrit également des poèmes engagés, notamment elle est une des rares artistes à avoir évoqué la révolte des canuts, qu'elle a vécue en direct.

Elle avait bien conscience de la place secondaire que les femmes de son époque occupaient dans le paysage littéraire:" Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire. J'écris pourtant..."

Tu as bien fait de persister à écrire, très chère Marceline...Il nous reste de toi un parfum de nostalgie pure , celui de l'enfance perdue et retrouvée à travers les étincelles de la mémoire , une envolée de verts frissons, un éclat amoureux intense, un cri universel face aux pertes d'êtres chers, le cri de ton coeur...




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Pourquoi nous fait-on toujours étudier les mêmes poèmes "emblématiques" pour nous faire découvrir les poètes - ou les poétesses- oublié(e)s?

Elève, j'ai détesté Marceline Desbordes -Valmore pour je ne sais quel poème larmoyant et convenu qu'on nous avait infligé...Je la redécouvre sur le tard: une femme simple, triste, sincère, à l'écoute de ses passions et de ses souffrances , mais pour mieux entendre et dire celles de toutes les femmes - comme on reconnaît au bruit d'une fontaine familière le chant de toutes les eaux du monde.

Marceline est une femme selon mon coeur, qui sait et dit la femme avec justesse et force. Dans un monde d'hommes, dans une littérature d'hommes, elle ose faire entendre sa propre voix, sa petite musique.

La nôtre, mes amies, mes soeurs...
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« Notre-Dame-Des-Pleurs »

Ce surnom n'est pas donné au hasard à la poétesse Marceline Desbordes-Valmore. Son existence est une suite de malheur car elle perdit cinq enfants sur les six qu'elle mit au monde.
Après avoir été comédienne, à 33 ans, en 1819, elle publie un premier recueil « Élégies et Romances ». Ses écrits sont essentiellement des poèmes, mais aussi des contes pour enfants, des nouvelles et un roman. Une mélancolie persistante ce ressent dans les vers de cette femme autodidacte.

Connaissant peu cette poétesse, j'ai été frappé de m'apercevoir que la plupart des grands écrivains de son époque l'admiraient et la reconnaissaient comme un des grands poètes romantiques. Leurs mots magnifiques ne pouvaient que troubler la sensibilité de Marceline. Je cite quelques phrases que certains lui consacrèrent :

PAUL VERLAINE
Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement, – avec George Sand, si différent, dure, non sans des indulgences charmantes, de haut bon sens, de fière et pour ainsi dire de mâle allure – la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles en compagnie de Sapho peut-être, et de sainte Thérèse.
Marceline Desbordes-Valmore” - Les poètes maudits de Paul Verlaine

« La plus noble d'esprit, la plus grande de coeur,
Partant la plus charmante et la plus douloureuse
Des femmes, c'est encore le poète vainqueur
Du rythme souple et sûr et de la rime heureuse.

Nous t'aimons et nous te louons, chaste amoureuse,
Toute passion forte et divine langueur,
Poète au verbe plein par cette langue creuse,
Notre muse attendrie en ce vil temps moqueur. »

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE
Madame Valmore s'est fait une place à part entre tous nos poètes lyriques, et sans y songer. Si quelqu'un a été soi dès le début, c'est bien elle : elle a chanté comme l'oiseau chante, comme la tourterelle démit, sans autre science que l'émotion du coeur, sans autre moyen que la note naturelle. (…)
Préface des Poésies, 1842

CHARLES BAUDELAIRE
Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l'expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme.
(…) Elle trace des merveilles avec l'insouciance qui préside aux billets destinés à la boîte aux lettres. Âme charitable et passionnée, comme elle se définit bien, mais toujours involontairement, dans ce vers :
« Tant que l'on peut donner, on ne peut pas mourir ! »
Âme trop sensible, sur qui les aspérités de la vie laissaient une empreinte ineffaçable, à elle surtout, désireuse du Léthé, il était permis de s'écrier :
« Mais si de la mémoire on ne doit pas guérir,
À quoi sert, ô mon âme, à quoi sert de mourir ? »
Certes, personne n'eut plus qu'elle le droit d'écrire en tête d'un récent volume :
« Prisonnière en ce livre une âme est renfermée ! »
- Extrait de la Revue fantaisiste en 1861 - Charles Baudelaire

VICTOR HUGO
Vous êtes, parmi les hauts talents contemporains, quelque chose de plus peut-être qu'une âme ; vous êtes un coeur. Il y a l'âme et le coeur, il y a le monde des pensées et le monde des sentiments. Je ne sais pas qui a le premier et si quelqu'un l'a dans ce siècle, mais à coup sûr vous avez l'autre : vous y êtes reine.
« Ah ! c'est vous que je vois
Enfin ! et cette voix qui parle est votre voix !
Pourquoi le sort mit-il mes jours si loin des vôtres ?
J'ai tant besoin de vous pour oublier les autres ! »
Préface au recueil « Les Pleurs » - Victor Hugo 1833

Extrait de « La Sincère » du Recueil « Les Pleurs » de Marceline Desbordes-Valmore, préfacé ci-dessus par Victor Hugo

« Veux-tu l'acheter ?
Mon coeur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?

Dieu l'a fait d'aimant ;
Tu le feras tendre ;
Dieu l'a fait d'aimant
Pour un seul amant ! »


Si j'avais été Marceline Desbordes-Valmore, j'aurais craqué à coup sûr en lisant tous ces merveilleux compliments contenus dans les lignes de nos plus grands poètes dont je n'ai cité que quelques-uns !

***

Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
Vous aviez mon cœur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un cœur pour un cœur ;
Bonheur pour bonheur!
Le vôtre est rendu,
Je n’en ai plus d’autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu!

La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L’encens, la couleur :
Qu’en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu’en avez-vous fait,
De ce doux bienfait ?

Savez-vous qu’un jour
L’homme est seul au monde ?
Savez-vous qu’un jour
Il revoit l’amour ?
Vous appellerez,
Sans qu’on vous réponde ;
Vous appellerez,
Et vous songerez !…

Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.
Et l’on vous dira :
«Personne !… elle est morte.»
On vous le dira ;
Mais qui vous plaindra ?
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LA VOIX D'UN AMI

Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre
Qui promenait mon âme au chemin des éclairs
Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs,
Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.

Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !

Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux.
Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !

Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
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Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
D'un courage inutile affranchie et lassée,
Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !

Tu grondes ma tristesse, et, triste de mes larmes,
De tes plus doux accents tu me redis les charmes :
J'espère ! ... car ta voix, plus forte que mon sort,
De mes chagrins profonds triomphe sans effort.

Je ne sais ; mais je crois qu'à tes regrets rendue,
Dans ces seuls entretiens tu m'as tout entendue.
Tu ne dis pas : « Ce soir ! » Tu ne dis pas : « Demain ! »
Non, mais tu dis : « Toujours ! » en pleurant sur ma main.
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La Fileuse et l'enfant

J'appris à chanter en allant à l'école:
Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Ils vont les crier au passereau qui vole ;
Au nuage, au vent, ils portent la parole,
Tout légers, tout fiers de savoir des leçons.

La blanche fileuse à son rouet penchée
Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix.
Lorsque j'écoutais, toute lasse et fâchée,
Toute buissonnière en un saule cachée,
Pour mon avenir ces thèmes d'autrefois.

Elle allait chantant d'une voix affaiblie,
Mêlant la pensée au lin qu'elle s'allongeait,
courbée au travail comme un pommier qui plie,
Oubliant son corps d'où l'âme se délie;
Moi, j'ai retenu tout ce qu'elle songeait:

-"Ne passez jamais devant l'humble chapelle
Sans y rafraîchir les rayons de vos yeux.
Pour vous éclairer c'est Dieu qui vous appelle;
Son nom dit le monde à l'enfant qui l'épelle.
Et c'est, sans mourir, une visite aux cieux . (...) (p.104-105)
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LA SINCÈRE

Veux-tu l'acheter ?
Mon coeur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?

Dieu l'a fait d'aimant ;
Tu le feras tendre ;
Dieu l'a fait d'aimant
Pour un seul amant !

Moi, j'en fais le prix ;
Veux-tu le connaître ?
Moi, j'en fais le prix ;
N'en sois pas surpris.

As-tu tout le tien ?
Donne ! et sois mon maître.
As-tu tout le tien,
Pour payer le mien ?

S'il n'est plus à toi,
Je n'ai qu'une envie ;
S'il n'est plus à toi,
Tout est dit pour moi.

Le mien glissera,
Fermé dans la vie ;
Le mien glissera,
Et Dieu seul l'aura !

Car, pour nos amours,
La vie est rapide ;
Car, pour nos amours,
Elle a peu de jours.

L'âme doit courir
Comme une eau limpide ;
L'âme doit courir,
Aimer ! et mourir.
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Videos de Marceline Desbordes-Valmore (50) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marceline Desbordes-Valmore
Avec Diglee, Sophie Daull, Héloïse Luzzati, Laurianne Corneille & Marielou Jacquard
La poésie est loin de n'être qu'une affaire d'hommes ! Avec son anthologie très personnelle "Je serai le feu", Diglee nous emmène dans ce qui a été pour elle un voyage, une épiphanie : la découverte d'un matrimoine littéraire oublié et méconnu d'oeuvres de poétesses, principalement du 19e et 20e siècles. Cinquante femmes, devenues sa famille, dont elle exhume les écrits pour leur redonner une seconde vie. À l'image de l'autrice, la violoncelliste Héloïse Luzzati est une « passeuse ». Avec l'association Elles women composers, regroupant un collectif d'artistes, elle travaille à la réhabilitation du matrimoine musical et à la diffusion des répertoires de compositrices invisibilisées, effacées de l'histoire… Il n'y avait donc qu'un pas pour réunir ces deux univers artistiques en une création originale et inédite réalisée pour la clôture du festival Hors limites 2021, qui a pris la forme d'une lecture musicale dessinée, hautement poétique.
Mis en scène, incarnés et incantés par la comédienne Sophie Daull pour lesquels elle prête sa voix, les vers des poétesses Anaïs Nin, Marie Nizet, Marceline Desbordes-Valmore, Louise de Vilmorin ou encore Claude de Burine (re)trouvent leur correspondance musicale. Alternant entre duo ou trio, la violoncelliste Héloïse Luzzati, la pianiste Laurianne Corneille, et la chanteuse mezzo-soprano Marielou Jacquard jouent ces compositions inconnues de tou·te·s, sous la plume de Diglee qui, quant à elle, dessine en direct et redonne un visage à toutes ces poétesses injustement oubliées. __________ Une coproduction de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, les bibliothèques de Montreuil et Elles women composers Une création réalisée dans le cadre du festival Hors limites 2022 et enregistrée à la bibliothèque Robert Desnos de Montreuil à partir de l'ouvrage "Je serai le feu" (La Ville brûle, 2021) de Diglee. Captation vidéo : Wael Sghaier & Thomas Dudan Production : Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis Crédit photo d'illustration : Charlène Yves
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