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Critique de adtraviata


Pour preuve de son goût du décalé, du pas de côté pour aborder son sujet principal (les femmes), Catherine Deschepper prend la peine de nous rapporter les définitions des mots : kiwi, cendrier et incongru. Effectivement le titre peut paraître incongru mais vous devrez patienter un certain temps pour comprendre ce choix. (Petite preuve supplémentaire s'il en est, l'auteure m'a dédicacé ce livre en écrivant à l'envers…)

La première nouvelle, Etat civil, plante le décor ou plutôt les portraits de ces trois femmes que nous accompagnerons tout au long du recueil (ou elles nous accompagneront, car chaque lecteur/lectrice pourra sans doute reconnaître l'une ou l'autre situation entre les lignes) : Emma, mariée, la trentaine volontairement rayonnante et couronnée de quatre enfants ; Inès, quarante ans, deux enfants, fraîchement et douloureusement divorcée ; Zoé, la célibataire conquérante de cinquante ans, peur de rien et la liberté chevillée au corps.

Nous suivrons donc les trois » héroïnes » à travers des thèmes variés, le corps, l'amour, le sexe, les vacances, les loisirs, le sweet home, l'enfance, le temps. Chacune aborde ces pans du quotidien avec le caractère et la philosophie de vie qui est la sienne. Emma a décidé que sa vie serait digne d'un conte de fées (j'ai souri à chaque fois que son mari est évoqué, jamais autrement que par « le prince ») et elle fait tout pour en préserver les apparences et la réalité, le tout en élevant quatre enfants en bas âge… Inès, récemment divorcée, éprouve toutes les douleurs de la séparation mais veut se relever, se reconstruire et ne plus retomber sur un aussi mauvais numéro que le mari en allé. Quant à Zoé, femme libre, elle attire les hommes, les copines en mal de confidences, les enfants qui reconnaissent en elle l'enfant toujours prête à partager leurs jeux, bref c'est l'amie et la maîtresse idéale.

Vous vous doutez bien que, pour atteindre et réussir ces idéaux, il y a un prix à payer : des compromis interminables, une certaine solitude, l'impression de n'être parfois pas à sa place ou plus prosaïquement, ne plus jamais pouvoir prendre un bain seule, passer beaucoup de temps à pousser sa valise entre deux maisons sur des pavés inégaux ou encore se résoudre à fréquenter les sites de rencontres.

La plume de Catherine Deschepper est trempée dans l'humour et l'ironie. Si elle parle de ses trois drôles de dames à la troisième personne, avec un apparent détachement, et dans un style un peu haché (qui suit en fait la réflexion, les hésitations qu'on peut avoir face au quotidien) (et il est loin d'être inélégant, ce style), on sent bien que ses nouvelles sont nourries d'une observation très fine de multiples femmes, d'introspection aussi, d'interrogations qui hantent la vie des femmes modernes (je n'allais quand même pas écrire des femmes d'aujourd'hui car la psychologie de madame Deschepper est autrement fine que dans un magazine féminin) et aussi d'autodérision. Cela demande de l'attention, pour ne pas perdre une goutte de plaisir. En un mot, c'est passionnant. C'est brillant. C'est jubilatoire. Coup de coeur !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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