Le soleil se levait sur la Meije.
Une lumière froide rasait la roche et lui donnait la teinte d'un caramel. De la poussière de neige, aussi fine que du talc, se glissait dans les anfractuosités de la pierre pour peindre une toile en ocre et blanc. Un monde de pureté, d'une dureté minérale, qui se découpait dans la pulvérulence d'un ciel limpide.
Les blessures les plus profondes sont invisibles. Leurs cicatrices ne saignent pas.
La plus grande des motivations a toujours ses limites.
Le réchauffement climatique poursuivait sa marche inexorable mais en cette fin novembre, les sommets du massif de la Meije, en plein coeur du parc national des Ecrins, étaient recouverts d'une épaisse couche de neige.
Des plaques de neige mouchetaient le sol, tableau en noir et blanc illuminé par les étoiles.
La montagne donne, la montagne prend.
Dans ce lieu isolé, coupé du monde, la solidarité était une valeur essentielle.
Plutôt jolie avec ses traits réguliers et son petit nez retroussé, elle puisait sa singularité dans l'énergie qui l'animait.
Dommage qu'elle n'ait pas plus de temps ou de disponibilité d'esprit pour se consacrer à sa lecture. Quand elle la reprenait, elle devait remonter plusieurs pages en arrière afin de renouer les fils d'une histoire qui lui échappait.
Ils se faufilaient entre les obstacles tels des missiles téléguidés, éclats de couleurs vives tranchant dans la bichromie d'un paysage en noir et blanc.