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4,09

sur 395 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livre découvert par hasard que j ai dévoré.

Je n avais rien lu sur l Iran depuis Persepolis et le sujet m a beaucoup intéressée …

Même si la vie et la répression effroyable décrites en Iran n'étaient finalement pas une surprise, ce témoignage par un occidental quand même un peu perché ( fallait il l être pour tenter un tel voyage ) est malgré tout une claque! Effrayant !
J ai apprécié aussi le style viril, mais teinté d'humour et d autodérision ; clairement, parfois vaut mieux-t-il en rire pour ne pas avoir à en pleurer aurait sûrement dit Beaumarchais.

En attendant, sachons apprécier de vivre en démocratie et efforçons nous de la préserver, telle est la leçon de vie qu on peut retirer de ce livre.
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François-Frédéric Désérable n'a pas froid aux yeux : il s'envole alors que l'Iran est rouge pompier sur la carte du site de la diplomatie française : destination formellement déconseillée.

Courageux ou inconscient, selon le point de vue, l'auteur prend son billet d'avion pour l'Iran, en 2022, peu après le décès de Mahsa Amini, et les grandes manifestations qui s'en sont suivies. Mahsa, iranienne d'origine Kurde a été arrêtée par la police des moeurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ». Elle décédera trois jours plus tard.

Pourquoi partir et prendre autant de risque ? L'auteur veut comprendre ce qui se passe, non pas à distance en lisant les articles des autres, mais en allant sur place se faire sa propre idée. Ce voyage deviendra « L'usure d'un monde ». Dans ce livre nous avons droit à un reportage sur la situation politique du pays, à travers les yeux du narrateur et ses échanges avec la population. Cependant, Désérable n'est ni journaliste, ni reporter, mais romancier. L'usure d'une monde est un récit de voyage engagé, qui fait un clin d'oeil, par son titre et une petite partie de son contenu, à près de 70 années d'intervalle, à son mentor, Nicolas Bouvier, l'auteur de « L'usage d'un monde ».

L'écriture est fluide, facile et agréable à lire. Malgré le caractère grave du sujet, l'ouvrage prête très souvent à sourire. Ce n'est pas la situation politique en Iran qui est drôle, mais bien le style d'écriture de l'auteur, souvent ironique ou sujet à l'autodérision. Ainsi, lors de sa première nuit dans une auberge à Téhéran, il croit que la tenancière le drague, il réalise seulement plus tard qu'elle voulait le prévenir d'un danger : il faut se méfier à qui l'on parle surtout sur des sujets politiques. le livre regorge d'anecdotes, parfois éculé, que l'on ramène à foison lors d'un voyage exotique. Un exemple parmi tant d'autres, a propos de ses péripéties pour prolonger son visa : « le photographe est bien au coin de la rue, seulement, il a son studio dans le sous-sol d'une banque. ».

Mais le sujet est grave, le pays est dirigé par un état islamique intolérant, aux lois moyenâgeuses. Ici les coups de fouets, déjà inacceptable en soi, peuvent mener à la peine de mort.

Si l'auteur parle peu des monuments qu'il voit – on sent bien qu'il n'est pas vraiment ici pour faire du tourisme – il cite avec justesse d'autres auteurs comme Pierre Loti (vers Ispahan) ou encore pour l'histoire du pays, le polonais Ryszard Kapuscinski, qui dit-il en parle mieux que lui. A plusieurs reprise on ressent cette modestie et ce recentrage sur les motifs de son voyage.

La vrai richesse de l'ouvrage ce sont les rencontres, aussi bien avec des iraniens que des voyageurs comme lui. En cela on ressent la comparaison dans le titre avec le récit de voyage très humaniste de Nicolas Bouvier. L'auteur le cite d'ailleurs régulièrement, cela permets d'avoir un aperçu de l'évolution du pays sur sept décennies. Malheureusement ce monde est en déconfiture. Les monuments décrit sont parfois en ruine ou très abîmés mais c'est surtout le politique qui est usé. On y découvre aussi parfois des lieux qui donne envie de faire le voyage, encore faudrait-il pouvoir le faire… en cela l'ouvrage de Désérable est précieux, il nous montre que malgré tout ce que l'on peut critiquer chez nous au moins notre pays a encore quelques valeurs des Lumières et qu'il faut se battre pour préserver cela. Là-bas, la place des femmes et des minorités (Kurde, musulmans sunnites, étrangers...) est peu enviable et ne semble, au vue de l'actualité, pas prête d'évoluer.

L'ouvrage de Désérable est un cri de révolte, le « silence n'est pas toujours porteur d'émois éloquents, mais peut aussi être lâche et coupable et funeste » (p105). le peuple iranien n'a que sa voix pour manifester, Désérable utilises lui la littérature comme moyen pour nous émouvoir. En cela son ouvrage se distingue de celui de Bouvier, c'est un récit engagé témoin des crimes et de la barbarie qui nous invite à nous révolter contre les injustices de ce monde.
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Peu intéressé par le sujet, le livre m'a pourtant passionné. L'écriture est fluide et l'auteur arrive à nous faire sourire en désamorçant des situations graves que nous pouvons alors affronter mais que nous aurions probablement esquivés autrement. C'est une belle leçon et un vraiment beau livre à mettre dans toutes les mains.
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Un voyage en Iran sous la forme d'une collection d'instantanés. On rencontre avec l'auteur les différentes personnes qu'il a croisées. Beaucoup de légèreté et une pointe d'humour chez ce voyageur pourtant confronté à une grave réalité, mais que l'on effleure seulement au fil de ses rencontres.
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Un voyage en Iran retardé à cause de la pandémie s'est transformé en voyage à haut risque lorsqu'à la fin de 2022 François-Henri Désérable prend son vol à destination de Téhéran. En dépit des mises en garde qu'on lui fait en haut lieu, l'écrivain se sent prêt à s'immiscer au sein d'une population encore mal remise de la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme qui manifestait contre le port du hidjab avant d'être arrêtée, emprisonnée et rouée de coups. Un contexte explosif pour le projet initialement prévu de « traverser l'Iran dans la roue d'un écrivain suisse », soixante-dix ans plus tard (Nicolas Bouvier (L'usage du monde).
Quoi qu'il écrive, François-Henri Désérable a le don d'intéresser. J'aime sa prose vive et impertinente qui sert admirablement le récit. Voyager en solitaire comporte son lot d'imprévus et de contretemps, à plus forte raison au sein d'une dictature. Mais le comme le dit si bien l'auteur : « À quoi bon voyager, si ce n'est pour gagner quelques degrés d'indulgence? Chez soi, passé minuit, un vieillard dépenaillé qui soliloque sous vos fenêtres dans une langue incompréhensible, c'est un trouble à l'ordre public; en voyage, c'est du dépaysement. »
L'ouvrage n'entre pas dans un exercice de comparaison entre ce qu'a vu ou vécu Nicolas Bouvier lors de son périple en 1953, bien avant la Révolution islamique de 1979. J'y vois plutôt un hommage à l'écrivain baroudeur et à tous ceux et celles qui osent sortir des sentiers battus pour aller voir ailleurs ce qui s'y passe.
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Un voyage en Iran en novembre 2022, décrivant quelques rencontres au hasard de ce périple mi- touristique mi- politique et rendant hommage aux iraniennes et aux iraniens qui luttent avec si peu de moyens contre la barbarie à visage islamiste. Au-delà du titre du livre, une écriture qui s'inspire avec respect de l'usage du monde de Nicolas Bouvier. Sincère et agréable à lire, mais surtout à considérer comme une invitation à poursuivre la découverte culturelle et sociétale de ce pays. Et à y voyager (ou y retourner) dès que cela sera de nouveau possible.
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J'ai lu ce roman dans le cadre de la sélection pour un prix littéraire. Cette année, le thème du Festival du LÀC (Genève) sera "l'évasion", les romans sélectionnés pour le prix l'accompagnant portent donc sur ce sujet. le 2e livre en compétition est celui de François-Henri Désérable, récit de son voyage en Iran à l'automne 2022 sur les traces de Nicolas Bouvier - écrivain poète voyageur genevois - parti durant 6 mois en 1953 et qui écrivit à son retour "L'usage du monde".


Partir en Iran en octobre 2022 est fortement déconseillé, dangereux, mais voilà, FH Désérable a prévu ce voyage depuis longtemps, a dû le reporter à cause des confinements : le livre de Nicolas Bouvier est sa Bible, il veut suivre ses traces, il se l'est promis sur la tombe de l'écrivain. En Iran, c'est la révolte, Masha Amini est décédée quelques semaines auparavant sous les coups de la police des moeurs pour "port de vêtement inapproprié". le peuple se soulève, "femme vie liberté", "mort au dictateur" scande-t-on dans les rues. Dans ce climat, l'auteur découvre et sillonne le pays. Il fait des rencontres, veut comprendre le peuple iranien et sa culture, mais il faut faire attention à ce que l'on dit, on ne sait pas qui est pour le Régime et risque de dénoncer tout propos jugé dangereux.

Ce récit m'a beaucoup touchée et inspirée. C'est un témoignage concret des évènements en Iran, un hommage au courage des citoyens qui se battent contre l'État Islamique, une dénonciation des aberrations de ce régime depuis 43 ans, une reconnaissance des souffrances de ce peuple. C'est aussi un hommage à Nicolas Bouvier dont l'auteur reprend certaines citations bien que ceci soit surtout un prétexte au voyage. Il m'a cependant donné très envie de découvrir maintenant le récit de Nicolas Bouvier.
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L'auteur entreprend une déambulation en Iran fin 2022 sur les traces de Nicolas Bouvier, grand voyageur, qui a parcouru ce pays en 1954. Un récit de voyage loin des cartes postales dans un pays déchiré, fracturé, tyrannisé par un gouvernement théocratique fanatique.

L'auteur relate des rencontres avec des autochtones plutôt accueillants pour la majorité et d'autres voyageurs. Il fait part de situations inédites, critiques, improbables, dans un pays où il faut être prudent et se méfier de tout le monde, le gouvernement ayant de grandes oreilles qui traînent un peu partout. Hormis les moments où la tension est palpable, il y a aussi des instants amicaux où la bienveillance domine.

Une carte en début du livre trace le parcours effectué par l'auteur voyageur, ce qui permet au lecteur un meilleur suivi de son périple.

Ce récit serait banal si ce n'est le choix du pays où le voyage s'effectue. Je me suis d'ailleurs posée la question, pourquoi l'Iran ? Pour un hommage à Nicolas Bouvier, certes, mais il aurait pu choisir d'autres pays visités par celui-ci. Puis, pourquoi à cette période ? alors que le meurtre de Mahsa Amini est récent et que le pays s'est embrasé. Et finalement pourquoi ce récit ? Je n'ai pas eu les réponses à mes questions.

C'est une lecture qui n'est pas désagréable, mais dont j'aurais pu faire l'économie n'ayant pas eu l'impression d'en apprendre beaucoup plus sur ce pays et ses habitants.

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Malgré les interdictions formelles du ministère des affaires étrangères, l'auteur embarque pour l'Iran, on est fin 2022, l'affaire Mahsa Amini soulève le peuple, c'est dangereux mais il y va quand même.
Il nous raconte le courage d'un peuple, sa colère, mais aussi sa résignation.
Il nous fait voyager avec lui, nous fait découvrir les grandes villes, partage son ressenti, nous décrit le quotidien des habitants, nous parle des rencontres intéressantes qu'il a pu faire pendant la durée de son séjour.
Une lecture instructive.
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La cellule de crise du ministère des Affaires Étrangères appelle monsieur Désérable : impossible de concrétiser votre projet d'aller en Iran, ce pays est sur liste rouge, les seuls français qui y résident et n'ont pas fui devant les dangers d'arrestation et de détention arbitraire, sont en prison. Renoncez.
Au même moment, le vol à destination où se trouve notre héros va décoller.
Dès les premières pages, voici l'humour de l'auteur, le long de son « l'usure d'un monde », pastiche et hommage à Nicolas Bouvier, « l'usage du monde, » qu'il cite en exergue: « Ici, où tout va de travers, nous avons trouvé plus d'hospitalité, de bienveillance, de délicatesse et de concours que deux Persans en voyage n'en pourraient attendre de ma ville où pourtant tout marche bien », et dont il déclare qu'elle est sa Bible.
Plus que ça, il est ensorcelé.
Lire Nicolas Bouvier, c'était prendre la vraie mesure du monde, et prendre la route devient une expérience unique, répétée au fil des années et des pays.
Donc, Désérable voyage jusqu'à Téhéran, en 2022, chose interdite par les Affaires Étrangères, et donc pas couverte par l'Ambassade de France si les choses se gâtent.
Voilà pourquoi : le Covid a assigné à résidence les jeunes qui voulaient justement bouger, et, lorsqu'ils émergent, fin 2021 en Iran, une étudiante iranienne, Mahsa Amini, accusée d'avoir mal ajusté son voile dont personne ne peut discuter l'utilité (car voir un cheveu de femme peut réveiller le désir de l'Homme, qui, lui, est sacré, mais pas la peine d'en rajouter), bref, cette étudiante se fait tabasser, torturer et … tuer.
D'où l'urgent besoin, au-delà de l'inconscience de l'auteur, d'aller voir de plus près.

Pourtant, la peur paralyse et notre voyageur se rend compte de l'audace de celles et ceux qui se sont, à propos d'un voile, affrontées au pouvoir de Khameini.
Oui, oui, j'ai bien dit Khameini, et pas avec un o. Une lettre a changé, mais la dictature religieuse reste inchangée, même les deux barbus paraissent identiques.
Soulèvements inattendus du peuple iranien qui hait le dictateur/ religieux, la peur avec le goût du sable dans la bouche est avalée pour faire place au courage. Car les femmes ont arrêté de porter le voile, elles qui ne connaissent pas vraiment leur ennemi, «  le boulanger qui chaque matin vous vendait une galette de pain, le serveur du restaurant où vous aviez vos habitudes, le chauffeur de taxi, l'épicier, l'employé de banque, votre voisin de palier, et même le jeune gars sympathique », et d'autres, avec une vraie tête «  à vous donner un baiser au jardin des Oliviers. » 
Derrière ces ennemis déguisés, s'agitent les pasdarans, la garde prétorienne du régime musclé des mollahs, car en Iran le religieux règne sur le politique.
Les femmes pourtant tiennent tête sans voile.
La torture y est une tradition depuis le père du Shah et de son père : nous pouvons allègrement remonter jusqu'en 1387, nous dit l'auteur, « quand Tamerlan fit couper quarante mille têtes pour célébrer la prise d'Ispahan ». La torture, au départ pour un prétexte futile, est suivie de comparution devant un tribunal révolutionnaire qui conclue imperturbablement « inimitié à l'égard de Dieu » ou autre, et c'est la mort. Procès, révision du procès, et toujours la même issue : la mort.
C'est dans ce contexte que François Henri Désérable voyage, sans se faire d'illusion. Et produit à son retour un merveilleux petit livre, récit de voyage autant qu'analyse politique, mettant en avant la force de ces femmes et de ces hommes qui osent, au péril de leur vie, s'opposer clairement au pouvoir des mollahs (« prêtres de l'islam chiite, l'équivalent des imams ou des oulémas dans le monde arabe. Des érudits capables d'interpréter la charia ».
Le tout avec un humour se plaçant au-dessus, et une manière rapide de présenter la situation.
Et puis, il y a la beauté de la place immense d'Ispahan, et puis il y a les jardins, lorsque l'on sait que le mot perse veut dire «  paradis ». Et puis il y a les bazars. Et les mausolées, et les nombreux édifices, dont Persépolis, la cité de Darius, mise à feu par Alexandre, et dont les restes de pierre peuvent encore nous émouvoir, ainsi que les pages de Pierre Loti sur le sujet. Et puis la gentillesse de ce peuple martyrisé.
Parmi le noir des tchadors, une poésie s'insinue, à la pensée du courage des iraniens, et aussi, une réflexion sur le fait de voyager : touriste, doux dingue, inconscient, rencontrant sur son chemin plus déterminés que soi ? cherchant une autre culture? ou se cherchant soi ?
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