Mister Big ou la glorification des amours toxiques

[ ...] certaines études démontrent que les enfants ont déjà une opinion quand à certains aspects ayant trait à l'identité ( genre, race) avant l'âge de 5 ans.

Est-ce qu'il serait possible que la fiction ait un impact sur notre façon de vivre les relations amoureuses? Est-ce possible qu'au nom du divertissement on glorifie sans cesse les relations toxiques dans les fictions en prônant que la souffrance est indissociable de l'amour? Et qu'on en vienne nous-même à être confus sur ce qu'est l'amour?

"D'autres vous répondraient peut-être autre chose. pour ma part, je crois que ça peut avoir un impact. Quand je fais des formations en violence conjugale, je parle parfois de la chanson "Hymne à l'amour", d'Édith Piaf. Dans la chanson, on parle de renier sa patrie, ses amis, de faire tout ce que l'autre pourrait demander, donc renier tout ce qu'on est par amour pour quelqu'un. [ ..] C'est un modèle social qu'on nous apprend. Il fait se conscientiser sur les relations toxiques et présenter davantage de modèles sains".

Le but n’est pas de les renier ou de les censurer. Poser un autre regard sur une œuvre que j’ai aimée, pour tenter d’y percevoir des choses nouvelles, des conditionnements ou mécanismes qu’elle a pu me créer a été un exercice vraiment inconfortable, mais c’était important pour moi de le faire. Et j’ai l’impression qu’il est possible de vivre cet inconfort sans pour autant renier ce qu’on a aimé, ni ce qu’on est.

"He's Just Not That into You "[...] un livre qui nous présente une réalité crue et difficile à admettre: Un "happy end" avec une personne qui dès le départ n'est pas intéressé, ou est méchante et égocentrique ou autres, a peu de chances de se produire.

Les victimes de violence psychologique apprennent à se contenter des miettes. À se soumettre à la volonté de l'autre.

Comment tout cela arrive-t-il?

"On apprend très jeune à croire qu'une relation devrait être inégale parce qu'une seule caractéristique, comme le sexe, l'âge ou la couleur de peau, détermine nos rôles sociaux. Tant qu'il y aura des inégalités sociales, et qu'on apprendra à un groupe qu'il est supérieur aux autres, il y aura de la violence.[...]

"Il n'y a pas de profil type de victimes [ de violence conjugale] , m'a appris Johane Turgeon. Il s'agit juste de tomber un jour sur la mauvaise personne. Le problème n'est pas d'aimer quelqu'un, mais ce que l'autre personne fait de cet amour."

Il y a toute sorte de violences. [...] psychologiques, verbales, économiques, physique et sexuelle.

"La violence, dans les relations interpersonnelles, n'est pas facile à cerner, car les moyens pour contrôler les autres contre leur volonté sont nombreux, diversifiés et parfois si subtiles qu'ils seront très difficiles à déceler", écrit Johane Turgeon, psychologue clinicienne et chercheuse spécialisée dans les problématiques de violence, dans son livre "Comprendre la violence dans les relations amoureuses".

Et si les comédies romantiques n'étaient pas si innocentes? Si elles glorifiaient des amours toxiques, nous poussant à percevoir comme romantiques des choses qui ne le sont pas du tout?

J’avais dit que les comédies romantiques sont la pornographie des filles. Je n’avais pas dit que c’était dommageable.

Se pourrait-il que nous soyons désensibilisés aux violences faites aux femmes et que, sans position morale claire, nous trouvions acceptable qu'une femme soit maltraitée dans une fiction, pourvu qu'on lui fasse un beau discours "romantique" final?