AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La liberté ou l'amour (83)

Ces ruines sont situées sur les bords d'un fleuve sinueux. La ville dut avoir quelque importance à une époque ancienne. Il subsiste encore des bâtiments monumentaux, un réseau de souterrains, des tours d'une architecture bizarre et variée. Sur ces places désertes et ensoleillées nous avons été envahis par la peur. Malgré notre anxiété, personne, personne ne s'est présenté à nous.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai vu de loin s'avancer les belles millionnaires avec leur caravane de chameaux galonnés porteurs d'or. Je les ai attendues, impassible et tourmenté. Avant même de m'atteindre, elles se transformèrent en petites vieilles poussiéreuses et les chameliers en ganaches.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai appris, comme il convient, aux vieillards à respecter mes cheveux noirs, aux femmes à adorer mes membres ; mais de ces dernières j'ai toujours préservé mon grand domaine jaune où, sans cesse, je me heurte aux vestiges métalliques de la haute et inexplicable construction de forme lointainement pyramidale.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Le rapport du circuit des hirondelles, des flèches et des serpents volants à la femme aux habits bleu de ciel est comparable au point de conjugaison de trois rayons de soleil réfléchis par des miroirs de métal précieux. Si vous y mettez le doigt, une brûlure circulaire y attachera son chaton indélébile. Mais elle, la femme aux habits bleus de ciel (c'est toujours la même) ? je ne me lasse pas d'en parler et de la déguiser en ayant soin de dissimuler à vos yeux les pinces de homard violet qui lui tiennent lieu de pieds.
Les petits serpents ont sifflé à mon oreille ; j'ai prononcé au hasard deux lettres, les initiales de la femme aux habits bleu de ciel, aux seins nus, aux pinces de homard en guise de pieds.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          10
Au tournant de la rue j'ai rencontré Charles Quint que depuis si longtemps je désirais connaître.
En habit de velour noir il passa près de moi. Dans sa main droite, il tenait un oiseau mort dont je ne pus distinguer l'espèce, une espèce d'appartement, serin ou albatros ; dans sa main gauche, il serrait un minuscule pot de capucines.
Près de moi il dit :
— Le jour où disparaîtront d'un seul coup tes amis ! où d'un seul coup disparaîtra la terre et ce qu'elle porte, hormis toi ! quand tu seras seul on te croira mort ; c'est on qui le sera. L'univers meurt chaque fois que meurt un homme, et il y a beaucoup d'hommes parmi les hommes.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Il y avait une fois un crocodile. Ce crocodile se nourrissait de nageuses en maillot noir et il épargnait les nageuses en maillot rose. Pourtant, que de belles nageuses en maillot noir ! Ce crocodile est aussi un bracelet. Ce bracelet je l'ai donné à la femme aux habits bleu de ciel. En échange, elle m'a donné ses habits. Je l'ai regardée partir toute nue dans la nuit, entre les arbres.

Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Quelques jours après, à la terrasse d'un café, je buvais de l'alcool tout en observant de l'œil droit une femme blanche et rose comme la reine des banquises et du gauche une femme bleu de Prusse, aux yeux brillants, aux lèvres blanches en glace de Venise, qui lisait une lettre écrite sur papier garance. La magie des couleurs qui, pour les peintres, n'est pas encore un lieu commun, tenait dans ma petite cuillère. Je l'avais en effet trempée dans du pétrole de première qualité [...]. Je projetai d'écrire un article sur ce sujet, mais d'un point de vue ésotérique, quand je constatai que la femme de gauche était devenue un joli gigot d'agneau en collerette de Malines. Un homme impassible la découpait. De petits ruisseaux blancs comme le lait et cependant brillants comme le diamant coulaient de la chair tendre et remplissaient une flûte à champagne [...]. Par la grâce du soleil, chacune de ces images virtuelles représentait mon visage et un pied dans son bas bleu foncé de la femme de droite. Le tout grossissait sans se déformer considérablement suivant la croissance du verre et j'observai que ma peau assez agréable à toucher et relativement délicate, grandeur nature, prenait à cette échelle l'aspect d'un acier solide.

In Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Avez-vous la monnaie de ma pièce ? Personne au monde ne peut avoir la monnaie de ma pièce.

In Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Des coups de queue [...] transforment la calme surface où rêvaient des îles à Gauguin et les femmes, étoiles de rêve penchées sur leur propre image, au hublot, œil rouge de paquebot, se demandent quelle passion prodigieuse agite soudain ces ventres blancs d'argent, ces redoutables mâchoires quadruples au palais rouge tendre et ces échines d'une couleur rappelant de pacifiques canapés dans des fumoirs mondains sans se douter que le bâtiment spécialement construit pour leur croisière lointaine a seul réveillé ces monstres aquatiques, sonné à leurs nageoires un désir de voyage et doté leur structure robuste d'une agilité nouvelle pour aller vers des côtes tempérées, glaciales ou tropicales chercher un nouveau butin, quitte à se contenter de l'hécatombe sans honneur de milliers de crevettes rouges dans une eau peu profonde.

In Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00
Un cœur c'est aussi un petit pois qui germera ridiculement, dans la destinée d'accompagner de façon anonyme la dépouille mortelle d'un canard sauvage, sur un plat d'argent, dans une sauce richement colorée.

In Deuil pour Deuil, 1924.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (145) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Robert Desnos

    Où travaille Lucien Desnos, le père de Robert Desnos?

    A la FNAC
    Dans un lycée
    Aux Halles
    Au Bouillon Chartier

    10 questions
    16 lecteurs ont répondu
    Thème : Robert DesnosCréer un quiz sur ce livre

    {* *}