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Citations sur La liberté ou l'amour (83)

4e croque-mort - Deux arbres s'étreignent en secret, une nuit. Au petit jour, ils regagnent chacun le territoire restreint attribué à leurs racines et, peu de temps après, un chasseur s'arrête, étonné, devant la trace de leur déplacement. Il rêve à l'animal fabuleux qui, selon lui, en est l'auteur. Il charge soigneusement son fusil et, toute la journée, arpente la contrée. Il ne tue qu'un corbeau qu'il ne se donne même pas la peine de ramasser. Au soir tombé, le corbeau reprend ses esprits. Il monte haut dans le ciel, étend ses ailes. Le lendemain est jour de brouillard avec un soleil rouge comme une tomate au travers; le surlendemain, jour de brouillard avec au travers un soleil comme un jaune d'œuf étalé et ainsi de suite durant trois mois jusqu'à la nuit perpétuelle. Les paysans mettent le feu à la forêt pour s'éclairer. Des nuées de corbeaux s'envolent.
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Écoutez. La nuit dense laisse jusqu'à mes oreilles parvenir le gémissement d'un enfant martyr torturé par des parents luxurieux, à moins que cela ne soit le cri d'adieu d'un chat angora, embarqué malgré ses miaulements sur un transatlantique à destination lointaine et qui, tandis que le bâtiment longe pour peu de temps encore la côte, salue ses maîtresses sauvages, les chattes accroupies avec les yeux phosphorescents à la place des phares au risque d'induire en erreur les bateaux peu habitués aux récifs de ces parages !
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Navire en bois d'ébène parti pour le pôle Nord voici que la mort se présente sous la forme d'une baie circulaire et glaciale, sans pingouins, sans phoques, sans ours. Je sais quelle est l'agonie d'un navire pris dans la banquise, je connais le râle froid et la mort pharaonique des explorateurs arctiques et antarctiques, avec ses anges rouges et verts et le scorbut et la peau brûlée par le froid. D'une capitale d'Europe, un journal. emporté par un vent du sud monte rapidement vers le pôle en grandissant et ses deux feuilles sont deux grandes ailes funèbres.
Et je n'oublie pas les télégrammes de condoléances, ni la stupide anecdote du drapeau national fiché dans la glace, ni le retour des corps sur des prolonges d'artillerie.


V. LA BAIE DE LA FAIM
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La nuit tombe, une nuit noire et méchante qui les égare des feux mouvants d'une forge aux blêmes lumières d'un homicide océan.
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Tes lèvres font monter les larmes à mes yeux ; tu couches toute nue dans mon cerveau et je n’ose plus dormir.
Et puis j’en ai assez, vois-tu, de parler de toi à haute voix.
 
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La reproduction est le propre de l’espèce, mais l’amour est le propre de l’individu.
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L’étoile du Nord à l’étoile du Sud envoie ce télégramme : “ décapite à l’instant ta comète rouge et ta comète violette qui te trahissent. – L’étoile du Nord. ” L’étoile du Sud assombrit son regard et penche sa tête brune sur son cou charmant. Le régiment féminin des comètes à ses pieds s’amuse et voltige ; jolis canaris dans la cage des éclipses. Devra-t-elle déparer son mobile trésor de sa belle rouge, de sa belle violette ? Ces deux comètes qui, légèrement, dès cinq heures du soir, relèvent une jupe de taffetas sur un genou de lune. La belle rouge aux lèvres humides, amie des adultères et que plus d’un amant délaissé découvrit, blottie dans son lit, les cils longs et feignant d’être inanimée, la belle rouge enfin aux robes bleu sombre, aux yeux bleu sombre, au coeur bleu sombre comme une méduse perdue, loin de toutes les côtes, dans un courant tiède hanté par les bateaux fantômes. Et la belle violette donc ! la belle violette aux cheveux roux, à la belle violette, au lobe des oreilles écarlate, mangeuse d’oursins, et dont les crimes prestigieux ont lentement déposé des larmes d’un sang admirable et admiré des cieux entiers sur sa robe, sur sa précieuse robe. Les étranglera-t-elle de ses doigts de diamant, elle la charmante étoile du Sud, suivant le perfide conseil de l’étoile du Nord, la magique, tentatrice et adorable étoile du Nord dont un diamant remplace le téton à la pointe d’un sein chaud et blanc comme le reflet du soleil à midi ?
Timonières, comètes violette et rouge, timonières du bateau fantôme où guidez-vous votre cargaison de putains et de squelettes dont le superbe accouplement apporte aux régions que vous traversez le réconfort de l’amour éternel ? Séductrices ! La voilette de la violette est le filet de pêche et le genou de la rouge sert de boussole. Les putains du bateau fantôme sont quatre vingt-quatre dont voici quelques noms : Rose, Mystère, Etreinte, Minuit, Police, Directe, Folle, Et coeur et pique, De moi, De loin, Assez, L’or, Le verre vert, Le murmure, La galandine et La mère-des-rois qui compte à peine seize années, de celles que l’on nomme les belles années. En désespoir de cause les squelettes de l’ *Armada livrent combat à ceux de la Méduse.

La haut, dans le ciel, flottent les méduses dispersées.

Avant que de devenir comète l’étoile du Sud à l’étoile du Nord envoie ce télégramme : “ Plonge le ciel dans tes icebergs ! justice est faite – L’étoile du Sud ”.

Perfide étoile du Nord !

Troublante étoile du Sud !

Adorables !

Adorables !
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L’express où la sirène a pris place traverse un pont à l’instant précis où la chanteuse de music-hall le passe en automobile. Corsaire Sanglot, Louise Lame et la chanteuse se désirent en vain à travers le monde. Leurs pensées se heurtent et augmentent leur désir de rencontre en se choquant en des points mystérieux de l’infini d’où elles se réfléchissent vers les cervelles qui furent leur point de départ. Saluons bas ces lieux fatidiques où, faute d’une minute, des rencontres, décisives pour des individus exceptionnels, n’eurent pas lieu. Étrange destin qui fit que le Corsaire Sanglot et Louise Lame se frôlèrent presque sur la place de la Concorde, qui fit que la sirène et la chanteuse passèrent l’une au-dessous de l’autre dans un coin sinistre de la banlieue parisienne, qui fit que moi ou vous, dans un autobus ou tout autre moyen de transport en commun, nous avons été assis face à celui ou celle qui eussent pu servir de lien entre nous, et celui ou celle perdu ou perdue dans nos mémoires depuis des temps et tourments de nos nuits, sans que nous le sachions, étrange destin heurteras-tu longtemps nos sens frustes et compliqués ?
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Le club des Buveurs de Sperme est une immense organisation. Des femmes payées par lui masturbent par le monde les plus beaux hommes. Une brigade spéciale est consacrée à la recherche de la liqueur féminine. Les amateurs goûtent fort également certain mélange recueilli dans la vasque naturelle après d’admirables assauts. Chaque récolte est enfermée dans une petite ampoule de cristal, de verre ou d’argent, soigneusement étiquetée et, avec les plus grandes précautions, expédiée à Paris. Les agents du club sont d’un dévouement à toute épreuve. Certains ont trouvé la mort au cours d’entreprises périlleuses, mais chacun poursuit sa tâche passionnément. Mieux, c’est à qui aura une idée géniale. Celui-ci recueille le sperme du condamné guillotiné en France ou pendu en Angleterre, ce qui donne à chacune de ces émissions et suivant la torture, le goût du nénuphar ou celui de la noix. Celui-là assassine des jeunes filles et remplit ses ampoules de la liqueur séminale que leurs amants laissent échapper sous l’emprise d’une surprise douloureuse quand ils apprennent de sa bouche même la terrible nouvelle. Cet autre, engagé dans un pensionnat d’Angleterre, recueille la preuve de l’émoi d’une jeune pensionnaire quand, étant parvenue à la puberté sans que les maîtresses s’en soient aperçues, elle doit, pour une faute vénielle, recevoir, jupes retroussées et culotte basse, la fessée et les verges en présence de ses compagnes et peut- être d’un collégien, amené là par le hasard, dieu des joies amoureuses. Les fondateurs du club, derniers occultistes, se sont réunis pour la première fois au début de la Restauration. Et depuis lors, de pères en fils, l’association s’est perpétuée sous l’égide double de l’amour et de la liberté. Certain poète a déploré jadis que la société n’ait pas été fondée aux derniers jours de l’ère ancienne. On aurait pu de la sorte recueillir et le sperme du Christ et celui de Judas puis, au cours des siècles, celui de Charles Stuart d’Angleterre, celui de Ravaillac et les larmes corporelles de Mlle de Lavallière sur la route de Chaillot au trot sensuel des chevaux qui traînaient son carrosse et celles de Théroigne de Méricourt sur la terrasse des Feuillants et les spermes admirables qui coulèrent aux années rouges sur les estrades révolutionnaires aussi sûrement que le sang auquel ils se mélangèrent. Un autre regretta toujours la perte du divin breuvage que dut être le Malvoisie dans lequel un duc de Clarence fut noyé.
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Et s'il faut te suivre jusqu'au gouffre, je te suivrai. Tu n'es pas la passante, mais celle qui demeure. La notion d'éternité est liée à mon amour pour toi. Non, tu n'es pas la passante ni le pilote étrange qui guide l'aventurier à travers le dédale du désir. Tu m'as ouvert le pays même de la passion. Je me perds dans ta pensée aussi sûrement que dans un désert. Tu n'es pas la passante, mais la perpétuelle amante.
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