En résumé :
Milieu des années 90. La Yougoslavie s'est disloquée en une multitude de pays indépendants. Les voisins et amis d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui, perclus de haine et de rancoeur les uns pour les autres. Ce qui constituait le grand rêve du Maréchal Tito n'est désormais plus qu'un champ de ruine et de désolation. Vaincue par les forces coalisées de l'OTAN, punie, honnie, humiliée, la Serbie n'est plus que l'ombre d'elle-même. Dans ce chaos d'immédiat après-guerre, Vesko se lance dans un dangereux road trip pour aller chercher son vieux père, Nikola, dans l'enclave serbe de la Krajina dorénavant sous contrôle croate. Seulement, le patriarche, qui n'a jamais quitté ses ruchers, n'acceptera pas de partir sans sa dernière récolte de miel…
Mon avis :
Raconté par l'entremise d'une herboriste fantasque et philosophe, le récit déroule sa partition avec une impeccable fluidité, sans temps morts. Plein d'humour, de rencontres et d'émotions, ce court roman est une bouffée d'air frais empreint de sagesse et d'humanité malgré un contexte narratif lourd où l'horreur des combats et des massacres apparaît constamment en filigrane. Avec beaucoup de pudeur, l'auteur attire intelligemment notre attention sur l'opprobre jetée, parfois injustement, sur son pays d'origine, la Serbie, après ce conflit en plein coeur de l'Europe. La vérité de la guerre est hélas ! rarement blanche ou noire mais bien plus souvent grise…
En conclusion :
Un livre dont on aurait tort de se priver. Nul besoin d'être un spécialiste des Balkans pour en apprécier toute la subtilité tant l'humain est placé au centre de l'intrigue par un auteur dont on perçoit la sensibilité à chaque phrase. Avec
le miel,
Slobodan Despot nous offre un très beau conte philosophique dans un style certes simple mais au sens noble du terme.