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EAN : 9782070142842
128 pages
Gallimard (02/01/2014)
3.88/5   118 notes
Résumé :
En sauvant un apiculteur déraciné, le Vieux, au bord d'une route délabrée par la guerre, Vera l'herboriste ignore qu'elle se sauve elle-même. Pour le comprendre, il lui faudra recueillir l'histoire du fils, Vesko le Teigneux, encore prisonnier de ses peurs. Le voyage épique de Vesko en voiture avec son père, à travers un pays devenu étranger, n'a été possible que par la grâce d'une substance bénéfique, un véritable viatique : le miel. «Chacun de nos geste compte», a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Il était une fois une grande dame, appelée Yougoslavie, qui regroupait sept territoires où tout ne coulait pas de source. A force d'être harcelée par les uns et par les autres, elle finit, dévastée, dans l'affreux bouillon de la guerre civile du début des années 1990.

1995 – Les hostilités sont terminées mais il reste la méfiance, la confusion dans les frontières et les identités, des cicatrices et des rancoeurs vivaces.
Véra l'herboriste, soigne ses patients avec des recettes au miel et des histoires incroyables. Elle soigne le corps et l'esprit. Les siens et ceux des autres. le miel est reconnu depuis la nuit des temps comme remède antibactérien au pouvoir cicatrisant. Il évoque la douceur, la santé, la boisson préférée des dieux. Mais il est devenu rare, parfois même trafiqué.

Déjà au cours de la Deuxième Guerre mondiale, Nikola a choisi la survie et s'est réfugié dans la montagne de la Krajina pour ne pas tomber aux mains des Oustachis. Il a développé des ruches, s'est marié, a été instituteur, a eu deux fils et a, à nouveau, connu la guerre. Son village, enclave serbe en Croatie, est détruit. Les habitants, quand ils ne sont pas tués, doivent quitter leur terre natale et leurs biens. L'un des fils, Vesko, est économiste à Belgrade, l'autre, Dusan, engagé dans l'armée serbe, se retrouve désenchanté et meurtri, contraint de demander l'hospitalité à son frère pour lui et sa famille.

Nikola a assisté à la destruction, à la férocité croate du haut de sa montagne, là où personne ne songe à le chercher. Un jour, il téléphone pour donner de ses nouvelles. Vesko, qui n'a pas participé à la guerre civile, veut aussi prendre ses responsabilités et tente de récupérer son père « en terre ennemie ». La peur au ventre, il s'engage sur les routes avec son vieux passeport yougoslave, rencontre un Russe énigmatique qui lui fournit les laissez-passer nécessaires. « Les hameaux abandonnés défilaient comme en songe. Il s'efforçait de regarder droit devant lui, mais frémissait en apercevant du coin de l'oeil les poutres calcinées et les murs à moitié effondrés, barbouillés de slogans qui semblaient ricaner tout seuls » (p. 82).

Il finit par retrouver Nikola, dans sa cabane, avec ses ruches. Et ses pots de miel aux couleurs d'ambre et de soleil couchant, rangés, étiquetés, manne improvisée d'une nature sauvage et paisible.

Le chemin du retour rend Vesko enragé par la lubie de son père qui a voulu embarquer son miel et donner des instructions à un apiculteur de ses amis pour sauvegarder ses ruches. Encore des frontières à passer et des zones interdites à franchir. Vesko craint le pire, son père est serein. le miel sert de levier à tous les contrôles, les palabres tournent autour de la santé. le nectar fait des merveilles.

Alors que Vesko se sent des envies de meurtre, la route de Véra croise la leur. Là encore, le miel remplit son office de conciliateur. Véra a un besoin urgent du liquide sucré, Vesko un besoin urgent de rentrer chez lui.

Le miel devient un symbole de générosité, de solidarité, d'humanité, de resserrement des liens familiaux, de retour à la nature, de leçon de vie. le périple de Vesko, le retour sur la terre de ses ancêtres, les ravages de la guerre, les retrouvailles avec son père, le désarroi de son frère, sont autant de prises de conscience que vient adoucir le miel dans son oeuvre de pacification.

La formule magique de Véra clôt ce roman aux allures de conte à lire à haute voix à la veillée, à l'école, au bureau : « Chacun de nos gestes compte ».
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Un titre qui m'a attiré, immanquablement…
Un résumé promettant un road movie dans une région de l'Est, le sauvetage d'une herboriste…
Et bien la magie n'a pas fonctionné pour moi. Je n'ai pas accroché du tout à cette histoire, je me suis perdue et je n'ai pas vu l'ombre d'un sauvetage… Les personnages ne m'ont pas touché, je n'ai pas vu l'intérêt de l'histoire de Vera ni en quoi elle a pu être impactée par l'histoire de l'apiculteur…
Bref, j'ai du passer à côté de quelque chose ! Ou pas...
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"Le miel" a le charme des contes orientaux avec une Shéhérazade balkanique, une herboriste qui soigne ses patients avec des histoires et des tisanes médicinales. le narrateur, à qui on a diagnostiqué un cancer du côlon puis une intoxication grave, n'échappera pas à ce traitement peu conventionnel qui mine de rien a des vertus bien plus grandes que celles attendues …
Car Véra ne raconte pas n'importe quelles histoires. Elle raconte des destinées individuelles à résonnance universelle, des histoires d'hommes qui réfléchissent celle récente et douloureuse de l'ex-Yougoslavie, une terre labourée par les guerres où persistent des conflits irrésolus. Si les armes se sont tues, il appartient aux hommes, sommés après la sécession du pays de démêler leur identité ethnique et religieuse, de retrouver leur identité profonde loin des fantasmes et peurs savamment entretenue par quelques journalistes, occidentaux et même d'anciens collègues de bureau parfois.


L'histoire aux allures de fable qui occupe tout le récit est celle d'une famille disloquée suite à l'indépendance de la Croatie : Nikola apiculteur resté sur la terre de ses ancêtres, une enclave serbe, et ses deux fils, Vesko à Belgrade rejoint en catastrophe par Dušan avec femme et enfants pour échapper aux représailles. Mais l'absence du verre du Vieux Nikola au pot des retrouvailles décide cette famille à franchir la nouvelle frontière croate pour ramener le père resté sur ce territoire qui leur est désormais interdit.
Road movie rocambolesque où la traversée de nouvelles frontières, de nouveaux pays se fait d'abord avec le soutien d'un russe un peu étrange mais aussi et surtout grâce à des bidons de miel reconnu pour ses vertus nourrissantes. Ce précieux nectar porte bien ce nom puisqu'il alimente une sorte de cordon humanitaire tenu qui relie les hommes quelque soit leur religion, quelque soit leur origine. Après la politique de la terre brûlée, c'est le genre de récit qui suscite l'espoir de voir repousser sur ces territoires une humanité apaisée et débarrassée de ses rancoeurs et haines.
Mais pour y parvenir, il faut peut-être avoir vécu sur le flanc des montagnes de la Krajina, ancienne enclave serbe au sein de la Croatie. Prendre de la hauteur et dépasser ce qui divise les hommes, à l'image de Nikola, qui en vivant en ermite auprès de ses abeilles sur le Mont Velebit n'a retenu que la substance essentielle aux hommes.


Roman remarquablement bien construit. Avec une plume aussi sombre que légère, Slobodan Despot sait raconter des histoires. A elle seule, l'écriture retient le lecteur captif, saisit toutes les particules d'émotions qui virevoltent dans les airs avec une sobriété efficace.
L'auteur peut également s'enorgueillir d'avoir le talent pour capter la vie d'après-guerre avec une tonalité slave qui épouse parfaitement les contours de ce récit dominé par des sentiments d'abandon, de mélancolie et de fantaisie mêlés. Peut-être parce qu'il est lui-même d'origine serbo-croate.
Très belle découverte.
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Il a coulé en moi avec délice ,ce court roman au titre de douceur ambrée...

Insolite : c'est l'adjectif qui le caractérise le mieux. D'abord dans sa construction , qui me fait penser, par ses récits enchâssés ,aux" Contes des mille et une nuits", où le miel pourrait d'ailleurs figurer. En effet, le livre s'ouvre sur un texte à la troisième personne , et l'on comprendra après qu'il est celui du narrateur , ayant enregistré l'histoire racontée par Véra, l'herboriste, dont il est le patient. Elle-même la tient de Vesko, dit le Teigneux...

Bref, c'est avant tout le périple de Vesko, à travers la guerre serbo-croate, qui s'offre au lecteur. Insolite aussi, ce voyage dangereux, pour retrouver et ramener à Belgrade son vieux père, apiculteur ayant échappé par miracle à la tuerie de son village. Quel personnage que ce Nikola, préférant ses abeilles et et la nature à la civilisation ! Cette prétendue civilisation faite de cruauté et de barbarie, où les êtres d'un même pays d'origine s'entretuent.

Insolite enfin, ce thème du miel, qui, comme le titre le suggère, est au coeur du roman. Et Véra, ce beau personnage énigmatique le laisse deviner au narrateur, il écrit :" Je ne voyais alors dans son histoire qu'une aventure humaine. Je ne comprenais pas encore que c'était surtout pour elle un épisode de la vie des abeilles. Que le miel n'était pas seulement le fil rouge mais encore le héros du récit. "

Le miel comme lien, comme révélateur, comme sauveur...

Un roman étrangement beau, original, d'un auteur suisse né dans l'ex Yougoslavie. A découvrir!



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Le miel sert de laisser passer à deux hommes déchirés par la guerre en Yougoslavie. le père resté en Croatie et le fils bien décidé à le ramener en Serbie. Quel périple! chaque difficulté va être contournée et résolue grâce à un pot de miel. C'est symbolique. C'est sucré. C'est prometteur pour celui qui accepte de le savourer.
Cette histoire est d'une délicatesse, d'une poésie, d'une justesse infinie.
Magnifique histoire ou la puissance de l'amour et de l'attachement entre deux êtres est plus forte que la guerre, ses larmes et son passage destructeur.
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critiques presse (1)
LeFigaro
23 janvier 2014
L'auteur rappelle qui furent ces enfants heureux de l'ancienne Yugoslavie qui ont vécut l'éclatement de leur pays.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Plus de miel parce que plus d'abeilles. Plus d'abeilles, plus de fécondation. Plus de plantes sur terre ! Sauf, peut-être, ces choses qu'on cultive en Hollande sur de la laine de verre et qu'on ose appeler poivrons. Et pourtant, elles sont en train de disparaître. Il y a de ces saisons, on ne sait pourquoi, où les cadres sont presque secs. Enfin, on sait pourquoi. Comme je sais pourquoi je m'essouffle dès le premier étage...
Elle assénait ces vérités avec une concision de médecin légiste.
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En tant qu’instituteur et fonctionnaire, Nikola fut confronté à un choix abrupt : enseigner la haine de ce qu’il était ou disparaître. Il avait une jeune épouse qu’il aimait et un essaim à soigner. Il opta pour la survie. Heureusement pour lui, les patrons du nouveau régime se souciaient davantage d’idéologie que d’administration. Leur incurie et le délitement graduel de l’Etat permirent à Nikola de passer entre les gouttes.

p. 44-45
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Nous nous croyons la seule espèce dotée d'esprit, parce que nous pouvons voir les contours de l'individu humain. L'intelligence du monde nous échappe parce que nous sommes trop petits pour voir ses contours. Comment veux-tu qu'une bactérie dans ton ventre comprenne qu'elle a l'honneur d'être hébergée par un docteur en science économique ?
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L’architecture moderne, et son équivalent politique, le communisme, ont voulu tout standardiser, tout rationaliser – et tout a rapidement fini dans la ruine et la dépression. Si l’on avait mis autant d’énergie et de volonté à satisfaire les gens plutôt qu’à les transformer, nous n’en serions pas à nous entre-dévorer comme des chacals ».

p. 60
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J'ai éprouvé cette vérité dont je n'avais eu jusqu'alors qu'une connaissance abstraite : la réalité change en fonction du regard que nous posons sur elle. Ce regard, miroir de notre âme, est le point d'appui que réclamait Archimède pour soulever le monde. Il a le pouvoir de guérir les maladies, d'apaiser la folie et de juguler la rage lorsqu'il émane d'un être en paix avec lui-même.
C'est une chose de le croire et de le proclamer, et tout autre chose de le voir à l'oeuvre.
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