Citations sur En attendant la neige (21)
J'allais trouver un territoire vierge qui ne serait pas entaché par cette faute, un espace suffisant pour exister, avoir un futur possible.
J'ai besoin de mettre de l'ordre dans ce désordre insensé qu'a été la fin de sa vie. L'ordre d'une sépulture. C'est à ça qu'elle aspirait, à ça qu'elle s'est consacrée pour en finir : être un déchet. elle y a mis toute sa volonté, tout son courage. Je ne veux pas la laisser. Je ne veux pas laisser gagner ceux qui lui font du mal. Lui donner une tombe, c'est au moins la ramener dans la communauté des humains.
page 162-163
Le sommeil fuyait toujours devant moi. Pendant une heure, je le poursuivais, essayant toutes sortes de ruses pour le rattraper, mais il avait une bonne longueur d'avance sur moi. J'étais épuisée.
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... j'essaie de prendre mes responsabilités. Je ne suis pas sûre d'y arriver. La culpabilité, c'est ça que je veux assumer, parce que je suis coupable, même si c'était un accident, c'est moi qui tenais le volant, c'est moi qui ai doublé le camion sous une pluie battante. Si quelqu'un d'autre avait été à ma place, l'accident n'aurait pas eu lieu.
page 84
Le jockey, lui, doit doper le rythme à un temps T, il n'y a pas de place pour les sentiments, seulement pour les sept coups de cravache réglementaires.
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Pauvres morts couchés dans leur linceul verdoyant, ils n'ont pas eu de seconde chance pour se racheter des fautes commises et des violences perpétrées sur ordre.
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Le chagrin est une terre immense. Elle n'a pas de contours, un désert à perte de vue où nous marchons assoiffés sous un soleil aveuglant. Parfois de minuscules oasis permettent un repos illusoire, mais, très vite, il faut se relever, allonger le pas encore et encore malgré l'épuisement, l'air qui s'étiole dans notre poitrine, le corps qui souffre .
Le silence était total, aucun pépiement d'oiseaux, aucun souffle dans les branches des sapins. Juste ce soleil aveuglant qui dardait ses rayons sur les cristaux de neige.
La neige tombait. Elle s'appliquait cette fois-ci. En l'espace de quelques heures, elle avait enseveli le vert des prés, les champs piquetés de tiges, les branches des arbres presque chauves maintenant. Comme si, d'un grand coup de gomme, elle avait décidé d'effacer les couleurs et les contours du paysage, de réduire le monde à un désert blanc. Elle avait commencé son entreprise d'escamotage au milieu de la nuit dans le plus grand silence, et je l'avais sentie se poser avec des ruses de Sioux sur les pentes du toit comme un gros molleton douillet.
Pour éloigner les pensées parasites, le jardinage est une activité parfaite. Le corps devient une petite machine disciplinée qui exécute les ordres, le cerveau est uniquement occupé à lui dicter ce qu'il doit faire : bêche ici, enlève les mauvaises herbes là, ratisse à cet endroit.