AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'homme de la scierie (22)

Le soleil était vif. Aux confins de la vallée (où se perdaient vers le nord la forêt de Cize et, vers l'est et l'ouest, tant de blés purs), chaque détail demeurait aussi précis que les cailloux du chemin autour des pieds d'Henri. Il y avait des vols de perdrix, de corbeaux, de pigeons et de hérons presque invisibles, mais qui ressemblaient à de petites lumières allumées et très vite éteintes dans l'espace.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre IX : MARAIS ET COLLINES ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 2020 — page 154]
Commenter  J’apprécie          210
Toute sa vie était ainsi : des moments de hâte violente et puis la douceur et le rêve.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — page 247 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
Commenter  J’apprécie          150
Au bord de la route, des fleurs se multipliaient dans l'herbe pauvre, et Chalfour s'étonnait de l'éclat des marguerites. Il apercevait des insectes qui voyageaient au milieu des herbes et au-dessus des herbes : moucherons, sauterelles, faucheux. Lui-même ressemblait à un faucheux embarrassé par le fardeau de son corps, comme le ciel aussi par l'illustre poids du soleil.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950, page 155 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020]
Commenter  J’apprécie          140
Henri gagna le pont de Caunes. A ce moment, il eut l'impression que durant toute sa vie il tournerait autour de ce pont. Le pont serait toujours présent comme la brouette, comme les étoiles et les chants du grillon, comme ce sentiment inapaisable de se trouver parfois dans une cave avec le désir de dévorer toute la lumière du ciel.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950, Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre III : CHEZ SEMIGANT — page 55 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 63]
Commenter  J’apprécie          132
La vallée ! Ses mille chemins, ses penchants couverts de prés, de bois, de cultures. Vers le sud l'immense plateau ondulé qui sépare la Seine de l'Yonne, et où les nombreux villages se perdent dans l'étendue. Il y avait ces futaies et ces halliers sans fin dans une région de marécages où Eléonore aimait faire de longues promenades, où elle avait rencontré Dufard au temps de sa franche jeunesse. Comment une campagne si vaste n'aurait-elle pas abrité tant d'événements, dont l'aventure d'Henri Chalfour n'était qu'un mince épisode ? Il avait tué Jarnicot et l'on savait aussi qu'il avait eu un enfant avec une fille de bonne famille, Rosine Villiers, qui s'était mariée à Troyes.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Deuxième partie : QUAND NOUS NOUS REVEILLERONS, Chapitre IV : QUAND S'EST TISSEE LA TRAME, page 265 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020 — page 277]
Commenter  J’apprécie          100
Des hauteurs de Marcoux, elle voyait la profondeur sans fin des marais, les taillis et les bois de peupliers qui environnaient la Seine… Eléonore entreprit de visiter les marais avec leurs chemins peuplés de ronces, de cornouillers, de merisiers et de pruniers sauvages. Malgré sa robe longue qui l’embarrassait, elle pénétrait dans ces halliers qui couvraient parfois deux à trois hectares. Après des heures de marche difficile, elle parvenait à de curieuses clairières que personne ne visitait.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard, 1950 — Deuxième partie : QUAND NOUS NOUS REVEILLERONS, Chapitre II : D'AUTRES HISTOIRES, page 228 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 2020 — page 240]
Commenter  J’apprécie          90
Le plus désagréable dans l'aventure de Chalfour c'est que les copains et les gens du village s'obstinaient à le considérer comme un mort ou un déterré, ce qui n'était pas tout à fait inexact mais discourtois. Il fut sensible à ces manières imbéciles, et il se répétait souvent qu'on verrait ce qu'on verrait, et il priait tout de même le ciel de ne pas permettre qu'il soit tout à fait mort. La vallée était magnifique en ce mois de juin. Quoi donc pouvait arriver encore ?

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 2020]
Commenter  J’apprécie          80
Il y avait eu ces courses folles le long des quais de Nogent. On se baignait dans les roseaux. Garçons et filles étaient nus. Qui le savait ?

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre I : MORT LE 14 JUIN ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 15]
Commenter  J’apprécie          80
[AVANT-PROPOS]

« Il y a des noms et des phrases qui vous reviennent comme des refrains dans les chansons ».

"Les rues dans l'Aurore" [1945] et "L'Homme de la scierie" [1950] sont les deux romans phares de la manière du « premier » Dhôtel, que l'on pourrait dire noire — dans cette veine on citera "David" [1948], "Le Plateau de Mazagran" [1947], "Les Chemins du Long voyage" [1949], "Bernard le Paresseux" [1952] , par exemple. L'un de ces deux romans, pour ainsi dire devenus mythiques, "L'Homme de la scierie" est aujourd'hui, enfin réédité par les jeunes éditions Sous le Sceau du Tabellion.

Georges Leban, le héros des "rues dans l'Aurore", est un menteur à la manœuvre dans une bourgade de moyenne importance flanquée d'un faubourg qui ne cesse de s'agrandir et où, dans l'arrière-salle de bistrots et d'épiceries dignes des fonds de province et des derniers cercles de l'enfer, se fomentent des intrigues torses qu'éclairent les mensonges de Leban et la chevelure blonde à mèche blanche d'une fille qui serre le cœur à force d'être morte et d'apparaître vivante.

Construit sur un flash-back époustouflant — une première en 1950 dans le roman français — "L'Homme de la scierie" brouille les temps et les lieux : il débute dans une scierie des bords de Seine avant d'émigrer en Normandie dans le château d'Asqueville, face à la mer. On dira que se croisent l'histoire des Joras et des Chalfour.

Les frères Chalfour sont des gens de peu. L'aîné, Henri, à la force herculéenne, s'abrutit à trimballer des planches dur un chantier, admiré par les seuls oiseaux de proie qui tournant dans le ciel au-dessus de la scierie. Le cadet, Rémi, un paresseux, trafique dans l'espoir de monter un élevage de chevaux.

Les Joras : de grands propriétaires. Hector fume sans broncher d'énormes cigares « qui le font atrocement pâlir », Alcide est un casse-cou qui sort en mer par gros temps. Et puis il y a la sœur, Eléonore, « la fille Joras », sauvage et chaude, dont on se demande par quelle lubie elle a épousé Damont, qui se promène dans les champs en faisant des moulinets avec une canne à pommeau d'or, tout en se vantant : « La mer ne peut noyer un fat tel que moi ». Et que dire de la comtesse de Falebert, qui a des visions ?

Le fin mot ? Il faut le demander au marchand de chevaux. Mais il est au fond du fleuve et le lecteur dans tous ses états.

De même que "Le Village pathétique" [1943] est articulé sur le chant de la grive — trois brèves, deux longues — "L"Homme de la scierie" s'appuie, lui, pour reprendre haleine, sur deux refrains lancinants : « Qui le savait ? » et « Le marchand de chevaux est au fond du fleuve ».

Patrick REUMAUX

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 2020, 432 pages]
Commenter  J’apprécie          70
Il se rendit à la scierie alors que le chantier demeurait encore désert. Ceux d'entre les ouvriers qui habitaient Nogent mangeaient dans le hangar au bord de l'eau. Pourquoi Chalfour avait-il une maisonnette à Caunes, au lieu d'habiter Nogent ? Les hasards de la vie... Il reprit sa brouette.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — PREMIERE PARTIE : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre I : MORT LE 14 JUIN ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 426 pages, 2020 — page 23]
Commenter  J’apprécie          70




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (15) Voir plus



    Quiz Voir plus

    le pays où l'on n'arrive jamais

    Quel est le nom du personnage principal ?

    Hèlene
    Gaspard
    Lou
    Gérard

    3 questions
    9 lecteurs ont répondu
    Thème : Le Pays où l'on n'arrive jamais de André DhôtelCréer un quiz sur ce livre

    {* *}